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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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monter sur une mule bien harnachée, et se faire suivre par deux habits bleus.

CHAPITRE V.
    « Pourquoi donc tardez-vous à venir à la cour ?
    « Savez-vous qu’il n’est pas de plus brillant séjour ?
    « C’est là que l’opulence à plaisir se déploie,
    « Et qu’on voit briller l’or sur des habits de soie.
    « Le fou parle, et le sage écoule son jargon ;
    « Le brave est coudoyé par plus d’un fanfaron :
    « Plus d’un complot en silence s’y forge,
    « Et c’est en chuchotant qu’on y coupe la gorge.
    « Pourquoi donc tant tarder à venir à la cour ?
    « Il n’est pas, dit Skelton, un plus brillant séjour. »
    Skelton qui skeltonise.
     
    Ce n’était pas tout-à-fait par vaine parade que notre bienveillant citadin avait fait venir sa mule et donné ordre à deux domestiques de le suivre ; ce qui, comme le lecteur l’a vu, avait un peu remué la bile de dame Christie, dont, pour lui rendre justice, tout le dépit s’exhala dans le petit soliloque que nous avons rapporté. Le brave homme, outre le désir naturel de maintenir l’extérieur convenable à un riche marchand, se rendait à Whitehall pour montrer au roi Jacques une pièce d’argenterie d’un travail précieux, qu’il croyait que Sa Majesté serait charmée de voir et pourrait peut-être même acheter. Il avait pris sa mule caparaçonnée, pour parcourir plus aisément des rues étroites, malpropres, et remplies d’une foule toujours renaissante. Tandis qu’un domestique portait sous son bras la pièce d’argenterie enveloppée dans un morceau de serge rouge, deux autres veillaient à sa sûreté ; car tel était l’état de la police de la capitale, qu’on y était souvent publiquement attaqué dans les rues par esprit de vengeance ou de cupidité ; et ceux qui avaient quelque chose à craindre sous l’un ou l’autre de ces deux rapports avaient toujours soin, si leur fortune le leur permettait, de se faire accompagner par quelques gens armés. Cette coutume, adoptée d’abord seulement par les grands et les gentilshommes, s’était étendue peu à peu à tous les citoyens qui étant connus pour porter avec eux quelques objets précieux auraient pu devenir un objet de spéculation pour les voleurs des rues.
    En se rendant à Whitehall avec ce cortège, maître Georges Heriot s’arrêta à la porte de la boutique de son compatriote le vieil horloger ; et, ayant chargé Tunstall, qui était à son poste, de remettre sa montre à l’heure juste, il demanda à parler à son maître. Le vieux mesureur du temps, ayant été averti, sortit de sa caverne, le visage semblable à un buste de bronze noir de poussière, et brillant çà et là de quelques paillettes de cuivre. Son esprit était tellement occupé des calculs auxquels il venait de se livrer, qu’il regarda son ami l’orfèvre pendant une minute avant de paraître savoir qui se présentait devant lui, et comprenant à peine l’invitation que lui faisait Heriot de venir dîner chez lui le lendemain, à midi, avec la jolie mistress Marguerite sa fille, en lui annonçant qu’il y trouverait un jeune lord leur concitoyen.
    – Je trouverai bien le moyen de te faire parler, pensa Heriot en voyant que son ami ne lui répondait pas : Voisin David, ajouta-t-il en changeant tout à coup de ton et en élevant la voix, dites-moi quand nous ferons le règlement du lingot d’argent que je vous ai fourni pour monter l’horloge du château de Théobalds, et pour la pendule que vous avez faite au duc de Buckingham. J’ai eu à satisfaire la maison de commerce espagnole, et ai-je besoin de vous rappeler que vous êtes en arrière de huit mois ?
    Il y a quelque chose de si aigre et de si désagréable dans le son de la voix d’un créancier qui demande positivement ce qui lui est dû, qu’aucune oreille, quoique inaccessible à tout autre bruit, n’a le tympan assez dur pour y résister. David Ramsay tressaillit, sortit de sa rêverie, et répondit avec un ton d’humeur : – En vérité, Georges, voilà bien du bruit pour environ cent vingt livres ; tout le monde sait que je suis bon pour payer ce que je dois, et vous-même vous m’avez dit que vous attendriez jusqu’à ce que Sa très-gracieuse Majesté et le noble duc eussent réglé leur compte avec moi. Vous devez savoir, par votre propre expérience, que je ne puis aller hurler à leur porte comme un grossier montagnard, ainsi que vous venez le faire à la mienne.
    Heriot se mit à rire,

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