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Les années folles

Les années folles

Titel: Les années folles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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a
tomber.
    Chez les Tremblay,
Clément avait, lui aussi, soigné les animaux assez tôt pour se garder
suffisamment de temps pour faire sa toilette et s’endimancher après avoir soupé.
Maintenant que le moment était venu de passer à l’action, il se sentait beaucoup
moins assuré qu’il ne l’était lorsqu’il avait promis à Céline de se présenter
chez elle au jour de l’ An pour
forcer son père à accepter qu’il la fréquente. Ce qui lui avait semblé tout
simple alors paraissait brusquement pas mal hasardeux. Les risques de se faire
fermer la porte au nez avec pertes et fracas devant tous les invités existaient
bel et bien, et la dernière chose que Clément désirait était bien de perdre la
face devant la jeune fille.
    Depuis le départ
de sa famille pour Saint-Zéphirin, le jeune homme n’avait cessé de lorgner du
côté des Veilleux où il avait vu arriver des invités depuis le milieu de l’après-midi.
Il y aurait beaucoup de monde chez les voisins. L’imagination galopante du jeune
soupirant ne cessait d’inventer des scénarios, et il avait de moins en moins
envie de risquer l’aventure.
    Finalement, un peu
après sept heures, il prit son courage à deux mains et décida de se rendre à
pied chez sa belle.
    – Le pire qui
peut m’arriver, se répéta-t-il cent fois en marchant sur la route, c’est que le
bonhomme me claque la porte au nez. Pis après ? Au moins, j’aurai essayé.
    Dès qu’il approcha
de la maison, il entendit les bruits des conversations mêlés aux sons d’un violon et d’un accordéon. Des cris
et des rires fusaient. De toute évidence, le souper était terminé et on avait
commencé à danser. Les jambes un peu molles et plein d’appréhension, Clément
Tremblay se décida à aller frapper à la porte. Il attendit quelques instants
avant de recommencer plus fort quand il se rendit compte qu’on ne l’avait
probablement pas entendu. Au moment où il allait frapper à nouveau, la porte s’ouvrit
sur Maurice Veilleux. La soutane noire du
jeune frère mariste avait quelque chose d’incongru dans cette fête bruyante.
    – Entre, dit-il
en reconnaissant Clément. Si je laisse la porte ouverte, les enfants vont
attraper leur coup de mort.
    Au
même moment, une demi-douzaine d’enfants apparurent près de Maurice. Ils se
poursuivaient en criant, Clément s’empressa d’entrer dans la pièce surchauffée
et il demeura, emprunté, debout sur le paillasson. La plupart des invités n’avaient
pas remarqué son arrivée. La table avait été repoussée dans un coin de la
grande cuisine et les gens étaient assis sur des chaises et des bancs placés tout
autour de la pièce. Au centre, une dizaine de danseurs tourbillonnaient.
    – J’aimerais
dire deux mots à ton père, si c’est possible, déclara Clément, de moins en
moins à l’aise au milieu de tout ce tohu-bohu.
    – Attends, je
vais aller te le chercher. Il est en train de jaser avec mes oncles dans la
cuisine d’été.
    Durant
la courte absence de l’ecclésiastique, Céline, assise aux côtés d’une cousine, adressa
un signe discret de reconnaissance au visiteur, mais elle ne fit pas un mouvement
pour s’approcher de lui. Brusquement, le jeune homme se retrouva en face d’Ernest
Veilleux dont les sourcils froncés disaient assez le mécontentement qu’il
prouvait à voir un Tremblay, chez lui, debout sur son paillasson.
    – Oui ? demanda-t-il
sur un ton peu amène.
    Yvette
Veilleux s’était approchée des deux hommes, tout en demeurant un pas derrière
son mari. La taille imposante d’Yvette faisait écran et empêchait tout invité
trop curieux de voir ce qui allait se passer.
    – Je viens
vous souhaiter une bonne année et le paradis à la fin de vos jours, monsieur
Veilleux, fit Clément Tremblay d’une voix un peu chevrotante, en tendant la
main au voisin irascible.
    Ce
dernier ne put faire autrement que de saisir la main tendue vers lui.
    – Pareillement,
répondit Ernest par automatisme et sans aucune chaleur.
    Clément
Tremblay chercha de l’aide du regard autour de lui avant de se jeter résolument
à l’eau.
    – J’aurais
voulu aussi vous demander…
    – Quoi ?
demanda sèchement Ernest Veilleux, dont les yeux le fixaient avec dureté.
    – J’aurais
voulu vous demander la permission de… de fréquenter Céline, monsieur Veilleux.
    – Rien que ça !
s’exclama le voisin qui semblait sur le point d’exploser.
    Yvette
fit un pas en avant et posa une

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