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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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il est une autre considération qui me met dans l’obligation
d’obéir. Je ne suis pas riche, vous le savez… d’autres aussi le
savent. La mode s’est instituée de jeter des dons dans l’arène
quand j’y parais. Ce sont ces dons volontaires qui me permettent de
vivre. Et bien que je sois le seul pour qui le témoignage des
spectateurs se traduise par des espèces monnayées, je n’en suis pas
humilié. Le roi d’ailleurs prêche l’exemple. À tout prendre, c’est
un hommage comme un autre.
    – Bien, bien, j’irai donc voir de près ce que c’est qu’une
course de taureaux.
    Les deux amis passèrent le reste de la journée à causer et ne
sortirent pas de l’hôtellerie. Le soir venu, ils s’en furent se
coucher de bonne heure, tous deux sentant qu’ils auraient besoin de
toutes leurs forces le lendemain.

Chapitre 5 DANS L’ARÈNE
    À l’époque où se déroulent les événements que nous avons
entrepris de narrer,
alancear en coso,
c’est-à-dire jouter
de la lance en champ clos, était une mode qui faisait fureur. Les
tournois à là française était complètement délaissés et, du grand
seigneur au modeste gentilhomme, chacun tenait à honneur de
descendre dans l’arène combattre le taureau. Car il va sans dire
que cette mode n’était suivie que par la noblesse. Le peuple ne
prenait pas part à la course et se contentait d’y assister en
spectateur. On lui réservait à cet effet un espace où il se
parquait comme il pouvait, trop heureux encore qu’on lui permît de
contempler, de loin, le spectacle.
    Disons, une fois pour toutes, que la tauromachie telle qu’on la
pratique aujourd’hui n’existait pas alors. Ce que les
aficionados
ou amateurs de courses appellent
une
cuadrilla,
composée de
picadores, banderilleros,
capeadores
(acteurs importants),
puntillero, monosabios,
chulos, areneros
(petits rôles ou comparses), sous la
direction du
matador
ou
espada
(grand premier
rôle) ; le
paseo,
ou défilé initial ; la mise en
scène ; les règles minutieuses de la lutte et de la mise à
mort, en un mot tout ce qui constitue ce que les mêmes amateurs
nomment le
toreo,
tout cet ensemble combiné, qu’on appelle
une corrida, ne date que du commencement du dix-neuvième
siècle.
    Le sire qui descendait dans l’arène – roi, prince ou simple
gentilhomme – tenait donc l’emploi du grand premier rôle : le
matador. En même temps, il était aussi le picador, puisque, comme
ce dernier, il était monté, bardé de fer et armé de la lance. Là,
du reste, s’arrête l’analogie avec le toréador de nos jours. Aucun
règlement ne venait l’entraver et, pourvu qu’il sauvât sa peau,
tous les moyens lui étaient bons.
    Les autres rôles étaient tenus par les gens de la suite du
combattant : gentilshommes, pages, écuyers et valets, plus ou
moins nombreux suivant l’état de fortune du maître ; ils
avaient pour mission de l’aider, de détourner de lui l’attention du
taureau, de le défendre en un mot.
    Le plus souvent le taureau portait entre les cornes un flot de
rubans ou un bouquet. Le torero improvisé pouvait cueillir du bout
de la lance ou de l’épée ce trophée. Très rares étaient les braves
qui se risquaient à ce jeu terriblement dangereux. La plupart
préféraient foncer sur la bête, d’autant que s’ils parvenaient à la
tuer eux-mêmes ou par quelque coup de traîtrise d’un de leurs
hommes, le trophée leur appartenait de droit et ils pouvaient en
faire hommage à leur dame.
    Dans la nuit du dimanche au lundi la place San-Francisco, lieu
ordinaire des réjouissances publiques, avait été livrée à de
nombreuses équipes d’ouvriers chargés de l’aménager selon sa
nouvelle destination.
    Mais de même que la manière de combattre n’avait rien de commun
avec la méthode usitée de nos jours, de même il ne pouvait être
question d’établir une
plaza de toros.
    La piste, le toril, les gradins destinés aux seigneurs invités
par le roi, tout cela fut construit en quelques heures, de façon
toute rudimentaire.
    C’est ainsi que les principaux matériaux utilisés pour la
construction de l’arène consistaient surtout en charrettes,
tonneaux, tréteaux, caisses, le tout habilement déguisé et
assujetti par des planches.
    De nos jours encore, dans certaines bourgades d’Espagne et même
en France, dans certains villages des Landes, on improvise, à
certaines fêtes, au milieu de la place publique, des arènes qui ne
sont pas autrement

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