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Les Amazones de la République

Les Amazones de la République

Titel: Les Amazones de la République Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Renaud REVEL
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privées du président de la République.
    Â«Â Monsieur, il faut que je vous parle », lança Jean-Claude Laumond à son passager, une fois passé le portail d’entrée de l’Élysée. — Qu’est-ce qu’il y a encore ? — Nous avons un petit problème, monsieur, se risqua l’intéressé, d’une voix mal arrimée, mais je ne sais pas comment vous le dire… — Allez-y, filez à l’essentiel ! », coupa celui qui s’impatientait, car son portable gémissait : son prochain rendez-vous galant qui piétinait de l’escarpin…
    Â«Â Vas-y, toi ! » : s’adressant à l’officier de police assis à côté de lui, le chauffeur, devenu un paquet d’os en liquéfaction, préféra l’esquive. « Ah non, ce ne sont pas mes affaires ! », répliqua le pandore, tout aussi congestionné. « Qu’on en finisse !, s’agaça alors Chirac, qu’est-ce qui se passe ? — Eh bien, monsieur, croyez-moi, c’est une erreur que de prendre la voiture dans la cour. — Ah oui ? Et dites-moi pourquoi ? »
    Prenant son courage à deux mains, Laumond expliqua à Jacques Chirac que, lorsqu’il prenait ainsi la voiture, sans raison apparente, en milieu d’après-midi, son épouse semblait le surveiller : « Chaque fois, elle est là. Et ce sont vos gendarmes qui m’en ont averti. Non seulement, je me devais de vous le dire, mais je pense, monsieur, qu’il serait plus sage que je vous prenne désormais de l’autre côté de l’Élysée : côté cuisines. — Vous avez raison, Laumond, ce n’est pas idiot. Désormais, nous ferons comme ça. » C’est ainsi que les deux compères partirent de ce jour en catimini dans les rues de Paris, en s’engouffrant dans la berline élyséenne, discrètement stationnée dès lors dans la partie de l’Élysée où se trouvent les dépendances. Ce souterrain, qui mène au garage du Château, donne en fait sur la rue du Cirque : c’est encore aujourd’hui une sortie discrète qu’emprunta longtemps Louis Napoléon Bonaparte, quand il rejoignait, furtivement, l’une de ses maîtresses, qui habitait dans un immeuble alentour. Lorsque Camille Pascal, jeune conseiller de Nicolas Sarkozy, prit ses fonctions, au printemps 2011, Franck Louvrier, le directeur de la communication de l’ancien chef de l’État, lui indiqua ce fameux souterrain qui permettait des échappées discrètes : galantes ou non. Combien de nymphes ont emprunté, incognito, ce boyau, que visitèrent également, discrètement, quelques journalistes de passage, ces vingt dernières années ? Un certain nombre, si l’on en croit les plus anciens parmi les huissiers de l’Élysée, qui pourraient en dresser la liste, s’ils n’étaient tenus au secret.
    7 . Le Temps des esclaves , La Table ronde, 1971.

Chapitre 31
Air Chirac
    D’ordinaire d’une grande simplicité, cette organisation prit au fil des mois un tour de plus en plus cadré. Si aucun décret ne régissait la vie privée de Chirac, c’était tout comme : car tout semblait suivre un ordonnancement parfait. S’attachant à ne commettre aucun impair, il fallait à Laumond séparer, de la manière la plus étanche possible, ce qui relevait de la sphère strictement familiale des Chirac de celle plus intime de son patron : une simple erreur d’étiquetage ou d’aiguillage et c’eût été le drame.
    Telle une pièce de théâtre, aux décors en trompe l’œil et portes dérobées, la double vie du maire de Paris, et plus tard du président de la République, ressemblait ainsi à une scène de boulevard. Certains des subterfuges, parmi un arsenal, imaginés par Laumond et la sécurité rapprochée de Chirac, prirent parfois un caractère totalement vaudevillesque. Jusqu’à décourager Feydeau lui-même, qui n’aurait osé les signer, tant certains de ces stratagèmes, destinés à tromper la vigilance de l’ensemble de la famille chiraquienne – au sens politique et civil du terme –, furent parfois d’une grossièreté

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