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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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aliments.
    Pendant trois jours, il vécut ainsi, sans voir d’autres
personnes que les moines qui le servaient et le gardaient en même
temps, sans jamais se départir d’un calme absolu, sans jamais lui
dire une parole.
    Il avait voulu les interroger, savoir, s’informer. Les religieux
s’étaient contentés de le saluer gravement et profondément, et
s’étaient retirés sans répondre à ses questions.
    Le matin de ce troisième jour, il allait et venait dans sa
prison, marchant d’un pas nerveux et saccadé pour se dérouiller,
cherchant et combinant dans sa tête une foule de projets, qu’il
rejetait au fur et à mesure qu’ils naissaient. Il avait laissé sa
fenêtre grande ouverte, comme il faisait tous les jours du reste,
et il passait et repassait devant cette fenêtre.
    Tout à coup, il entendit un bruit sourd. Il se retourna vivement
et aperçut une balle grosse comme le poing qui venait d’être
projetée par la croisée ouverte. Avant même que de ramasser cette
balle, il se précipita à la fenêtre et il aperçut une silhouette
connue qui lui fit un signe furtif en traversant vivement le jardin
sur lequel il avait vue.
    « Le Chico ! clama Pardaillan dans son esprit !
Ah ! le brave petit homme !… Comment diable a-t-il pu
s’introduire ici ? »
    Il alla ramasser la balle, non sans s’assurer au préalable qu’il
n’était pas épié par le judas percé au milieu de sa porte. Le judas
était fermé… ou du moins il paraissait l’être.
    Il alla se placer à la fenêtre, tournant ainsi le dos à la
porte, et contempla l’objet qui venait de lui être jeté. C’était un
assez gros paquet de laine enroulé autour d’un corps dur. Il le
défit rapidement et trouva un feuillet enroulé autour d’une pierre.
Il déplia le feuillet et lut :
    « Ne mangez rien, ne buvez rien de ce qu’on vous
servira. On veut vous empoisonner. Avant trois jours j’aurai réussi
à vous faire évader. Si j’échoue il sera temps pour vous de prendre
le poison qui doit vous foudroyer. Patientez donc ces trois jours.
Courage. Espoir. »
    – Trois jours sans boire et sans manger, songea Pardaillan
en faisant la grimace, diable ! À ce compte-là, je ne sais
s’il ne vaudrait pas mieux me résigner au poison tout de suite…
Oui, mais si le Chico réussit ?… Hum !… Que veut-il
faire ?… Bah ! après tout je ne mourrai pas pour trois
jours de jeûne, tandis que je mourrai fort proprement du poison…
d’autant que ces trois jours se réduisent à deux, attendu qu’il me
reste de mon souper d’hier de quoi me nourrir aujourd’hui. Puisque
j’ai mangé de ces provisions hier soir et que je ne suis pas encore
mort, j’ai tout lieu de penser qu’elles ne sont pas empoisonnées.
En conséquence, je puis encore en manger.
    Ayant ainsi décidé, il prit les provisions qui lui restaient, en
fit deux parts, et attaqua bravement la première. Quand il ne resta
plus miette de la ration qu’il s’était accordée, il prit la
deuxième part et alla l’enfermer dans le coffre à habits. Et il
attendit.
    Il paraissait très calme en apparence, mais de l’effort qu’il
faisait pour se maîtriser il sentait la sueur perler à son front.
En effet, savait-il si on n’avait pas profité de son sommeil pour
mêler à ces restes le poison qui devait le foudroyer, disait le
billet de Chico. Si brave et si maître de lui qu’il fût, Pardaillan
passa là deux heures d’angoisse sans nom, au bout desquelles il se
sentit rassuré.
    Entre temps, on lui avait apporté son déjeuner. Les moines qui
le servaient avaient paru s’étonner de la disparition des restes du
souper de la veille. Mais comme le prisonnier avait refusé de
toucher au déjeuner qu’ils apportaient, ils avaient dû penser que,
pris d’une fringale subite, il avait préféré se contenter de ces
restes et que maintenant, il n’avait plus faim. Ils avaient donc
laissé la table servie et s’étaient retirés, toujours sans ouvrir
la bouche.
    Certain maintenant de ne pas être empoisonné – pour le moment,
du moins – il se mit à réfléchir. Il pensait au Chico et se sentait
profondément touché par le dévouement du petit homme. Est-ce à dire
qu’il comptait sur le nain ? Pardaillan ne comptait que sur
lui-même.
    Mais l’esprit toujours en éveil, plus que quiconque il savait
profiter des incidents les plus futiles en apparence, et les faire
tourner à son avantage. Qui sait si l’intervention inespérée de
Chico

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