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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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électeurs.
    – Regarde
Giguère, fît Veilleux, acide. S’il arrête pas de se
gonfler, il va éclater.
    –  Attends les prochaines élections, le calma
le forgeron. Quand je vais être maire, on va être débarrassé de lui et je te
garantis que ça va changer de poil.
    –  Je laisse maintenant la parole à monsieur Hubert Gendron, l’ingénieur
responsable du projet, ajouta le député. Je suis certain que nous allons tous
nous revoir au mois d’octobre prochain, pour l’inauguration officielle de votre
pont.
    Le député reprit
son siège aux côtés du curé tandis que le jeune homme assis à la gauche de
Wilfrid Giguère se levait en repoussant derrière lui sa chaise.
    L’homme âgé d’une
trentaine d’années était grand et mince. Son épaisse chevelure noire soigneusement coiffée sur le côté et sa
fine moustache mettaient en valeur le teint pâle d’un visage aux traits
énergiques. Ses yeux d’un bleu profond firent lentement le tour de l’assistance
avant qu’il ne se décide à prendre la parole avec l’assurance provenant
probablement de son habitude à s’adresser aux groupes.
    En train d’échanger
à voix basse avec sa voisine Rita Hamel, Claire Tremblay s’arrêta subitement de
parler dès qu’elle entendit la voix chaude du jeune ingénieur. Assise à faible
distance de l’estrade, la jeune femme se mit à écouter avec attention les
explications un peu techniques données par le professionnel. Une légère rougeur
était apparue à ses pommettes hautes et d’un geste machinal, elle porta la main
à ses longs cheveux châtains bouclés pour en vérifier l’ordre. Sans trop savoir
pourquoi, elle regrettait de n’avoir pas mis sa plus belle robe pour venir à la
réunion avec sa voisine.
    Hubert Gendron
expliqua avec minutie aux gens présents dans la salle qu’on avait choisi de
construire le nouveau pont au gué, en face de la forge d’Adélard Crevier, tant
à cause du peu de profondeur de la Saint-François à cet endroit que de la
nature même du lit de la rivière. Ensuite, il parla d e caissons, d’armature métallique et de chaussée à une voie.
Les travaux prévus allaient s’échelonner sur quatre mois, si le temps le
permettait.
    Finalement, l’ingénieur
offrit de répondre aux questions s’il y en avait. Mais la compétence dont il
avait fait preuve durant ses explications avait été telle qu’on était gêné d’étaler
son ignorance.
    Quand le jeune
homme s’assit, Rita Hamel ne put s’empêcher de chuchoter à l’oreille de sa
voisine :
    – Tu vois ce
qu’on aurait manqué en s’en retournant tout de suite après le chapelet, comme
tu voulais qu’on fasse.
    – Qu’est-ce
qu’on aurait manqué ?
    – L’ingénieur,
Claire, dit en riant la jeune femme. Ça, c’ est ce que j’appelle un bel homme. Si j’étais pas mariée avec Georges et mère de trois
enfants, je me dépêcherais de lui faire de l’œil.
    – Le problème,
c’est qu’il est sûrement marié, répondit Claire, en sortant de sa réserve
habituelle quand il s’agissait des hommes.
    – Bien là, Claire
Tremblay, je pense que tu te trompes. J’ai bien regardé sa main gauche : il
porte pas d’alliance. Je suis sûre que c’est un vieux garçon.
    – S’il est
pas encore marié à son âge, c’est qu’il doit avoir un paquet de défauts, se
défendit la célibataire sur un ton désabusé.
    – Voyons donc,
reprit sa voisine. Regarde-toi. T’es pas mariée et t’as pas plus de défauts que
les autres femmes de la paroisse. Sans te flatter, je te dirais que t’es bien
conservée pour une femme de vingt-six ans et en plus, si on se fie à ce que dit
ta mère, t’es la meilleure ménagère et la meilleure cuisinière de Saint-Jacques.
    – C’ est ce que ma mère dit pour me forcer à me
trouver un mari, précisa Claire en riant au moment où le maire se levait pour
parler. Moi, je me trouve bien comme je suis. Je vois pas pourquoi j’endurerais
un mari et que j’aurais une trâlée d’enfants.
    Wilfrid
Giguère reprit la parole.
    – Je veux
profiter de l’assemblée pour vous dire que notre député nous a aussi obtenu une
petite subvention pour la construction de trottoirs de bois dans le village. On
en avait parlé l’été passé, mais on avait décidé d’attendre parce qu’on avait
pas assez d’argent pour faire ça.
    Des
applaudissements accueillirent cette autre bonne nouvelle. Depuis de nombreuses
années, les gens du village se

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