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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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savaient n’être pas à dédaigner, ou le perdraient pour toujours. – Quant à cette objection, que mon ami est un étranger et un Écossais, ajouta-t-il, comme le révérend ministre et le savant jurisconsulte viennent de le faire observer, vous devez faire attention à la cause qui en a fait une victime de la persécution ; c’est pour avoir donné une bastonnade, non à un Anglais, mais à un de ses compatriotes. Quant à moi, continua-t-il en touchant légèrement lord Glenvarloch pour lui donner à entendre qu’il ne parlait qu’en plaisantant, quand tous les Écossais qui sont à Londres se battraient en bataille rangée comme des Irlandais, et se tueraient jusqu’au dernier, il me semble que le survivant aurait des droits à notre gratitude pour avoir rendu un tel service à la pauvre vieille Angleterre.
    Des éclats de rire prolongés et des applaudissemens bruyans suivirent cette ingénieuse apologie de Lowestoffe, tendant à faire pardonner à son ami sa qualité d’étranger ; et le Templier en profita pour faire au conseil une autre proposition fort adroite.
    – Je sais, dit-il, que l’usage invariable des pères de cet ancien et honorable État est de délibérer mûrement et à loisir sur toutes leurs affaires, en ayant soin de se rafraîchir le jugement par un nombre de libations convenable. À Dieu ne plaise que je vous propose d’enfreindre une coutume si louable, ou que je prétende qu’une affaire telle que celle-ci ait été constitutionnellement méditée et pesée pendant qu’on vidait un misérable gallon de vin ; mais comme il doit être indifférent à cet honorable conclave de boire d’abord et de délibérer ensuite, ou de commencer par délibérer et de finir par boire, je propose à Votre Grâce, d’après l’avis de vos sages et puissans sénateurs, de rendre d’abord l’édit, accordant à mon digne ami les immunités de l’Alsace, et de lui fixer, suivant vos sages réglemens, un logement où il se retirera sur-le-champ, fatigué comme il l’est d’une journée qui a été chaude pour lui ; après quoi je vous ferai monter un quartaut de vin du Rhin, accompagné d’une quantité proportionnée de langues de bœuf et de harengs salés, pour vous rendre tous aussi glorieux qu’un George-a-Green {93} .
    Cette proposition fut généralement applaudie.
    On ferma aussi la bouche aux dissidens, s’il pouvait exister dans le sénat de l’Alsace quelques membres capables de résister à une ouverture si flatteuse. Les mots – excellent cœur ! noble dignitaire du Temple ! brave et généreux garçon ! – passaient de bouche en bouche. Le nom du pétitionnaire fut sur-le-champ inscrit sur le registre, et le digne doge lui fit prêter le serment d’usage, qui était en vers, comme les lois des douze tables, comme celles des anciens Cambro-Bretons, et de toutes les nations primitives. Il était conçu ainsi qu’il suit :
    Sur nos barils, nos robinets,
    Nos ceinturons et nos rapières,
    Tu fais serment d’être à jamais
    Le champion de tous nos frères ;
    D’être un mur contre les huissiers
    Qui nous feraient quelques querelles,
    La terreur de nos créanciers,
    Et le chevalier de nos belles.
    Nigel n’éprouvait que du dégoût pour cette grave momerie ; mais son ami, le voyant sur le point d’en donner des marques trop évidentes, lui dit tout bas qu’il était trop avancé pour reculer, et lord Glenvarloch fit un signe d’assentiment lorsque la formule fut terminée. Le duc procéda alors à l’investir des privilèges et immunités de l’Alsace, en prononçant les vers suivans :
    Contre le bout de doigt maudit
    Qui, rien qu’en te touchant l’épaule,
    Par ce seul geste l’avertit
    Que tu vas coucher à la geôle ;
    Contre tout constable, recors,
    Huissier, bailli, prévôt et garde,
    Qui viendraient pour te prendre au corps,
    Je t’accorde une sauvegarde.
    De notre confraternité
    Je t’imprime le caractère
    En te donnant la liberté
    Dont jouit ici chaque frère.
    Tu pourras être en un seul jour
    Trompeur et trompé tour à tour.
    Si l’on te bat, tu pourras battre.
    Veux-tu jurer, à toi permis.
    Permis de boire autant que quatre,
    Et de trébucher étant gris.
    Si l’on insulte ta maîtresse,
    Tu n’as pas un poignard pour rien ;
    Et si la fortune traîtresse
    Ne te traite pas assez bien,
    Songe qu’à la force l’adresse
    Prête souvent un bon soutien.
    Les dés qu’adroitement on pipe
    Pour toi ne seront pas

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