Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
Vom Netzwerk:
couvrait, ce qui paraissait extraordinaire à une époque où les femmes de toutes les conditions portaient ce qu’on appelait une parure de tête, plus ou moins riche, suivant leurs moyens. Elle était vêtue d’une robe blanche de la forme la plus simple, et qui couvrait toute sa personne à l’exception de son cou, de sa tête et de ses mains. Elle était si élégante et si bien proportionnée, que les yeux de ceux qui la voyaient ne songeaient pas à y trouver un défaut. En opposition à l’extrême simplicité de tout le reste de son costume, elle portait un collier qui aurait pu faire envie à une duchesse, tant les gros brillans qui le composaient étaient éclatans. Sa ceinture ornée de rubis n’était guère de moindre valeur.
    Quand cette figure singulière entra dans l’appartement, elle jeta les yeux sur Nigel, et s’arrêta un instant, comme si elle n’eût su si elle devait avancer ou se retirer ; car ses regards semblaient annoncer l’incertitude et l’hésitation plutôt que la honte et la timidité. La tante Judith la prit par la main, et la conduisit vers la compagnie. Ses yeux noirs continuaient à être fixés sur Nigel, avec une expression de mélancolie dont il se sentit étrangement affecté. Même quand elle se fut assise sur le tabouret qui probablement lui avait été préparé, elle le regarda encore plus d’une fois avec le même air pensif, inquiet et réfléchi, mais sans aucun mélange d’embarras ou de timidité, et sans que cette attention soutenue appelât sur ses joues le moindre coloris.
    Dès que cette femme étrange eut pris le livre de prières qui était sur un coussin placé devant elle, ses devoirs religieux parurent l’occuper exclusivement ; et, quoique l’attention que Nigel désirait donner aux prières fût tellement détournée par cette apparition extraordinaire, qu’il ne put s’empêcher de la regarder bien souvent pendant que le ministre les prononçait, il ne vit pas une seule fois ses yeux se lever du livre qu’elle tenait en main, et rien n’annonça en elle la plus légère distraction. Nigel, au contraire, en eut beaucoup, car l’apparence de cette dame était si extraordinaire, que, quoique son père l’eût habitué à donner la plus grande attention au service divin, il était troublé malgré lui par la présence de cette inconnue, et il attendait avec impatience la fin de la prière, dans l’espoir de pouvoir satisfaire sa curiosité.
    Quand le service fut terminé, et que chacun, suivant la pratique édifiante de l’Église, eut passé quelques instans dans le recueillement d’une dévotion mentale, cette dame mystérieuse se leva la première, et Nigel remarqua qu’aucun des domestiques ne quitta sa place et ne se permit même le moindre mouvement avant qu’elle eût été fléchir un genou devant Heriot, qui sembla lui donner sa bénédiction, en étendant la main sur sa tête, avec un geste et un regard mélancoliques et solennels. Elle salua ensuite mistress Judith, mais sans s’agenouiller devant elle ; et, après avoir accompli ces deux actes de respect, elle sortit de l’appartement : mais à l’instant où elle en sortait, elle fixa encore ses yeux pénétrans sur Nigel, qui se trouva forcé de baisser les siens. Il les leva presque sur-le-champ pour la revoir encore, mais elle était partie, et il n’aperçut plus que le pan de sa robe blanche qui flottait pendant qu’elle se retirait.
    Ce ne fut qu’alors que les domestiques partirent ; on offrit du vin, des fruits et des épices à lord Nigel et au ministre, et celui-ci prit congé de la compagnie. Le jeune lord désirait le suivre, dans l’espoir d’en obtenir l’explication de la scène singulière dont il venait d’être témoin ; mais il fut arrêté par son hôte, qui lui demanda quelques minutes d’entretien dans son comptoir.
    – J’espère milord, lui dit-il quand ils y furent entrés, que vos préparatifs pour vous présenter à la cour sont en bon train, et que vous pourrez y aller après-demain. Ce sera peut-être la dernière fois, d’ici à quelque temps, que le roi recevra publiquement ceux à qui leur naissance, leur rang ou leurs places donnent le droit de se montrer devant lui. Le jour suivant, il va au château de Théobalds ; et dans cette résidence il est tellement occupé de la chasse et d’autres plaisirs, qu’il ne se soucie point d’y être dérangé.
    – Je serai prêt à rendre mes devoirs à Sa Majesté ; mais

Weitere Kostenlose Bücher