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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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plus cher ici.
    – Je
comprends, mais Hubert Gendron…
    – Hubert
Gendron est un homme, un très bel homme, à part ça. Je vois pas pourquoi il
serait différent des autres.
    – Mais moi, je
suis juste une vieille fille et…
    – Non. Toi, t’es
une belle fille. C’est normal qu’un homme s’intéresse à toi.
    – Vous
comprenez pas, m’man. Hubert est juste un ami.
    – On dit ça, fit
sa mère en la regardant d’un air entendu.
    Le
lendemain avant-midi, Hubert Gendron et Aurèle Boilard, son chef de chantier, se
présentèrent chez Antonius Tougas, dans le rang Sainte-Marie.
    La ferme des
Tougas était probablement la plus pauvre du rang. La maison, couverte de
bardeaux gris, semblait aussi négligée que les bât iments
qui se dressaient au fond de la cour. Il y avait large accroc dans la
moustiquaire de la porte de la cuisine d’été à laquelle l’ingénieur frappa. Emma
Tougas vint leur ouvrir.
    La femme d’Antonius
Tougas avait un air souffreteux, qu’une vieille robe fleurie qui pendait sur
elle comme sur un cintre accentuait. De toute évidence, elle était seule dans
la maison.
    – Bonjour, madame,
la salua poliment Hubert Gendron. Est-ce que nous pourrions parler à votre mari ?
    – Il est dans
la porcherie, en arrière. Attendez, je l’appelle, fit la fermière en sortant de
la maison. Antonius ! cria-t-elle. Il y a quelqu’un pour toi.
    Durant
un moment, les deux visiteurs demeurés sur le balcon crurent que l’appel avait
été inutile. Puis, ils virent un homme grand et guère plus gros que sa femme
sortir sans se presser de la porcherie. Son visage étroit était surmonté d’une
tignasse grise hirsute. Le cultivateur vint joindre les visiteurs qui venaient
de descendre du balcon.
    – Oui. Qu’est-ce
que je peux faire pour vous ? dit-il à Gendron et à son chef de chantier.
    – C’est assez
délicat, commença à dire le jeune ingénieur en sortant de sa poche le bout de
tissu vert et brun que le chien de Letendre avait arraché au voleur.
    Emma
Tougas reconnut immédiatement le tissu.
    – Mais on
dirait un morceau des culottes d’Emile ! : cria-t-elle en s’approchant
et en tendant la main vers le lambeau que tenait Hubert Gendron.
    Ce
dernier le lui remit pour lui permettre de l’examiner pendant qu’Antonius
Tougas se rapprochait pour le garder lui aussi de plus près.
    – Voyez-vous,
monsieur Tougas, ce morceau de tissu a été arraché par l’un des chiens de notre
gardien de chantier avant-hier soir à quelqu’un qui essayait de voler du matériel
ou des outils sur le chantier du pont, au village. Ça faisait deux ou trois
fois que des outils disparaissaient et j’ai dû engager un gardien pour
surveiller.
    – Ouais.
Et comment ça se fait que vous venez nous voir avec ça ? demanda le
fermier, sans détour.
    – Il me
semblait avoir vu un de vos garçons au village avec un pantalon fait avec un
tissu semblable, mentit Hubert.
    – Il est pas
le seul à avoir des culottes de cette couleur-la voulut argumenter le père sur
un ton peu convaincu.
    – Je dis pas
le contraire, monsieur Tougas, mais j’ai voulu vous voir plutôt que de demander
à la police provinciale de venir enquêter.
    Au
moment où l’ingénieur s’attendait à des dénégations véhémentes de la part des
parents du présumé coupable, il vit Antonius Tougas se tourner vers la
porcherie pour crier :
    – Emile !
Émile ! Arrive ici !
    Un
instant plus tard, un adolescent maigre à l’allure chafouine sortit du bât iment délabré et vint vers son père en se
traînant les pieds. Il portait un pantalon en tissu à carreaux verts et bruns
identique au morceau que tenait encore sa mère.
    – Explique-moi
donc encore une fois comment t’as déchiré tes culottes hier, lui ordonna sa
mère sur un ton menaçant.
    – Ben, je
suis tombé sur…, commença en hésitant Emile en jetant un regard sournois vers
son père qui, lui, venait de retirer ostensiblement sa large ceinture de cuir.
    – Laisse
faire tes maudites menteries, gronda Antonius, furieux. Qu’est-ce que t’es allé
faire sur le chantier avant-hier soir ?
    – Je suis
allé me baigner, p’ pa, mais le chien…, répondit l’adolescent
d’une voix mal assurée.
    Emile Tougas n’eut pas le temps d’ajouter un mot de plus avant que la
ceinture de son père ne vienne lui cingler durement les mollets.
    –  Va me
chercher ce que t’as volé sur le chantier, calvaire de voleur !

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