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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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femmes
maudissaient la boue qui maculait leurs souliers et le bas de leur robe. Avant
de quitter les lieux, les voisins immédiats de Germain Fournier lui offrirent
leur aide. Ce dernier, la mine sombre, les remercia, tout en les assurant qu’il
pensait être en mesure de se tirer seul d’affaire.
    De
retour à la maison, Florence ne prit pas la peine de retirer sa toilette. Elle
se borna à mettre un tablier en déclarant :
    – Je
vais préparer un dîner vite fait. Sam a demandé au père Dionne de venir nous
chercher vers une heure pour nous amener à Pierreville. On va prendre le train
de trois heures.
    – J’aurais pu
aller vous conduire, proposa Germain assez, mollement.
    – Ce
sera pas nécessaire, trancha sa sœur. Sam a déjà tout arrangé. Si tu voulais m’allumer
le poêle, on pourrait faire réchauffer quelque chose pour dîner.
    Un
silence inconfortable régna autour de la table durant tout le repas. Ce n’est
qu’au dessert que Florence, obéissant à un coup de coude discret de son mari, finit
par demander à son frère :
    – Est-ce que
m’man a laissé un testament ?
    – Il me
semble. Il devrait être chez le notaire, à Pierreville.
    – Sais-tu ce
qu’il contient ?
    – À moins d’une surprise, elle m’a déjà dit
qu’elle me laisserait tout parce que j’en avais toujours pris soin.
    – Si c’est
comme ça, qu’est-ce que tu vas faire avec toutes ses affaires de femme ?
    – M’man avait
pas grand-chose, affirma Germain, agacé par l’insistance de sa sœur.
    Cohen
lança un coup d’œil significatif à sa femme.
    – De toute
façon, je suppose que le notaire va nous convoquer quand ça va être le temps d’ouvrir
le testament, dit Florence.
    – Normalement.
    – À
ce moment-là, on verra bien ce que m’man avait décidé de faire avec la terre et
ses autres affaires, reprit-elle d’un ton sec en retirant son tablier et en le
déposant sur le comptoir.
    Le
front de son frère rougit, signe évident chez lui d’une violente émotion.
    – Écoute
donc, toi ! dit Germain en élevant un peu la voix. Tu trouverais pas ça écœurant
qu’elle m’arrache la terre ? J’ai toujours travaillé dessus comme un esclave
pendant que toi, tu vivais dans ta belle grande maison, en ville. Ton mari a de
l’argent plein les poches et vous faites la grande vie pendant que moi, j’ai
jamais eu une maudite cenne devant moi. J’ai toujours aidé le père jusqu’à sa
mort, et après, j’ai pris soin de m’man. Pendant toutes ces années-là, on te
voyait juste une fois ou deux par année. Tu venais nous montrer comment t’étais
gâtée.
    Le
jeune homme se tut, un peu surpris d’avoir tant parlé. Le visage de sa sœur
avait pâli sous l’attaque. Sans ajouter un mot, elle tourna brusquement les
talons et monta à l’étage chercher ses affaires. Son mari la suivit pour ne pas
demeurer seul avec son beau-frère en colère. Il y eut des chuchotements en
provenance de la chambre où ils avaient dormi la veille. Des tiroirs de
bureau furent ouverts et fermés avec fracas.
    Sam
et Florence attendirent de voir arriver Philibert Dionne avant de descendre au
rez-de-chaussée avec leurs bagages. Ils n’eurent pas à affronter Germain avant
de partir. Ce dernier devait être allé à l’étable. Ils montèrent dans la
voiture du postier et quittèrent la maison sans même jeter un regard en arrière.

Chapitre
5 L’école
    Deux
jours après les funérailles de Fernande Fournier, Marthe Giguère, la femme du
maire, profita du retour de la belle température pour aller acheter du fil et
un patron chez Hélèna. La cadette de ses trois filles commençait l’école la
semaine suivante et elle avait décidé de lui confectionner une robe.
    Dès
l’entrée de Marthe Giguère dans son magasin, Helèna Pouliot, toujours friande
de ragots, ne put s’empêcher de demander à l’épouse du maire si elle avait
entendu parler de la dispute qui avait opposé Florence Fournier à s on frère
Germain, après les funérailles de leur mère.
    – Qui vous a
raconté ça, madame Pouliot ? demanda la femme du maire, curieuse.
    – Notre
Philibert, bien sûr ! répondit l’épicière. Il y a pas plus belette que lui
dans toute la paroisse. Il a entendu Florence en parler avec son mari quand il
est allé les conduire à la gare de Pierreville. Il paraît qu’elle était pas
contente, la grosse madame de Montréal !
    – J’espère qu’ils
se sont pas chicanés pour

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