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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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poussés vers l’ouest par un
vent léger.
    En rentrant de la
grand-messe à laquelle il avait assisté avec sa femme et trois de ses enfants, Eugène
Tremblay trouva ses autres enfants dans la grande cuisine. On attendait
visiblement son retour de l’église pour lui demander sa bénédiction paternelle.
À titre d’aînée, Claire s’avança vers lui.
    –  P’ pa, voulez-vous nous bénir ? lui
demanda-t-elle en faisant signe à ses frères et sœurs de s’approcher.
    Ému, comme chaque
année, le père de famille laissa le temps à ses enfants de s’agenouiller devant
lui avant de les bénir solennellement. Il adressa ensuite à chacun ses vœux de
bonne année. Pendant ce temps, Thérèse, non moins émue que son mari, se tenait
debout près du poêle.
    – On mange et,
après ça, il y aura peut-être des étrennes pour les plus fins, déclara-t-elle.
    Après
un solide repas, la mère sortit de sa chambre à coucher des petits paquets soigneusement
enveloppés.
    À
part les coffres à crayons destinés à Lionel et à Jeannine, tous les autres cadeaux
étaient des tuques et des moufles tricotées en cachette, le soir, par Thérèse. Pour
leur part, les enfants avaient mis ensemble leurs économies pour acheter chez
Murray, à Pierreville, une pipe et une blague à tabac pour leur père ainsi qu’un
chapelet en pierre du Rhin pour leur mère.
    Au début de l’après-midi,
il y eut une première surprise quand vint le temps de savoir qui demeurerait à
la maison pour faire le train du soir. Pour la première fois depuis longtemps, les
Tremblay ne recevaient pas au jour de l’ An puisqu’ils
étaient invités à Saint-Zéphirin. Celui qui resterait ne pourrait même pas
avoir la chance de rejoindre la fête, faute de moyen de transport. La famille
allait prendre la sleigh, et le berlot et on allait atteler les deux chevaux. Comme
il n’était pas question de franchir à pied la douzaine de milles séparant Saint-Jacques-de-la-Rive
de Saint-Zéphirin, il n’y aurait pas de fête pour celui qui resterait pour
traire les vaches et nourrir les animaux.
    – On va faire
un tirage entre Gérald et Clément, déclara le père.
    – Pourquoi on
ajoute pas le nom de Claire aussi ? demanda Gérald. Elle est capable, comme
nous autres, de faire le train.
    – C’est pas
la place d’une fille de rester toute seule à la maison, intervint sèchement sa
mère. En plus, on va avoir besoin d’elle pour aider à servir le repas.
    – Je vous dis
qu’il y a des fois que moi aussi, j’aimerais ça être une fille, dit l’adolescent
avec humeur.
    – C’est vrai
que ça te ferait pas mal bien, une belle petite robe, le taquina Aline.
    – C’est pas
nécessaire de faire un tirage, p’ pa, dit
tranquillement Clément Tremblay. Je vais rester.
    – Tu vas
rester ! s’exclama sa mère, surprise de voir son fils aîné renoncer aussi
facilement au plaisir de danser et de s’amuser.
    Pendant
un court instant, Thérèse Tremblay regarda son fils avec un rien de soupçon. Son
Clément était un joyeux luron qui aimait habituellement les fêtes. Le voir renoncer
volontairement à une veillée ne pouvait que cacher quelque chose. Mais quoi ?
Comme la décision semblait remplir Gérald de joie, la mère préféra ne pas chercher
à en savoir plus.
    Après avoir remis
un peu d’ordre dans la cuisine, la famille Tremblay fît de grands frais de toilette avant de
monter à bord de la sleigh et du berlot. Claire monta avec son père et sa mère
dans le premier véhicule tandis que les autres s’entassèrent dans le second, que
conduirait Gérald.
    – Attends-nous
pas pour te coucher, crut bon de préciser Eugène à son fils Clément. On sait
pas à quelle heure ça va finir, cette veillée-là.
    – Tu vas
avoir quand même un bon souper, lui fit remarquer sa mère. Je t’ai sorti de la
tourtière et du poulet. T’auras juste à les faire réchauffer après avoir fait
le train.
    Une
heure plus tard, Germain Fournier entrait dans son étable dans l’intention de
traire ses vaches et de les nourrir très tôt ce jour-là. Depuis le matin, il se
demandait s’il devait ou non donner suite à la proposition d’Agathe Cournoyer
et de l’autre servante. Il craignait d’avoir été invité par pitié et d’être l’objet
d’un acte purement charitable, ce qu’il trouvait très humiliant.
    – J’y vais
pas ! s’était-il dit cent fois. Je ferai pas rire de moi une autre fois !
    Pourtant, plus la

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