Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
Vom Netzwerk:
attelé au boghei, il va être
difficile à fatiguer.
    – Attelé
au boghei, peut-être, mais quand tu t’en serviras pour le gros ouvrage, ce sera
peut-être une autre paire de manches.
    Là-dessus,
Thérèse rentra dans la maison en laissant claquer derrière elle la
porte-moustiquaire. Claire, qui n’avait pas dit un mot, suivit sa mère. Eugène
Tremblay détacha son cheval et le conduisit par la bride jusque devant l’écurie
où il le détela avant de le faire entrer dans le bât iment
pour le bouchonner.
    Chez les Veilleux,
Yvette et Anne avaient lavé toute la literie de la maison et l’avaient
suspendue sur les deux cordes à linge tendues à l’arrière, entre le poulailler
et la maison. La mère et la fille allaient commencer à transporter de la
vaisselle dans les armoires de la cuisine d’été où elles entendaient servir le
midi même le repas pour la première fois de la saison quand elles virent
arriver Elphège Turcotte.
    L’hiver
n’avait pas embelli le célibataire. Le soleil avait rougi son gros nez et son
crâne dépourvu en grande partie de cheveux.
    –  Bon. V’ là
Tit-Phège qui arrive maintenant, fit Yvette en apercevant le célibataire se
dirigeant vers la maison. Il manquait plus que lui !
    – Voulez-vous
bien me dire comment il est attriqué ? demanda à mi-voix l’adolescente en
regardant à la fenêtre, aux côtés de sa mère.
    – Comme la
chienne à Jacques, comme d’habitude, répondit Yvette sans méchanceté. Il est
tellement sans-dessein, le pauvre homme, qu’il s’en aperçoit même pas.
    – Je suppose
qu’on va le garder à dîner ?
    – Il est
presque l’heure de manger. Tu lui mettras une assiette. Un bol de soupe, c’est
pas ce qui va nous mettre dans la misère.
    – Faites-vous
ça par charité, m’man, ou pour connaître toutes les nouvelles de la paroisse ?
demanda la jeune fille tour faire fâcher sa mère.
    – T’es
chanceuse que j’aie de quoi dans les mains, toi, murmura sa mère sur un ton
menaçant de manière à ne pas être entendue par le voisin qui venait d’arriver à
la porte de la cuisine d’été.
    Au
moment où Elphège Turcotte allait frapper, les eux femmes entendirent la voix d’Ernest
héler le visiteur à l’entrée de la porcherie où il était occupé à réparer une porte
en compagnie de Jérôme. Elphège alla rejoindre le fermier.
    Quelques minutes
plus tard, les trois hommes revinrent à la maison et Elphège Turcotte accepta, sans
se faire prier, de partager le repas de ses hôtes.
    – Tu sais
pourquoi Elphège est passé nous voir ? demanda Ernest à sa femme.
    – Non.
    – On va
peut-être avoir enfin notre pont au village. Giguère demande qu’on soit tous à
l’assemblée municipale de demain soir. Il paraît que Joyal va venir avec l’ingénieur.
Ils vont tout nous expliquer. J’ai ben hâte de voir ça. Ce serait ben la
première fois que les maudits rouges tiendraient une de leurs promesses. En
plus, Giguère veut faire voter des trottoirs de bois dans le village. Si cette
idée de fou passe, tout le monde va être pogné pour fournir. Je vois pas
pourquoi ils auraient des trottoirs au village. Nous autres, dans les rangs, est-ce
qu’on en a ?
    – J’espère
que Wilfrid a prévu sa réunion après le mois de Marie, dit sa femme. Monsieur
le curé appréciera pas pantoute que le monde aille à la réunion plutôt qu’à la
récitation du chapelet.
    – C’est sûr, confirma
l’invité qui donnait l’impression de ne pas avoir mangé depuis plusieurs jours.
Notre maire m’a chargé de faire le tour des cultivateurs du rang Sainte-Marie. Il
s’occupe des autres rangs avec Honoré Beaudoin et Charles Corriveau. Il paraît
que les deux autres échevins avaient pas le temps de l’aider.
    – Wilfrid est
pas raisonnable, lui fit remarquer Ernest, pince-sans-rire. Il devrait ben
savoir que t’as de l’ouvrage sans bon sens à faire sur ta terre.
    – Je le sais
ben, mais l’ouvrage attendra une journée de plus, répondit Elphège Turcotte, le
plus sérieusement du monde.
    – Qu’est-ce
que tu veux ? C’est plus fort que moi, j’aime ça rendre service au monde.
    Thérèse
et ses enfants réprimèrent un sourire moqueur. Il était connu que l’homme
passait beaucoup plus de temps à placoter avec les voisins qu’à travailler sur
sa ferme. « Tous les Turcotte sont venus au monde avec un poil dans la
main », se plaisait à répéter Ernest.
    – Comment va
ta

Weitere Kostenlose Bücher