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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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aller
chez le voisin. Thérèse l’accompagna autant pour l’encourager que pour visiter
enfin sa voisine avec qui elle s’était toujours bien entendue.
    – Clément est
déjà assis dans leur salon, dit Thérèse.
    – Qu’est-ce
que tu veux que je lui dise, moi, à Ernest Veilleux ? demanda Eugène en
marchant sur la route en direction de la maison voisine.
    – Voyons, Eugène,
tu l’as sauvé.
    – Ouais, je
le sais, mais j’avais pas besoin de lui faire la conversation, il était à peu
près tout le temps dans les pommes. En tout cas, on reste juste une couple de
minutes, pas plus.
    Les
Tremblay furent accueillis chaleureusement par Yvette Veilleux, que Clément
avait prévenue de la visite de ses parents, à la demande de sa mère. Ernest affichait
sa mine renfrognée des mauvais jours lorsqu’il vit Eugène Tremblay franchir le
seuil de sa maison. Céline et Clément quittèrent un moment le salon pour venir
saluer les nouveaux arrivés.
    Même si les deux
hommes étaient de la même génération et avaient vécu côte à côte toute leur vie,
ils trouvèrent peu de choses à se dire. Assis sur des chaises berçantes de part
et d’autre du poêle, ils écoutèrent surtout les deux femmes échanger des
nouvelles durant plusieurs minutes. Le malaise entre les deux voisins était
perceptible et rien ne semblait en mesure de le faire disparaître.
    – Cré maudit,
le temps passe vite ! s’exclama soudain Eugène en se levant. On s’ennuie
pas, dit-il à ses hôtes, mais il va ben falloir rentrer. On a promis à nos
filles de jouer une partie de cartes avec elles avant de se coucher.
    Thérèse
lança un regard désapprobateur à son mari avant de se lever à son tour. De
toute évidence, elle trouvait que la visite avait été trop brève. Pendant que
le mari et la femme endossaient leur manteau, l’hôtesse, désolée de les voir
partir si tôt, leur dit :
    – J’espère
que vous allez revenir.
    – Certain, la
rassura sa voisine. Mais je t’avertis, ce sera à vous autres de vous déplacer
quand ton mari aura plus son plâtre.
    – C’est
promis.
    Sur
le chemin du retour, Eugène ne décolérait pas.
    – Ce maudit
air bête ! J’aurais dû me douter qu’il changerait pas ! En tout cas, avant
que tu me traînes encore là, toi, les poules vont avoir des dents.
    – Je te dis
que vous avez l’air fin tous les deux, railla Thérèse avec humeur. Deux vrais
enfants !
    Ce
soir-là, si Clément et Céline se réjouirent prématurément à la pensée que la
hache de guerre était enterrée entre leur père, Yvette et Thérèse savaient bien,
elles, que la situation n’avait pas du tout changé.
    Trois jours plus
tard, les habitants de Saint-Jacques-de-la-Rive furent accueillis à leur réveil
par une lourde giboulée, comme seul le mois de mars sait en réserver. La
température s’était sensiblement adoucie durant la nuit et de gros flocons de
neige s’étaient accumulés, recouvrant le paysage d’une couche blanche supplémentaire.
Le jour venait de se lever, gris et maussade, et Yvette s’activait autour du
poêle en compagnie de ses filles.
    – Moi qui
pensais que l’hiver achevait, soupira Céline, déprimée à la vue de toute cette
nouvelle neige qui s’amoncelait. On en sortira jamais.
    – Lâche la
fenêtre et viens m’aider, lui ordonna sa mère. J’entends ton père qui vient de
se lever et tes frères sont à la veille de revenir de l’étable.
    – Je
regardais juste pour voir si Clément était arrivé, mentit la jeune fille.
    – Il est arrivé
depuis un bon bout de temps, intervint sa sœur Anne. Je l’ai vu passer. Il
était dans l’étable avant Jérôme.
    – Il est pas
mal fin, ton cavalier, lui fit remarquer sa mère. Il est toujours là pour aider.
Mais je me demande s’il a peur qu’on l’empoisonne. Il fait bien attention de
pas s’arrêter en revenant des bât iments
pour pas manger avec nous autres.
    – Il veut pas
déranger, m’man, l’excusa Céline. Il dit qu’il vient pour nous rendre service, pas
pour se faire nourrir.
    Un martèlement sur
le plancher mit fin à l’échange. Ernest Veilleux, la barbe longue et les
cheveux en broussailles, entra dans la cuisine en se supportant sur ses
béquilles. Son premier geste fut de jeter un coup d’œil à l’extérieur par la
fenêtre. Pendant un long moment, il regarda tomber la neige sans rien dire.
    – Ça, c’est
de la neige qui annonce les sucres, déclara-t-il avant de

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