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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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main sur le bras de son mari.
    – Tu pourrais
peut-être demander à Céline ce qu’elle en pense, suggéra-t-elle à mi-voix à son
mari, en adressant en même temps un sourire d’encouragement au prétendant qui
avait perdu beaucoup de sa superbe.
    – Torrieu !
jura Ernest. Il y a pas quinze jours, elle a dit au petit Fournier qui voulait
venir veiller avec elle qu’elle était pas prête à recevoir un cavalier. Je vois
pas pourquoi elle serait plus prête aujourd’hui.
    – Voyons, Ernest !
fit sa femme en lui faisant de gros yeux.
    – OK, accepta
le cultivateur, à contrecœur.
    Le père aperçut alors sa fille assise à faible distance et il lui fit
signe de s’approcher.
    –  Le petit
Tremblay vient de me demander la permission de venir veiller avec toi, lui
dit-il abruptement en laissant voir son mécontentement. Qu’est-ce que t’en
penses ?
    Céline,
moqueuse, regarda Clément Tremblay un court instant avant de répondre :
    – Je sais pas
trop, p’ pa. Si c’est juste pour ce soir, je suis
peut-être capable de l’endurer une couple d’heures. S’il est pas endurable, je
pourrai toujours le renvoyer chez eux.
    – Arrange ça
avec ta mère, je dois aller servir de la boisson, finit par déclarer Ernest
sans faire preuve d’un plus grand sens de l’hospitalité.
    Sur
ces mots, le petit homme tourna les talons et retourna dans la cuisine d’été où
son retour fut salué par des cris.
    – Occupe-toi
pas trop de l’humeur de mon mari, recommanda Yvette Veilleux au jeune homme
après le départ de son mari. Il est pas méchant pour deux cennes ; il est
juste aussi rancunier que ton père. Céline va te montrer où déposer ton manteau.
    Sur ce, l’hôtesse, vêtue de sa plus belle robe, s’éloigna
des deux jeunes gens. Céline entraîna son amoureux jusqu’à la porte de la
chambre de ses parents où les manteaux des visiteurs étaient empilés en
désordre sur le lit.
    – On peut pas
dire que tu m’as ben gros aidé, se plaignit Clément avec un sourire contraint.
    – Je connais
mon père, plaida Céline en lissant d’une main sa jupe rouge vin. Si je m’en
étais mêlée, il aurait sauté sur l’occasion pour dire non.
    – Je t’avais
ben dit que je viendrais te voir au jour de l’ An ,
se targua Clément qui reprenait de l’aplomb à vue d’œil.
    – Vante-toi
pas trop vite, Clément Tremblay. Organise-toi d’abord pour que mon père accepte
que tu restes toute la soirée. En attendant, viens, je vais te présenter à la
parenté.
    Quelques
heures plus tôt, la famille Tremblay était arrivée chez Henri Delisle, à
Saint-Zéphirin. L’énorme maison du cultivateur avait été prise d’assaut depuis
le début de l’après-midi par toute la parenté, autant celle du maître de maison
que celle de sa femme, Louisette Durand. Après les souhaits et les embrassades
auxquels on ne pouvait échapper en ce premier jour de la nouvelle année, les
femmes s’étaient installées dans la cuisine, tandis que les hommes avaient
envahi le salon. Les jeunes avaient préféré s’isoler dans la grande cuisine d’été
où les hôtes avaient allumé le poêle à bois pour l’occasion.
    Thérèse avait été
déçue de ne pas voir son frère Hervé et sa famille en arrivant. Sa sœur
Louisette l’avait vite rassurée.
    – Inquiète-toi
pas, il doit être ici pour le souper. Il m’a écrit il y a trois jours pour me
dire qu’il serait dans le train de cet après-midi. J’ai envoyé mon Etienne l’attendre
à la gare avec le berlot.
    Pendant que les enfants s’empiffraient de sucre à la crème et de
fondant au chocolat, Henri Delisle offrait des tournées de caribou aux hommes
et de vin de cerise aux femmes. Au-dessus des têtes, un épais nuage de fumée de
tabac flottait. Armand Durand, le violoneux de la famille, invitait les gens
présents à danser un « set carré ».
    Dans le salon, on
discutait politique, loin des oreilles indifférentes des femmes.
    – Vous avez
vu comment ça a pas pris de temps pour que tout aille mieux depuis que les
bleus sont plus au pouvoir à Ottawa ? demanda le vieux Constant Gélinas, organisateur
libéral dans le comté.
    – C’est
sûr qu’il y a personne ici qui va les regretter, reprit Wilfrid Giguère. Depuis
que le premier ministre Horden a refusé d’exempter du service militaire les fils
de cultivateurs en 18, on savait tous que son chien était mort, pas vrai ?
    – Il y a rien
de plus hypocrite

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