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Les autels de la peur

Les autels de la peur

Titel: Les autels de la peur Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Margerit
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militaire de la Commune, était un des grands promoteurs de cette mesure. Claude l’avait approuvé. En outre, afin d’armer et d’entretenir ce corps, le Conseil général avait établi une imposition forcée sur tous les citoyens de Paris, suivant leurs ressources, à partir de mille francs. L’impôt s’élevait à proportion : trente francs sur un revenu de mille, vingt mille pour un revenu de cinquante mille. Au-delà de cinquante mille, on en gardait trente et l’on devait verser tout le reste. Ceux qui ne satisferaient pas à cette contribution patriotique seraient déclarés suspects, leurs biens saisis et vendus.
    Bien que, le 4 mai, la Montagne, cédant à la pression des Enragés, eût fait décréter le maximum pour le prix des grains, la population avait très mal reçu ces nouveaux arrêtés. Les sections jacobines déclaraient qu’on ne partirait pas tant qu’il resterait à Paris des fédérés et des troupes soldées dont la Convention se faisait une garde du corps. Les sections bourgeoises protestaient contre l’énormité de cet impôt. Les clercs, les commis, les garçons de boutique, visés directement par la levée, proclamèrent qu’ils ne marcheraient pas. Ils s’ameutaient dans les rues, sur les places, criant : « À bas les Jacobins ! À bas la Montagne ! » Pour vaincre cette résistance, Hébert et Chaumette avaient reconstitué, illégalement, l’assemblée de l’Évêché. À quoi la droite de la Convention répliquait à cette heure en demandant que la municipalité de Paris fût cassée et remplacée. Tumulte de la Montagne et des tribunes. Marat clamait : « Messieurs les épiciers, les notaires, les commis, conspirent avec Messieurs du côté droit et avec Messieurs les riches, pour combattre la Révolution. Il faut les arrêter tous comme suspects, il faut les réduire à la classe des sans-culottes en ne leur laissant pas de quoi se couvrir le derrière ! » Danton, approuvant les décisions de la Commune, demandait que la Convention les fît siennes. La Gironde redoubla de protestations, et cette première séance aux Tuileries s’acheva dans l’anarchie habituelle.
    Le soir, un rapport des commissaires à l’armée du Nord parvint au pavillon de l’Égalité : Dampierre, atteint par un boulet en attaquant les Autrichiens dans les bois de Saint-Amand, était mort. Le général Delmay avait ramené les troupes, en bon ordre, au camp de Famars et couvrait Valenciennes. Les commissaires l’avaient provisoirement investi du commandement, ils attendaient la décision du Comité. Une vive discussion s’ensuivit. Claude voulait que l’on mît positivement Bernard à la tête de l’armée du Nord. Delmas et Delacroix, chargés spécialement de la Guerre, ne partageaient point cet avis. Le général Delmay leur paraissait trop jeune et inexpérimenté pour un pareil commandement.
    « Il a fait ses preuves, répliqua Claude.
    — Comme chef de bataillon et comme brigadier. Certes, c’est un excellent soldat, mais lui confier une armée ! Il n’est seulement pas divisionnaire. »
    Delmas, ancien officier de la milice toulousaine et aide-major de la garde nationale, subissait le prestige des généraux de l’ancienne armée, instruits à l’École militaire.
    « Delmay, dit Claude, s’est montré capable non seulement de commander une division mais de la constituer avec des troupes en débandade, de faire échec avec elles à la tentative du traître Dumouriez et de fournir à Dampierre, depuis un mois, un de ses meilleurs corps.
    — Cela est vrai, avoua Delacroix qui avait été en rapports avec Bernard à Bruxelles. J’ai la plus grande estime pour le citoyen Delmay. Il faut l’élever au grade de divisionnaire dont il remplit de fait la fonction sans en avoir le titre.
    — Et appeler Custine à l’armée du Nord, conclut Delmas.
    — Ah ! toujours vos généraux aristocrates ! Je vous propose un patriote dont nous sommes sûrs, vous me répondez par un ci-devant comte, et surtout un politique.
    — Je te réponds, dit Delmas en s’animant, par un homme qui a déjà battu les coalisés. N’a-t-il pas remporté victoire sur victoire avec l’armée du Rhin ? N’a-t-il pas pris Worms, fait capituler Mayence, atteint Francfort ? N’est-ce pas lui qui s’est avancé le plus loin en territoire ennemi ? »
    Danton intervint. « Allons, Claude, tu te laisses séduire par ton amitié pour Delmay. Je connais ses mérites, mais enfin

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