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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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une épaule du côté de la confidente.
    – Il faut donc que j’exerce ma science tout de bon. Hé bien, donnez-moi cette jolie main, et je vous dirai par la chiromancie, aussi bien qu’une Égyptienne, de quel pied vous boitez.
    – Comme si je boitais de l’un ou de l’autre ! dit Marguerite avec un air de dédain. Et cependant elle souffrit qu’Ursule lui prît la main gauche, quoiqu’elle continuât à lui tourner le dos.
    – Je n’y vois que des lignes de bonheur, dit Ursule, et rien de fâcheux ne s’y mêle. – Plaisir, – richesse, – de joyeuses nuits, des journées agréables, – un équipage qui fera trembler les murs de Whitehall, – un mari… Ah ! vous souriez ! j’ai donc touché l’endroit sensible. Et pourquoi ne deviendrait-il pas lord-maire, et n’irait-il pas à la cour dans son carrosse doré, comme les autres l’ont fait avant lui ?
    – Lord-maire ! Bah !
    – Et pourquoi dire bah au lord-maire ? Peut-être cela s’adresse à ma prophétie ? – Au milieu des lignes de vie les plus heureuses, il y en a d’autres qui les traversent ; mais quoique je voie dans cette jolie main un bonnet d’apprenti, l’œil noir et brillant qui est en dessous n’a pas son pareil dans tout le quartier de Faringdon-Without.
    – De qui parlez-vous donc ? demanda Marguerite d’un ton sec.
    – Et de qui parlerais-je, si ce n’est du prince des apprentis, du roi de la bonne compagnie, de Jenkin Vincent ?
    – De Jenkin Vincent ! Fi donc ! – Un homme de rien, – un cockney {36}  ! s’écria la jeune fille d’un ton d’indignation.
    – Le vent vient-il de ce côté, la belle ? il a donc bien changé depuis que nous ne nous sommes vues ; car, la dernière fois, il était favorable au pauvre Jin Vin. Le brave garçon est fou de vous. Il a plus de plaisir à voir vos yeux que le premier rayon du soleil le jour de la grande fête du premier de mai.
    – Je voudrais donc que mes yeux eussent, comme le soleil, le pouvoir de l’aveugler, afin de lui apprendre à se tenir à sa place.
    – Il est très-vrai qu’il y a bien des gens qui trouvent que Frank Tunstall vaut bien Jin Vin. D’ailleurs, il est cousin au troisième degré d’un chevalier baronnet, et par conséquent il est de bonne maison. Qui sait si vous n’irez pas vous établir dans le Nord.
    – Cela n’est pas impossible, dame Ursule ; mais ce ne sera pas avec un apprenti de mon père. – Je vous dois bien des remerciemens.
    – Que le diable se charge donc de deviner vos pensées pour moi ! s’écria dame Ursule ; voilà ce que c’est que de vouloir ferrer un cheval qui regimbe, et qui change de place éternellement.
    – Écoutez-moi donc, et faites attention à ce que je vais vous dire. – J’ai dîné en ville aujourd’hui…
    – Je puis vous dire où. – C’était chez votre parrain le riche orfèvre. – Vous voyez que je sais quelque chose. – Et si je voulais, je pourrais vous dire avec qui vous y avez dîné.
    – Vraiment ! s’écria Marguerite en se tournant vers elle avec un air de surprise, et en rougissant jusqu’au blanc des yeux.
    – Avec le vieux sir Mungo Malagrowther. Il s’est fait raser, chemin faisant, dans la boutique de Benjamin.
    – Un vrai épouvantail ! un vieux squelette !
    – C’est bien la vérité, ma chère enfant. C’est une honte qu’on le voie hors du charnier de Saint-Pancrace ; car je ne connais pas de place qui lui convienne si bien, à ce vieux goguenard à bouche sale. – Il disait ce matin, à mon mari.…
    – Quelque chose qui n’a nul rapport à ce qui nous occupe, à coup sûr. Il faut donc que je parle. – Il y avait à dîner avec nous un lord…
    – Un lord ! la pauvre fille a perdu la tête !
    – Un jeune lord écossais, continua Marguerite sans faire attention à cette exclamation…
    – Que la sainte Vierge nous aide ! s’écria la confidente ; elle est tout-à-fait folle ! A-t-on jamais vu la fille d’un horloger devenir amoureuse d’un lord ? – et d’un lord écossais, qui pis est ? On sait qu’ils sont tous fiers comme Lucifer, et gueux comme Job. – Un lord écossais ! J’aimerais autant vous entendre parler d’un colporteur juif. Songez où cela vous conduira, ma belle, avant de vous embarquer dans les ténèbres.
    – C’est ce qui ne vous regarde pas, Ursule ; c’est votre assistance que je vous demande, et non votre avis ; et vous savez que vous ne perdrez pas votre temps

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