Les Amazones de la République
achevée, Chirac lui lança : « Câest celle-là que je veux ! »
Sâexécutant, le fonctionnaire refit sa valise et déménagea quelques portes plus loin. Tandis que, faisant le chemin inverse, Jacques Chirac sâinstalla dans la chambre quâil sâétait finalement attribuée. Perplexe et pris soudainement dâune légère panique, Laumond, qui avait fait quelques stages au sein dâune unité antiterroriste, passa au peigne fin la pièce délaissée par Jacques Chirac. Imaginant les scénarios les plus abracadabrants, il inspecta les lampes, chercha des micros cachés dans les encoignures de porte ou dans les toilettes⦠Rien. Il examina, également, son téléphone portable, afin de vérifier si celui-ci était susceptible dâêtre parasité par un système dâécoute : rien non plus. Son enquête achevée, il décida finalement dâaller se coucher, tout en laissant sa porte entrouverte, de manière à garder un Åil sur le couloir qui menait à la chambre de celui qui était encore, à lâépoque, maire de Paris.
Et câest au bout dâune vingtaine de minutes quâil entendit la porte de lâascenseur sâouvrir : de la cabine en sortit une jolie silhouette blonde, qui se faufila dans lâentrebâillement de la porte de Jacques Chirac. Après une rapide enquête, Laumond comprit que son patron sâétait tout simplement trompé : il avait donné à cette jeune femme un autre numéro de chambre. En lâoccurrence, celle que devait occuper son chauffeur, et non la sienne. De ce jour, Laumond donna pour consigne de ne plus jamais le loger au même étage que son incontrôlable matador.
Des vertes et des pas mûres⦠Mais rien qui ne sorte de lâimagination muselée dâun homme, qui mit immédiatement un frein à ses souvenirs lors de sa rencontre avec lâauteur, quand affleuraient des anecdotes plus graveleuses, dont il tut pudiquement les détails. « Et Dieu saitâ¦Â », murmura-t-il
Restaient celles qui déclenchaient chez lui des rires volcaniquesâ¦
« Dès que Chirac apparut sur le pas de la porte, une enveloppe à la main, jâai enfilé ma veste », se souvient ainsi notre homme. Il lui fallait déposer ce jour-là , toute séance tenante, une lettre à une journaliste dâun grand hebdomadaire, sur laquelle Jacques Chirac, alors Premier ministre, avait jeté son dévolu. Laumond, qui se rendit au domicile de cette journaliste politique, trouva porte close. Si bien quâil glissa lâenveloppe sous le chambranle de la porte. Avant de lâexpédier « dâune pichenette », de lâautre côté de la cloison.
Sitôt revenu à la mairie de Paris, Chirac lâalpagua : « Dites-moi Laumond, vous avez bien déposé la lettre où je vous ai dit ? Car la personne en question nâa rien reçu. â Bien sûr, monsieur, comme vous me lâavez demandé, jâai glissé lâenveloppe sous la porte et jâai fait une pichenette ! â Mais quâest-ce que vous appelez une pichenette  ? », interrogea Chirac, qui prit une chaise et sâassit, intrigué : lâhomme avait parfois une capacité inouïe pour sâarrêter sur des points de détails qui auraient plongé le premier venu dans un ennui abyssal. « Eh bien, monsieur, vous mettez lâenveloppe sous la porte et â clac ! â, vous lâexpédiez de lâautre côté ! » Payé au mot, un scénariste nâaurait pas fait fortune avec un tel récit. Chirac, qui semblait, quant à lui, vivre pleinement la scène, sâétonna que sa missive ait pour autant disparu. Jusquâà ce que son téléphone sonne et que la journaliste lui dise quâelle avait finalement retrouvé son petit mot doux sous la moquette : expédiée telle une catapulte par lâindex de notre facteur, elle avait momentanément disparu. Chirac, soulagé, raccrocha et se retourna, hilare, vers son coursier : « Laumond, regardez-moi bien ! Désormais, plus de pichenette ! »
Quand, dans la nuit du 31 août 1997, Henri Paul, le chauffeur de Lady Diana et de son compagnon, Dodi al-Fayed, filait Ã
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