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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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incapable de résister plus longtemps, il alla réveiller
sa sœur pour qu’elle vienne prendre la relève.
    Le
lendemain matin, Germain se leva bien avant le soleil. Il avait mal dormi. Le
tonnerre l’avait réveillé plusieurs fois durant la nuit. Une pluie violente
tambourinait sur l’avant-toit qui protégeait la galerie. Florence était seule
dans le salon et lui tournait le dos . Sam n’avait
pas dû veiller très longtemps à ses côtés, s’il l’avait fait. Le jeune
cultivateur ne dit pas un mot à sa sœur et alluma le poêle avant d’aller
vérifier dans le salon si la pluie avait pénétré à l’intérieur de la pièce. Durant
un bref moment, il s’arrêta près du corps de sa mère pour la regarder .
    – Le
thé va être chaud dans une minute, dit-il à Florence avant de retourner dans la
cuisine.
    – Merci.
    Peu
après, il chaussa ses bottes et
enfila son imperméable avant d’allumer le fanal déposé en permanence sur le
comptoir. Il sortit et se dirigea sans se presser vers l’étable malgré la forte
pluie qui tombait.
    Lorsque Germain
revint à la maison après avoir trait ses vaches et nourri ses animaux, les
violentes averses avaient cédé leur place à une pluie fine. À son entrée dans
la cuisine, Sam Cohen se berçait pendant que Florence finissait de préparer un
déjeuner frugal qu’ils mangèrent tous les trois en silence. Ensuite, tous
disparurent rapidement dans leur chambre pour faire leur toilette et s’endimancher.
    Un peu après huit heures, les Desfossés arrivèrent chez les Fournier à
bord d’une longue voiture noire tirée par deux chevaux de la même couleur. Ils
avaient été précédés de peu par les voitures des Hamel, des Tremblay, des
Veilleux et même des Pierri. Malgré les capotes relevées sur les bogheis, les
passagers recevaient des gouttes de pluie poussées par un petit vent soufflant
de l’est. Les voisins s’assemblèrent dans le salon pour réciter une dernière
prière avant que le directeur des funérailles et son fils ferment
définitivement la bière.
    À la fin
de la prière, Conrad Desfossés s’approcha de Florence et de son frère pour leur
demander à voix basse s’ils désiraient les alliances de leur mère et le chapelet
qu’elle tenait. Le fils se contenta de refuser en secouant la tête.
    – Je vais
garder le chapelet en souvenir, fit Florence d’une voix éteinte.
    – Bon,
si vous voulez bien vous retirer, dit Conrad Desfossés aux personnes encore
présentes dans le salon. Nous allons procéder aux derniers préparatifs.
    Les
gens refluèrent vers la cuisine et la porte du salon fut fermée. Peu après, les
deux responsables des pompes funèbres sortirent le cercueil par la porte avant
de la maison et le déposèrent dans leur voiture. Le cortège funéraire se forma
immédiatement derrière et prit lentement la route du village. Les chevaux
peinèrent un peu sur la route transformée en véritable bourbier par les pluies
abondantes des dernières heures. Le court convoi fut accueilli à son
entrée dans le village par le glas qui sonnait au clocher de l’église.
    À
l’arrivée des voitures devant l’église, les quelques paroissiens qui
attendaient sur le parvis entrèrent dans le temple. À l’intérieur, plusieurs dames de
Sainte-Anne de Saint-Jacques de-la-Rive, mouvement paroissial dont faisait
partie Fernande Fournier, s’étaient regroupées à l’arrière. Le curé Lussier, assisté
par deux servants, vint accueillir sa paroissienne défunte et il suivit le
corps jusqu’à l’avant. Florence, encadrée par son mari et son frère, emboîta le
pas à l’officiant. Il y avait une trentaine de fidèles qui s’étaient déplacés
pour venir rendre un dernier hommage à la disparue.
    Après la messe et
la bénédiction du corps, le pasteur prit le temps d’adresser quelques mots de réconfort
aux proches. Puis la majorité des personnes présentes formèrent un petit convoi
derrière le curé Lussier et se rendirent au cimetière situé à l’arrière de l’église.
    Heureusement, la
pluie avait cessé et on put même apercevoir une trouée dans les nuages. Le
groupe s’arrêta devant la fosse creusée la veille par Joseph Groleau, bedeau et
homme à tout faire de la paroisse. Il y eut une dernière prière récitée par le
prêtre avant que le cercueil soit descendu avec précaution dans la fosse.
    Lentement, la
petite foule se dispersa. En revenant vers les véhicules, beaucoup de

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