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Les amours blessées

Les amours blessées

Titel: Les amours blessées Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jeanne Bourin
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les mémoires, chacun le considérerait alors de tout autre façon. Jean de Pray le premier l’adulerait. Nous n’en étions pas là.
    — Cassandre ! Venez, mon enfant. Je veux vous présenter plusieurs amis charmants !
    Fendant la foule, notre tante Antoinette parvenait jusqu’à nous. Elle rendit à Pierre et à son cousin leur salut, me prit le bras, m’entraîna loin d’eux.
    Son fard blanc coulait sous l’effet de la chaleur, de l’animation, des sucreries et des coupes de vin doux absorbées.
    — Ma chère petite, je vous ai sauvée d’un grand danger, me glissa-t-elle à l’oreille. Votre mère a entrepris de se mettre à votre recherche. Elle désire rentrer. Heureusement, elle a été arrêtée par une fieffée bavarde qui ne la lâche plus.
    Elle me pinça le gras du bras.
    — Lequel de ces deux garçons est votre amoureux ? Celui qui ressemble à l’Amadis de Gaule en personne ou le gentilhomme aux yeux bleus ?
    — Le second. C’est un poète vendômois de grand avenir, chuchotai-je pendant que nous pénétrions toutes deux dans la première salle qui bourdonnait d’autant de jacassements que celle d’où je venais.
    — J’aurais, me semble-t-il, préféré quant à moi l’Amadis, remarqua d’un air averti l’ancienne belle. Il est brillant comme un papillon. Avec celui que vous avez choisi, la chose amoureuse doit prendre trop d’importance, comporter trop de résonances… J’ai toujours préféré les hommes légers à ceux qui ne l’étaient pas. Pour moi, l’amour n’a jamais été rien de plus qu’un divertissement. Je me suis toute ma vie méfiée des passionnés…
    Nous parvenions près d’un groupe où se trouvait ma mère.
    — Vous voici enfin, Cassandre. Où étiez-vous donc ?
    — J’étais avec Catherine et ses amies…
    Tante Antoinette ne broncha pas. Mon histoire excitait son imagination et devait lui en rappeler bien d’autres.
    Le lendemain matin, elle me fit appeler dans sa chambre prétendant me montrer des bijoux qu’elle me destinait. Ce n’était qu’un prétexte. Elle en revint rapidement au sujet qui l’intéressait. Elle me dit avoir été mise en garde contre Ronsard par ma mère d’une façon qui ne lui avait pas plu.
    — Françoise est un peu trop austère à mon goût, me confia-t-elle ensuite. Bien que je l’aime beaucoup pour ses nombreuses qualités, je la trouve cependant par trop dénuée de fantaisie. Vous me paraissez plus proche de moi. Je ne vous cacherai pas que, parfois, elle m’ennuie. Avec vous, je m’amuse davantage. Aussi ai-je décidé de vous aider.
    — Comment cela, ma tante ?
    En passant plusieurs fois, d’un geste qui lui était familier, son poing sous son menton comme pour en chasser la graisse, elle se mit à rire.
    — Je connais tous les tours et détours des aventures galantes, reconnut-elle d’un air ravi. Il me paraît donc clair que vous ne pourrez retourner une seconde fois chez ce gentil poète aux yeux d’azur sans courir des risques énormes. Votre mère veille !
    Je soupirai sans répondre. Elle hocha sa tête surmontée d’épais cheveux blonds soigneusement coiffés sous le simple escoffion de soie prune.
    — J’ai plus d’un tour dans mon sac, ma petite fille, assura-t-elle avec satisfaction. Je crois avoir trouvé une solution à vos difficultés. Une de mes plus vieilles amies habite à deux pas d’ici, Grande rue Saint-Honoré. Son jardin jouxte le mien à son extrémité. Il s’y trouve un petit pavillon désaffecté où elle recevait autrefois des relations éparpillées par la vie… ou par la mort, peu importe. Je suis certaine qu’elle ne refusera pas d’en confier la clé à votre amoureux vendômois. Il pourrait s’y rendre quand vous lui auriez fait savoir que vos parents se sont absentés.
    — Comment le prévenir ?
    — Jeu d’enfant ! Je m’en charge.
    Je me sentais très excitée et en même temps anxieuse devant une telle proposition. Je savais que mon Ronsard ne se contenterait pas de me réciter ses derniers poèmes dans le pavillon du jardin voisin ! Je réfléchis un instant et parvins à la conclusion que tout dépendrait de ma façon de me comporter. Il ne tenait qu’à moi de me faire respecter.
    — Mes parents sortent rarement sans m’emmener avec eux, fis-je pourtant remarquer.
    — Il est vrai. Que voulez-vous, aimer en cachette comporte forcément des complications et des ruses. Vous trouverez bien malgré tout, j’en suis

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