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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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sont débrouillés depuis votre accident, p’ pa ?
    – Le petit
Tremblay est venu soir et matin nous aider à faire le train.
    – Clément ?
    – Oui, fit
Céline, fière de son amoureux.
    – Il va
pouvoir prendre une couple de jours de congé, le temps que je suis ici, déclara
Albert. Je suis capable de m’occuper du train tout seul avec Jérôme.
    – Céline
pourrait peut-être aller le prévenir chez les Tremblay, suggéra Ernest. J’ai
comme l’idée qu’il haïra pas ça la voir arriver.
    – J’y vais
tout de suite, affirma la jeune fille, tendant déjà la main vers son manteau
suspendu à un crochet derrière la porte.
    – Whow !
fit sa mère pour la calmer. Casse-toi pas une jambe, toi aussi, pour arriver
plus vite chez les voisins. Ton Clément va pas en mourir même si t’arrives cinq
minutes plus tard.
    Il
y eut des éclats de rire dans la cuisine.
    Le lendemain matin,
Albert et Jérôme Veilleux nettoyèrent les seaux et les chalumeaux, qu’ils
entassèrent dans le traîneau après avoir déposé dans le véhicule le vilebrequin,
leurs raquettes et divers articles pour nettoyer la cabane dans laquelle les
Veilleux faisaient bouillir l’eau d’érable depuis deux générations. L’après-midi
même, ils se dirigèrent vers la petite érablière située au bout de la terre
paternelle pour commencer à entailler.

Chapitre 21
Le coup monté
    Il
y eut encore une chute de neige importante le surlendemain avant que l’hiver se
décide enfin à desserrer progressivement son étreinte sur la région. Au fil des
jours, le soleil se fit alors de plus en plus chaud et il flottait dans l’air
comme des odeurs de printemps. Peu à peu, on finit même par voir apparaître la
tête des piquets de clôture.
    – Pour moi, les
érables vont couler aujourd’hui, avait déclaré Eugène à son fils Clément
quelques jours auparavant. Regarde, le pied des arbres commence à être cerné.
    En effet, sous les
effets combinés du soleil et de l’eau de fonte, la neige se faisait soudain
moins épaisse au pied des arbres. Bien sûr, il faudrait encore quelques
semaines pour que les dernières traces en disparaissent des bois et des champs,
mais la nature donnait des signes encourageants de renouveau. Pour s’en
convaincre, il n’y avait qu’à écouter le bruissement sourd de l’eau qui s’était
mise à courir sous l’épaisse couverture blanche.
    Le passant curieux
ne pouvait manquer de remarquer que depuis quelques jours, des cheminées
fumaient au loin, dans les boisés. C’était un signe certain que les cultivateurs
de Saint-Jacques-de-la-Rive avaient commencé à recueillir l’eau d’érable pour
la faire bouillir.
    Si, chez les
Veilleux, on n’en était encore qu’aux préparatifs, les Tremblay, pour leur part,
s’apprêtaient déjà à faire bouillir leur première récolte d’eau d’érable.
    La veille, Claire
et sa mère étaient venues faire un grand ménage dans le petit bât iment qui leur servait de cabane à sucre.
La chasse aux toiles d’araignée et le lavage des cuves, des ustensiles, de la
table et de l’unique fenêtre les avaient occupées un bon moment. Pendant ce
temps, les hommes avaient transporté du bois pour chauffer le poêle et ils
avaient fini de suspendre des seaux aux chalumeaux.
    Cet après-midi-là,
la vieille barrique de chêne servant à la récolte de l’eau d’érable avait été
solidement installée sur le traîneau. Clément et Gérald étaient ensuite partis
faire la première tournée de la saison. Leur père, seul dans la cabane, transportait
des bûches qu’il empilait au fond de la pièce unique du petit bât iment gris. Il serait prêt à faire
bouillir dès qu’on lui rapporterait suffisamment d’eau d’érable.
    Au presbytère, l’heure
n’était pas aux réjouissances, loin de là. Depuis le début de la semaine sainte,
le brave curé Lussier ne décolérait pas. Pendant deux bonnes semaines, il avait
eu beau rappeler du haut de la chaire l’obligation faite à tous les bons
catholiques de faire leurs Pâques avant le jour de la résurrection du Christ, un
petit nombre de ses paroissiens demeuraient récalcitrants. Ils ne se décidaient
pas à se présenter au confessionnal. Même la crainte de commettre un péché
mortel en ne se confessant pas et en ne communiant pas en cette période de l’année
liturgique n’avait pas l’air de les empêcher de dormir.
    Tout laissait à
penser que ces mauvais chrétiens étaient

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