Les Amazones de la République
confondante.
« Ãa alors, je nây aurais jamais pensé ! Câest très ingénieux, votre trouvaille », glissa ainsi un matin, Jacques Chirac, face à celui qui se félicitait dâavoir mis au point ce quâil qualifiait lui-même, gonflé de fierté, de « combine extraordinaire ! » Si ce nâétait un président de la République en puissance discutant avec lâun de ses collaborateurs, on eût cru à un numéro de duettistes, répétant un spectacle pour une scène de café-théâtre.
Parmi toutes les missions quâeut à effectuer Jean-Claude Laumond figurait en effet lâorganisation des déplacements de celle qui devait accompagner, ou rejoindre son patron sur son lieu de villégiature. Ou, à défaut, dans la ville où il devait se rendre, lors dâune visite officielle.
Câest ainsi que, faisant appel à leurs réseaux, le chauffeur de Chirac et ses officiers de sécurité dénichèrent au sein dâAir France, par lâentremise notamment du service des voyages du RPR, quelques contacts informés de la vie privée des pilotes de cette compagnie aérienne. Si bien que ces sources leur indiquaient quel commandant de bord, sur quel vol et à quelle date, roucoulait avec telle hôtesse ou chef de cabine. Un travail dâorfèvre.
Une fois ces détails réglés, la journaliste, discrètement embarquée, prenait dans lâhôtel où séjournait Jacques Chirac la chambre réservée à lâhôtesse de lâair. Ni vue ni connue : le nom de la journaliste nâapparaissait sur aucun listing, ni registre de lâétablissement hôtelier, celle-ci ayant tout simplement emprunté et lâidentité et la chambre dâune hôtesse de lâair coulant le parfait amour dans les bras de son commandant de bord. « Ãa fonctionne là -dedans », semblait dire Chirac en fixant le crâne de son chauffeur, qui lui détaillait avec gourmandise son chef-dâÅuvre. Gabon, Côte dâIvoire, île Maurice, Guadeloupe, île de la Réunion, Martinique⦠Un grand nombre dâhôtesses de lâair de différentes compagnies aériennes ont ainsi eu tout le loisir de passer leurs nuits, lors dâescales dans ces différents pays ou départements, dans les bras de leur amant pilote de ligne. Parce quâun dirigeant politique de haut rang, en goguette, flirtait, incognito, avec une journaliste discrètement emmenée dans ses bagages, lâespace dâun break.
Sacré Laumond ! Jamais à court dâimagination. Entre mille anecdotes et mille initiatives tout aussi désarmantes, celle-ci, encore, qui offre un autre moment de détente. Ãprouvant pour son chauffeur une connivence complice, Jacques Chirac lui laissait entière latitude. Câest ainsi quâil lui prit un jour lâidée de faire acheter par la Ville de Paris un minibus aux vitres teintées. La présence de ce véhicule aux allures de corbillard dans les cortèges officiels de Jacques Chirac avait un but relativement précis. Positionné au cÅur même du cortège officiel, composé dâune flottille de berlines, ce van permettait à Jacques Chirac, qui sây engouffrait fréquemment, de rejoindre à lâoccasion et en toute discrétion, une journaliste, à laquelle il lui arrivait de rendre quelques hommages.
Suivie de son véhicule officiel, conduit par Jean-Claude Laumond, cette garçonnière ambulante terminait le plus souvent son trajet dans une cour de préfecture. Là où Jacques Chirac, requinqué, changeait alors de fiacre et regagnait sa berline. Avant que le cortège ne redémarre sous les yeux dâun entourage aveugle et muet.
Chez les Laumond, de quoi parlait-on le soir à lâheure du dîner ? Intarissablement, interminablement des péripéties de la journée écoulée. Lâhomme à tout faire de Chirac disait sâarracher les cheveux â quâil aurait un jour dâune blancheur de neige, se lamentait son épouse, aujourdâhui disparue â à lâidée dâorganiser par le menu le déplacement en province du lendemain. Ce qui revenait à entrer en clandestinité. Câest ainsi quâil lui avait été donné, notamment, pour consignes
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