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Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions

Titel: Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Boyer
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qui demeure pour toujours – cela étant
dit, si toutes ces choses se taisaient enfin pour éveiller notre oreille à
celui qui les a faites, et si lui-même parlait seul, non à travers ces choses
mais par lui-même, pour que nous entendions sa parole, non dans une
langue de chair, ni par la voix d’un messager, ni par le bruit du tonnerre,
ni par les énigmes des paraboles, mais par lui-même que nous aimons
en elles, et que nous l’entendions alors lui-même sans elles – comme à
présent, dans notre élan, en touchant d’une pensée rapide la sagesse
éternelle qui demeure au-dessus de tout – et si cela se prolongeait et que
disparaissaient les autres visions d’un genre très inférieur, et que celle-là seule capture, absorbe et enfouisse son spectateur dans les joies intérieures, et que la vie éternelle ressemble à ce moment d’intelligence
après lequel nous avons soupiré… n’est-ce pas ça : entrer dans la joie de
son seigneur ?
    Oh mais quand ?
    N’est-ce pas quand tous nous nous relèverons mais sans être tous
changés ?
    26.
    C’est des choses de ce genre que je lui disais, même si ce n’est pas
tout à fait le ton ni les paroles exactes.
    Seigneur, tu sais que ce jour-là, au cours de notre conversation, et que
ce monde avec tous ses plaisirs perdait de sa valeur à mesure que nous
parlions, ma mère dit alors :
    – Fils, pour moi, cette vie n’a plus aucun charme. Que pourrais-je
encore y faire ? Pourquoi suis-je encore là ? Je ne sais pas. Dans ce
monde, pour moi, tout espoir a disparu. Une seule chose me faisait
désirer rester assez longtemps encore dans cette vie : te voir chrétien
catholique avant ma mort. Mon Dieu m’a plus que comblée. Je te vois :
tu es son esclave et tu méprises les satisfactions terrestres. Qu’est-ce que
je fais encore ici ?
    27.
    Ma réponse, je ne m’en souviens pas bien. Mais à peine cinq jours
plus tard, guère plus, elle fut clouée au lit par la fièvre.
    Un jour, dans les affres de la maladie, à bout de forces, elle a un instant perdu conscience de ce qui l’entourait. Nous avons accouru. Elle
venait de reprendre ses esprits. Elle nous a aperçus, mon frère et moi,
et nous a demandé comme si elle cherchait quelque chose : où étais-je ?
Elle a remarqué que nous étions effondrés de chagrin.
    Enterrez votre mère ici, dit-elle.
    Je n’ai rien dit. Je luttais contre l’envie de pleurer. Mais mon frère a
dit quelque chose comme : il vaut mieux pour elle mourir dans sa patrie
plutôt qu’à l’étranger. À ces mots, l’anxiété gagna son visage et elle lui
a lancé un regard réprobateur pour avoir de telles idées. Elle m’a fixé
du regard et m’a lancé : regarde ce qu’il dit. Ajoutant pour tous les
deux : enterrez ce corps n’importe où. Vous ne devez pas vous en
inquiéter. Tout ce que je vous demande, c’est de vous souvenir de moi
à l’autel du Seigneur, où que vous soyez.
    Elle s’expliqua avec les mots dont elle était encore capable. Puis elle
a cessé de parler.
    La maladie s’était aggravée. Elle ne la lâchait plus.
    28.
    Moi, j’ai pensé à ce que tu donnes, Dieu invisible, à ce que tu jettes
dans le cœur de tes fidèles qui en récoltent tant de prodiges.
    Joie.
    Je te remerciais en me rappelant ce que je savais : elle s’était toujours
inquiétée et tourmentée au sujet de sa sépulture. Elle avait prévu et préparé sa place près du corps de son mari. Ils avaient été si heureux
ensemble dans la vie ! L’esprit humain étant si peu accordé aux choses
divines, elle avait voulu prolonger ce bonheur, qu’on se souvienne plus
tard qu’après une longue traversée maritime, elle avait obtenu qu’une
même terre ensevelisse les deux époux. Mais à quel moment ton
immense bonté a-t-elle mis fin dans son cœur à cette futilité ? Je
l’ignore. Mais j’ai été heureusement surpris de le constater. Lors de
notre conversation à la fenêtre, quand elle avait demandé ce qu’elle faisait encore là, elle n’avait pas exprimé le désir de mourir dans sa patrie.
Et j’ai appris, plus tard, que lorsque nous étions à Ostie, ma mère avait
confié un jour à quelques-uns de mes amis, en mon absence, son mépris
de cette vie et le bonheur de mourir. Stupéfaits d’un tel courage chez
une femme (un don de toi), ils lui avaient demandé si abandonner son
corps si loin de sa ville natale ne lui faisait pas peur. Pour Dieu, rien
n’est loin, dit-elle. Pas de peur à

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