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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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qui s’était jeté au-devant de son maître pour le protéger, fut renversé et tué sans avoir eu le temps d’appeler à l’aide. Les autres s’enfuirent, terrifiés.
    Au bruit que faisaient les hommes de Raoul d’Octonville en s’acharnant contre le duc d’Orléans, dont le corps n’était déjà plus qu’une loque sanglante, des habitants de la rue Barbette s’éveillèrent et parurent aux fenêtres.
    Mais ils n’eurent pas le loisir de dire un mot, car une volée de flèches les força à rentrer chez eux.
    Pourtant, Jaquette Griffard, la femme d’un cordonnier, raconta plus tard qu’elle avait pu voir un homme de grande taille, et coiffé d’un chaperon vermeil rabattu sur les yeux, s’approcher du duc d’Orléans étendu dans une flaque de sang et le pousser du pied en disant :
    — Il est mort ! Éteignons tout et allons-nous-en !
    Tous les assassins montèrent alors à cheval et s’en allèrent promptement après avoir mis le feu à la maison de Jean sans Peur, pensant probablement que l’incendie pourrait provoquer dans le quartier un désordre propre à favoriser leur fuite.
    Dès qu’ils eurent disparu, la foule descendit dans la rue et découvrit le corps du duc d’Orléans.
    — Il faut aller prévenir la reine, dit quelqu’un.
    Lorsqu’on vint lui annoncer le malheur qui était arrivé à son favori, Isabeau joua à merveille la comédie de la douleur. Elle sanglota en se tordant les bras, puis se fit porter à l’hôtel Saint-Pol pour apprendre la nouvelle au roi et demander justice contre les assassins.
    Charles était en train de jouer aux cartes avec Odette de Champdivert. Il parut faire effort pour bien comprendre ce qu’on lui disait. Puis il prit sa tête dans ses mains.
    — Mon frère, mon bon frère, dit-il, pourquoi les méchants l’ont-ils tué ? Il faut les arrêter !
    Le lendemain, le corps du duc d’Orléans était conduit à l’église des Blancs-Manteaux. Derrière le cercueil, Jean sans Peur suivait en pleurant…
     
    Sur l’ordre du roi, qui voulait faire arrêter sans retard les meurtriers de son frère, le Conseil s’assembla au Louvre.
    Après une discussion fort animée, les princes, parmi lesquels se trouvait Jean sans Peur, arrivèrent à cette conclusion qu’une femme, sans doute, était à l’origine de ce meurtre. Vite, on fit effectuer une petite enquête et l’on pensa que l’assassin pouvait être le sire de Cauny, dont le duc d’Orléans avait pris l’épouse.
    Des gardes allèrent sur-le-champ quérir le pauvre homme qui, très étonné de l’aventure, vint raconter au Louvre ses malheurs conjugaux avec un luxe de détails qu’on ne lui demandait pas, mais que ces messieurs écoutèrent sans protester – sans sourciller non plus, d’ailleurs, montrant même, à certains moments, un œil un peu plus brillant que ne l’eussent exigé les circonstances…
    Questionné enfin sur le meurtre du duc d’Orléans, le sire de Cauny fournit un alibi indiscutable, et l’on s’aperçut que le brave homme avait été dérangé pour rien.
    Alors le Conseil demeura fort perplexe, ne sachant plus dans quelle direction lancer les enquêteurs.
    On en était là lorsque le prévôt des marchands (qui avait les fonctions de lieutenant de police) vint informer les princes d’un fait curieux : la nuit du meurtre, des Parisiens avaient entendu un groupe d’hommes mystérieux entrer, avec des précautions insolites, dans l’hôtel de Bourgogne.
    — Cet hôtel est le seul que mes gardes n’aient pu visiter, ajouta-t-il. Les grilles en sont obstinément closes. Tout porte donc à croire que les assassins s’y trouvent cachés.
    Le duc de Berry et le duc de Bourbon se tournèrent vers Jean sans Peur et le virent pâlir. Il s’établit alors dans la salle un silence lourd que personne n’osa rompre. Tous les yeux étaient fixés sur le duc de Bourgogne qui semblait en proie à de terribles tourments. Il se leva tout à coup et s’en alla, titubant presque, jusqu’à l’embrasure d’une fenêtre. Il était si pâle que le duc de Berry bondit pour le soutenir.
    Jean sans Peur se pencha vers son oncle et lui dit :
    — C’est moi qui ai ordonné ce meurtre, mais je ne sais comment cela s’est fait. Il faut que le diable m’ait tenté et surpris.
    — Ah ! murmura le duc de Berry en pleurant, je perds aujourd’hui mes deux neveux.
    Bien que tous les membres du Conseil eussent parfaitement compris ce qui venait de se passer, Jean

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