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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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savait pas sans doute, car il dit
péniblement :
    – On m’avait dit qu’il était mort, voici vingt ans et
plus…
    – Votre père est vivant ! dit-elle avec une énergie
croissante.
    – Mort sous les coups du bourreau, acheva le Torero.
    Elle haussa les épaules.
    – Histoire inventée à plaisir, dit-elle. Ne fallait-il pas
éloigner de vous tout soupçon de la vérité !
    Et en disant ces mots elle le fouillait de plus en plus.
Non ! décidément, il ne savait rien, car il reprit en se
frappant le front :
    – C’est vrai ! Niais que je suis ! Comment
n’ai-je pas songé à cela ?… c’est vrai, il fallait
éloigner…
    Et changeant d’idée, frémissant d’une joie intense, oubliant ce
qu’elle venait de lui dire :
    – Alors, c’est vrai ? dit-il d’une voix implorante, il
vit ?… Mon père vit ?… Mon père !…
    Et il répétait doucement ce nom, comme s’il eût éprouvé un
soulagement ineffable à le prononcer.
    Tout autre que Fausta eût été attendri, eût eu pitié de lui.
Mais Fausta ne voyait que le but à atteindre. Peu lui importaient
les moyens et si elle semait des cadavres sur sa route.
    Froidement implacable sous ses airs doucereux, elle
reprit :
    – Votre père est vivant, bien vivant… malheureusement pour
vous. C’est lui qui vous poursuit de sa haine implacable, lui qui a
juré votre mort… et qui vous tuera, n’en doutez pas, si vous ne
vous défendez énergiquement.
    Ces mots rappelèrent le jeune homme au sens de la réalité,
momentanément oubliée.
    Mais que son père voulût sa mort, cela lui paraissait
impossible, contre nature. Instinctivement il cherchait dans son
esprit une excuse à cette monstruosité. Et tout à coup il se mit à
rire franchement et s’écria joyeusement :
    – J’y suis !… Mordieu ! madame, l’horrible peur
que vous m’avez faite ! Est-ce qu’un père peut chercher à
meurtrir son enfant, la chair de sa chair ? Eh ! non,
c’est impossible ! Mon père ignore qui je suis. Dites-moi son
nom, madame, j’irai le trouver, et je vous jure Dieu que nous nous
entendrons.
    Lentement, comme pour bien faire pénétrer en son esprit chaque
parole, elle dit :
    – Votre père sait qui vous êtes… C’est pour cela qu’il vous
veut supprimer.
    Le Torero recula de deux pas et porta sa main crispée à sa
poitrine, comme s’il eût voulu s’arracher le cœur.
    – Impossible ! bégaya-t-il.
    – Cela est ! dit Fausta rudement. Que la foudre
m’écrase si je mens ! ajouta-t-elle d’un ton solennel.
    – Que maudite soit l’heure présente ! tonna le Torero.
Pour que mon père veuille ma mort, il faut donc que je sois quelque
inavouable bâtard !… Il faut donc que ma mère, que l’enfer
la…
    – Arrêtez ! gronda Fausta en se redressant
frémissante. Vous blasphémez !… Sachez, malheureux, que votre
mère fut toujours épouse chaste et irréprochable ! Votre mère,
que vous alliez maudire dans un moment d’égarement que je
comprends, votre mère est morte martyre… et son bourreau, son
assassin pourrais-je dire, fut précisément celui qui vous repoussa,
qui vous veut la male-mort aujourd’hui qu’il vous sait vivant,
après vous avoir cru mort durant de longues années. L’assassin de
votre mère, c’est celui qui vous veut assassiner aussi : c’est
votre père !
    – Horreur ! Mais si je ne suis pas un bâtard…
    – Vous êtes un enfant légitime, interrompit Fausta avec
force. Je vous en fournirai les preuves… quand l’heure sera
venue.
    Et tranquillement elle reprit place sur son fauteuil.
    Lui cependant, à moitié fou de douleur et de honte, clamait
douloureusement :
    – S’il en est ainsi, c’est donc que mon père est un monstre
sanguinaire, un fou furieux !
    – Vous l’avez dit, dit froidement Fausta.
    – Et ma mère ?… ma pauvre mère ? sanglota le
Torero.
    – Votre mère fut une sainte, dit Fausta en levant l’index
comme pour indiquer qu’elle devait être au ciel.
    – Ma mère ! répéta le Torero avec une douceur
infinie.
    – On venge les morts, avant de les pleurer ! insinua
insidieusement Fausta.
    Le Torero se redressa, étincelant, et d’une voix
furieuse :
    – Vengeance ! oh ! oui !
vengeance !
    Et tout à coup il s’écroula sur son siège, la tête entre ses
deux mains, et râla :
    – Mon père ! Devrai-je donc frapper mon père pour
venger ma mère ?… C’est impossible !
    Fausta eut un sourire sinistre

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