Les Amazones de la République

lui – un pèlerinage sur mesure, sur les hauteurs d’une improbable bourgade nommée Solutré ! À elle seule, cette ascension fut pour son guide le plus beau piège à filles de la Cinquième !

Chapitre 1
Homo politicus
    Vient la théorie. « Parce que même à terre, battus, laminés, ils se remettent toujours en selle et rajeunissent après une défaite, les hommes politiques, quand ils atteignent le sommet, sont des êtres à part : la séduction est leur moteur et les femmes, leur adrénaline. » Éminente observatrice de la vie politique depuis plus d’un demi-siècle, Michèle Cotta connaît mieux que quiconque ses biorythmes. On dit que tous les grands hommes politiques – de Giscard à Mitterrand, en passant par Chirac ou Sarkozy – ont une musique vocale qui les dénonce ; or cette journaliste, qui parle d’or, pourrait être, à elle seule, l’interprète de leurs émois ou de leurs mensonges. À regarder passer ainsi l’histoire, on en visite bien plus que les coulisses… Et, à fréquenter cercles, bureaux d’esprit, sociétés ou clubs depuis l’Ancien Régime, on parvient mieux que quiconque à décoder les mœurs d’un personnel politique incapable de résister au charme féminin.
    Quelle journaliste politique, un brin sémillante, n’a pas été la cible d’un ministre lui chuchotant de piquantes propositions dans les coursives de son ministère ? Quand d’autres tentaient de leur arracher un baiser ou plus encore dans un ascenseur entre deux étages. Ainsi de DSK, à qui l’on réservait l’un des deux ascenseurs de France Inter. De crainte qu’il perde son sang-froid en présence d’une journaliste faisant le trajet à ses côtés, entre le rez-de-chaussée et l’étage des studios, on le faisait voyager seul. L’ancien directeur de cette station, Frédéric Schlesinger, fit passer la consigne dans les étages…
    N’est-ce pas là, dans l’inconscient collectif d’une classe politique en érection, la rançon d’un bon plaisir, qui s’inspirerait de l’exemple venu du plus haut sommet de l’État ? Car n’en doutons pas : la sexualité débridée de notre classe politique est à l’image de l’érotisation de la fonction présidentielle, dont elle s’inspire. L’habit fait ainsi le moine : François Hollande – le « Flamby » des Guignols de l’info de Canal + – s’est immédiatement vu épingler les attributs d’un « chef de guerre », cuirassé de la tête aux pieds, le jour où nos troupes sont entrées au Mali. Tandis que les sacristains de son église le gratifiaient en privé d’une réputation de picador capable de chasser la gazelle à la nuit tombée : un séducteur dans l’âme, lui encore ?
    Â«Â Voyez l’histoire, écrit le journaliste Philippe Alexandre, combien de destins éblouissants, du général Boulanger à Paul Reynaud, se sont fracassés sur des coups de foudre qui ne feraient même pas un mauvais roman. » DSK, dont le piège à souris aurait dû être breveté, aurait évidemment ajouté son nom au fronton de l’Élysée s’il avait eu à ses côtés un bon accordeur de nerfs qui l’empêche de culbuter une femme de chambre new-yorkaise, un jour de mai 2011.
    La politique, ce confort. L’ Homo politicus a cela de particulier et d’égotique qu’il est inutile de lui demander ce qu’il est, puisqu’il « est », par essence. Or ce label le crédite, d’emblée, aux yeux de gourgandines forcément conquises, non seulement par une intelligence largement supérieure à la moyenne, mais également par un sex-appeal assuré, dont les effets sont proportionnels au rang qu’il occupe sur l’échelle de Richter de la République. Taureaux et taurillons de l’hémicycle, du Sénat et des différents palais et enceintes de la République se partagent ainsi le corral, en fonction de leur pedigree…
    Placez une brochette de mâles politiques autour d’une table et lancez-les sur le sujet, le résultat est immuable.
    C’est ainsi qu’un