Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
Vom Netzwerk:
pour faire la réflexion suivante :
    « S’il l’eût vue auparavant et bien regardée toute nue, comme plusieurs que j’ai vues, il l’eût reconnue à plusieurs détails. Ce qui prouve qu’il fait bon les visiter quelquefois par le corps. »
    Puis il continue :
    « Lorsque le mari fut parti, la dame fut interrogée par le duc d’Orléans, qui lui demanda si elle avait eu l’alarme et peur. Je vous laisse à penser ce qu’elle en dit, et la peine, et l’altère en lesquelles elle fut en l’espace d’un quart d’heure, car il ne fallait qu’une petite indiscrétion ou la moindre désobéissance que son mari eût commises pour lever le drap. Mais M. d’Orléans lui dit qu’il l’eût tué aussitôt pour l’empêcher du mal qu’elle eût pu craindre.
    « Et le bon fut que ce mari, étant la nuit d’après couché avec son épouse, lui dit que M. d’Orléans lui avait fait voir la plus belle femme nue qu’il ne vît jamais, mais quant au visage qu’il n’en savait que dire, car il lui avait interdit de le regarder.
    « Je vous laisse imaginer, ajoute Brantôme, ce qu’en pouvait dire la dame, dans sa pensée… »
     
    Or cette galante dame, qui s’appelait Mariette d’Enghien, avait donné, trois ans auparavant (sans que son mari, Aubert de Cany, en sût rien, bien entendu), un gros garçon au duc d’Orléans. Un gros garçon qui trottinait pour l’instant chez une nourrice tourangelle, sans se douter qu’il était appelé à jouer un rôle important dans l’histoire du royaume de France, sous le nom de Louis Dunois ou, mieux, de « bâtard d’Orléans »…
    Car l’amour fait parfois bien les choses.
     
    La liaison de la reine et du duc d’Orléans, si elle scandalisait le peuple, mécontentait bien plus encore les ambitieux qui eussent voulu profiter de la maladie de Charles VI pour obtenir les titres et privilèges qu’ils convoitaient.
    Parmi ceux-ci, Jean sans Peur, duc de Bourgogne et cousin du roi, était le plus exaspéré.
    Dépourvu de scrupules, animé par le désir insensé de gouverner la France, il était prêt à tout, même à devenir l’allié des Anglais, pour se débarrasser de ceux qui le gênaient sur la route du pouvoir.
    Son principal ennemi était, naturellement, le duc d’Orléans, son cousin, dont il connaissait l’activité secrète.
    Il l’attaqua pendant plusieurs années, dénonçant ses dépenses excessives et protestant hautement contre son luxe « au moment où moult petites gens étaient écrasés sous l’impôt et réduits à famine ».
    Cette attitude le rendit, bien entendu, fort populaire dans le royaume « et ce, au détriment de la reine et de son favori, que l’on surnommait les deux pillards du Trésor »…
    Isabeau, furieuse, commença par haïr de toutes ses forces ce jeune ambitieux qui osait ainsi se mettre en travers de ses projets. Puis elle s’aperçut qu’il était habile homme, rusé, brave et plus vicieux encore que le duc d’Orléans.
    Avec un amant de cette trempe, elle pouvait parvenir bien plus sûrement aux buts qu’elle s’était fixés. Elle décida donc de remplacer Louis (dont, par ailleurs, elle commençait à se lasser) par le duc de Bourgogne.
    Encore fallait-il séduire ce terrible garçon. Elle se mit aussitôt au travail, pensant n’avoir qu’un geste à faire pour l’amener tout tremblant dans son lit. L’affaire ne fut pas aussi facile, car le Bourguignon se méfiait de la trop aguichante reine et trouvait toujours mille raisons pour décliner les invitations pressantes qu’elle lui envoyait. Elle finit par s’impatienter. C’est alors que son amant lui apporta fort opportunément un secours inattendu.
    Un jour, dans un banquet où se trouvait Jean sans Peur, le beau et glorieux duc d’Orléans se vanta de posséder chez lui les portraits des plus belles dames dont il avait acquis les faveurs. Alléché, le duc de Bourgogne alla rendre visite à son cousin. La première chose qu’il vit en entrant fut une peinture représentant sa femme, Marguerite de Hainaut.
    Il ne dit rien, mais sa visite finie, il s’en fut tout courant chez la reine.
    — Madame, lui dit-il, pour ce que vous pensiez être seule dans le cœur du duc d’Orléans, vous vous esjoïssiez [vous étiez joyeuse], or on m’a fait savoir qu’une rivale vous est venue, dont j’ai été fort déplaisant, parce que cette rivale est mon espouse. Il nous faut, madame, nous venger ensemble.
    Et il lui démontra que

Weitere Kostenlose Bücher