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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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construites.
    La corrida étant royale, on ne pouvait y assister que sur
l’invitation du roi. Nous avons dit que des gradins avaient été
construits à cet effet. En dehors de ces gradins, les fenêtres et
les balcons des maisons bordant la place étaient réservés à de
grands seigneurs. Le roi lui-même prenait place au balcon du
palais. Ce balcon, très vaste, était agrandi pour la circonstance,
orné de tentures et de fleurs, et prenait toutes les apparences
d’une tribune. Les principaux dignitaires de la cour se massaient
derrière le roi.
    Le populaire s’entassait sur la place même en des espaces
limités par des cordes et gardés par des hommes d’armes. Il pouvait
aussi se parquer sous les arcades où il avait le double avantage
d’étouffer et d’écraser. En revanche, il y voyait très mal. C’était
une compensation.
    Le seigneur qui prenait part à la course faisait généralement
dresser sa tente richement pavoisée et ornée de ses armoiries.
C’est là que, aidé de ses serviteurs, il s’armait de toutes pièces,
là qu’il se retirait après la joute, s’il s’en tirait indemne, ou
qu’on le transportait s’il était blessé. C’était, si l’on veut, sa
loge d’artiste. Un espace était réservé à son cheval ; un
autre pour sa suite lorsqu’elle était nombreuse.
    Les installations étaient très primitives ; la noblesse qui
participait à là course avait pris l’habitude de s’occuper
elle-même de ces détails destinés à lui procurer tout le confort
auquel elle croyait avoir droit. C’était une occasion d’éblouir la
cour par le faste déployé, car chacun s’efforçait d’éclipser son
voisin.
    Pour ne pas déroger à cet usage, le Torero s’était rendu de
bonne heure sur les lieux, afin de surveiller lui-même son
installation très modeste – nous savons qu’il n’était pas riche.
Une toute petite tente sans oriflammes, sans ornements d’aucune
sorte lui suffisait.
    En effet, à l’encontre des autres toreros qui, armés de pied en
cap, étaient montés sur des chevaux solides et fougueux, revêtus du
caparaçon de combat, don César se présentait à pied. Il dédaignait
l’armure pesante et massive et revêtait un costume de cour d’une
élégance sobre et discrète qui faisait valoir sa taille moyenne,
mais admirablement proportionnée. Le seul luxe de ce costume
résidait dans la qualité des étoffes choisies parmi les plus fines
et les plus riches.
    Ses seules armes consistaient en sa cape de satin qu’il
enroulait autour de son bras et dont il se servait pour amuser et
tromper la bête en fureur [4] , et une
petite épée de parade en acier forgé, qui était une merveille de
flexibilité et de résistance. L’épée ne devait lui servir qu’en cas
de péril extrême. Jamais, jusqu’à ce jour, il ne s’en était servi
autrement que pour enlever de la pointe, avec une dextérité
merveilleuse, le flot de rubans dont la possession faisait de lui
le vainqueur de la brute. Encore, parfois, poussait-il la bravade
jusqu’à arracher de la main l’insigne convoité. Le Torero
consentait bien à braver le taureau, à l’agacer jusqu’à la fureur,
mais se refusait énergiquement à le frapper.
    Sa suite se composait généralement de deux compagnons qui le
secondaient de leur mieux, mais à qui don César ne laissait pas
souvent l’occasion d’intervenir. Toutes les ruses, toutes les
feintes de l’animal ne le prenaient jamais au dépourvu, et l’on eût
pu croire qu’il les devinait. En cas de péril, les deux compagnons
s’efforçaient de détourner l’attention du taureau. Leur rôle se
bornait à cela seul et il leur était formellement interdit de
chercher à abattre la bête par quelque coup de traîtrise, comme
faisaient couramment les gens des autres toreros.
    En arrivant sur l’emplacement qui lui était réservé, le Torero
reconnut avec ennui les armés de don Iago de Almaran sur la tente à
côté de laquelle il lui fallait faire dresser la sienne. Le Torero
savait parfaitement que Barba-Roja, pris d’un amour de brute pour
la Giralda, avait cherché à différentes reprises à s’emparer de la
jeune fille. Il savait que Centurion agissait pour le compte du
dogue du roi, et que, fort de sa faveur, il se croyait tout permis.
On conçoit que ce voisinage, peut-être intentionnel, ne pouvait lui
être agréable.
    Malheureusement, ou heureusement, les différents acteurs de la
course se trouvaient un peu dans la

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