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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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d’habitude. Avec leurs
grandes gueules, ils nous ont tous fait passer pour des lâches.
    – Et tout le
monde sait ben qu’il y a pas plus lâche pourtant qu’un libéral, ajouta Crevier,
triomphant.
    – Je vais te
montrer si on est des lâches, s’emporta subitement Wilfrid Giguère en se
précipitant vers le gros homme dans l’intention de le frapper.
    Au
moment où les deux adversaires étaient prêts à en découdre et à se jeter l’un
contre l’autre sous les encouragements bruyants de leurs partisans, Bruno
Pierri et Honoré Beaudoin s’interposèrent et les repoussèrent vers leur groupe
respectif. Des cris effarouchés des femmes ameutèrent les autres personnes
présentes à qui l’altercation avait échappé.
    – Aie ! Ça
va faire ! dit le président de la fabrique. Attendez-vous que monsieur le
curé vienne s’en mêler ? Vous êtes devant l’église et vous donnez tout un
exemple aux jeunes !
    Marthe
Giguère s’approcha précipitamment de son mari et l’entraîna vers leur sleigh. L’épouse
du maréchal-ferrant, une petite femme autoritaire, ordonna à son mari d’une
voix cassante de la ramener à la maison immédiatement.
    – Cré maudit !
se moqua Antonius Tougas, j’en connais un qui va se faire parler dans la face
en rentrant à la maison.
    – Il sera pas
le seul, affirma Yvette Veilleux en faisant signe à son mari qu’elle voulait
retourner à la maison, elle aussi.
    Le
couple retourna vers la sleigh familiale où les garçons et Céline l’attendaient
déjà. Durant tout le trajet de retour, il ne se dit pratiquement rien dans le
véhicule. Les passagers et le conducteur étaient trop occupés à se protéger le
visage du froid pour avoir envie d’échanger. En passant devant chez Germain
Fournier, Céline aperçut le jeune cultivateur sortant de son écurie. Elle
détourna la tête.
    À leur arrivée à
la maison, la jeune fille et ses frères enlevèrent leurs manteaux et leurs bottes . Leur mère se dirigea immédiatement vers
sa chambre pour aller changer de robe.
    – Allez
ôter votre linge propre, ordonna-t-elle à ses enfants avant de refermer derrière
elle la porte de sa chambre. On va dîner dans cinq minutes.
    Quand
Ernest Veilleux pénétra dans la cuisine après avoir dételé le cheval, la vue de
Céline en train d’aider sa sœur Anne à servir le repas lui fit penser à Germain
Fournier.
    – Est-ce que
Germain Fournier est allé te parler après la messe ? demanda-t-il à sa
fille en prenant place à table.
    – Qu’est-ce
qu’il lui voulait ? demanda Yvette, surprise par la question de son mari.
    – J’ai oublié
de te le dire, fit son mari. Quand notre voisin est venu me parler après la
messe, t’étais déjà en train de jaser avec Emma Tougas et d’autres femmes. Germain
voulait savoir si j’étais d’accord pour qu’il vienne veiller avec notre fille.
    – Avec Céline ?
    – Vois-tu une
autre de nos filles en âge de recevoir ? s’impatienta Ernest.
    – Puis ?
    – Puis je lui
ai dit qu’il avait juste à lui demander si elle voulait. Qu’est-ce que je
pouvais lui répondre ?
    Le
père et la mère tournèrent la tête vers leur fille, attendant sa réponse.
    – Il est venu
me voir, p’ pa. Mais je lui ai dit que je me trouvais
encore trop jeune pour avoir un cavalier.
    – Trop jeune
à vingt ans ! s’exclama Ernest, apparemment déçu par la décision de sa
fille.
    – Je le
connais pas, moi, Germain Fournier. En plus, je le trouve trop vieux pour moi
et il est pas bien beau.
    Anne ricana, mais
un regard meurtrier de son père la fit taire.
    – C’est une
belle tête folle qu’on a là ! s’emporta Ernest Veilleux en s’adressant à
sa femme. Fournier a pas plus que trente ans et il a une terre et une maison à
lui.
    – Si t’avais
accepté de le recevoir, t’aurais appris à le connaître, ma fille, reprit sa
mère avec plus de douceur. Je suis certaine que Germain est pas un mauvais garçon.
    – J’ai juste
vingt ans, m’man, plaida la jeune fille.
    – Attends-tu
de te réveiller vieille fille comme la Claire Tremblay d’à côté pour te mettre
à te chercher un mari ? lui demanda son père, hargneux. Tu vas vite t’aper-cevoir
que les hommes aiment pas mal plus les femmes jeunes que celles qui ont coiffé
la sainte Catherine.
    – Puis, qu’est-ce
que la beauté vient faire là-dedans ? demanda à son tour Yvette Veilleux à
sa fille. Un homme a pas besoin d’être beau.

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