Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
Vom Netzwerk:
D’abord qu’il est vaillant et qu’il
a du cœur, c’est tout ce dont une femme peut rêver.
    – J’espère, en
tout cas, que tu regretteras pas un jour d’avoir refusé qu’il te fréquente, conclut
son père sur un ton tel qu’il mettait fin à la discussion.
    Lorsque
les jeunes eurent quitté la cuisine après le dîner, Yvette put enfin dire à son
mari ce qu’elle avait sur le cœur depuis la scène au village.
    – Tu trouves
pas que t’aurais pu éviter de jeter de l’huile sur le feu après la messe ?
lui demanda-t-elle, mécontente.
    – De quoi tu
parles ? dit Ernest en vidant la cendre de sa pipe dans le poêle.
    – Fais donc
pas l’innocent, Ernest Veilleux ! Comme si tu savais pas ce que je veux
dire ! Je suis sûre que c’est toi qui as poussé Crevier à étriver le maire
avec l’affaire du pont…
    – Tu racontes
n’importe quoi, la coupa son mari.
    – Laisse
faire. Ça me surprendrait même pas que t’aies encouragé Adélard Crevier à tout
inventer juste pour faire enrager les rouges. En tout cas, s’il y a plus moyen
de se parler comme du monde après la messe, on reviendra tout de suite après, comme
des sauvages.
    Ernest
ne se donna pas la peine de répondre. Il haussa les épaules avant de bourrer sa
pipe avec du tabac qu’il avait haché la veille.

Chapitre13
Noël
    La
semaine précédant Noël fut une période d’intense activité dans presque tous les
foyers de la paroisse. La température fléchit un peu et quelques chutes de
neige sans conséquence vinrent napper le paysage d’une nouvelle couche de blanc.
    Chez les Tremblay,
Thérèse et Claire avaient entrepris de cuisiner pour les fêtes pendant qu’Eugène
et ses deux fils allaient bûcher pratiquement chaque jour, malgré l’épaisseur
de la neige dans le sous-bois. À la demande de sa mère, Gérald avait rapporté
un sapin dès la première journée durant laquelle il avait accompagné son père
dans le bois. Le soir même, Claire, aidée de sa jeune sœur Jeannine, avait
décoré l’arbre avec des guirlandes un peu défraîchies et des petits bas rouges
découpés dans du feutre.
    –  Quand Aline va tomber en vacances, annonça
la mère quelques jours avant Noël, elle va faire un peu de ménage en haut avec
Jeannine. À quinze et dix ans, elles sont capables de nous donner un coup de
main.
    Chez les Veilleux,
les occupations étaient identiques. Yvette et ses deux filles cuisinaient déjà
depuis quelques jours pour être en mesure de nourrir la parenté qu’on allait
recevoir durant le temps des fêtes. Pour la plus grande joie de la mère, Albert
et Maurice avaient écrit qu’ils viendraient célébrer Noël avec la famille et
deux frères d’Ernest habitant Sorel s’étaient déjà invités à souper le son du
jour de l’ An .
    Par conséquent, la
maison des Veilleux embaumait de toutes sortes d’odeurs appétissantes qui faisaient
saliver Adrien, Léo et Jean-Paul à leur retour de l’école, chaque après-midi.
    Après avoir
confectionné une douzaine de pâtés à la viande et des tartes au sucre, aux
raisins, aux dattes, aux œufs et à la mélasse, les cuisinières avaient préparé
du ragoût et fait cuire deux gros jambons qui avaient été fumés par Germain Fournier.
De plus, Yvette avait tenu à faire cuire des brioches à la cannelle et
plusieurs douzaines de beignes. Le matin de la veille de Noël, toutes les
provisions étaient prêtes et les jeunes piaffaient d’impatience devant toutes
ces bonnes choses qu’on avait entreposées au froid, dans la cuisine d’été.
    – Il reste
juste à faire du sucre à la crème et du fudge, les filles, déclara Yvette, satisfaite.
Vous all ez
vous en occuper pendant que
je vais voir si les chambres sont assez propres en haut.
    – On pourrait
peut-être goûter aux beignes, suggéra Jérôme pour taquiner sa mère. Tout d’un
coup qu’ils sont pas mangeables, Albert et Maurice vont aller raconter ça à
tout le monde dans la parenté.
    – Laisse
faire, toi, le rembarra Céline. Ça a été assez d’ouvrage à faire tout ce
manger-là, on te laissera pas toucher à rien avant le réveillon. Je te le
garantis.
    – C’est pas
Marcelle qui aurait dû entrer chez les sœurs, répliqua l’adolescent, c’est toi.
T’es bête comme tes pieds.
    – Mon espèce
d’effronté ! lui dit Céline en le menaçant d’une grande cuillère.
    –  P’ pa, est-ce qu’on va bûcher cet avant-midi ?
demanda l’adolescent à son

Weitere Kostenlose Bücher