Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions
toi, dit
pour toujours et par qui tout est dit pour toujours.
Jamais ce qui est dit ne finit. On ne dit pas une chose après l’autre
pour que tout soit dit. Mais tout est dit ensemble et pour toujours.
Autrement c’est déjà le temps et le changement. Et non plus la vraie
éternité et la vraie immortalité.
Je sais cela, mon Dieu. Merci. Je sais. Je te l’avoue, Seigneur. Et chacun peut le savoir et te bénir et remercier la vérité certaine.
Nous savons, Seigneur, nous savons. Ne plus être ce qu’on était, et
être ce qu’on n’était pas, équivaut à mourir et à naître. Et rien dans ta
parole ne se succède puisqu’elle est vraiment immortelle et éternelle. Tu
dis tout ce que tu dis avec la parole qui t’est coéternelle, simultanément
et pour toujours. Et avec qui se fait tout ce que tu dis qui se fait. Tu ne
fais pas autrement que dire. Mais tout ce que tu fais en disant n’est pas
fait simultanément et pour toujours.
10.
Pourquoi ?
Je t’interroge, Seigneur mon Dieu.
Je l’entrevois mais je ne sais pas comment l’exprimer. Autrement
que : puisque tout être a un commencement et une fin, il ne commence
d’être et ne finit d’être qu’au moment où l’éternelle raison, en qui il n’y
a ni commencement ni fin, sait qu’il doit commencer ou finir.
Parce que le commencement c’est ta parole. Elle s’adresse aussi à
nous dans sa chair, comme le dit l’évangile. Elle résonne dehors aux
oreilles des hommes pour être crue et cherchée à l’intérieur, et découverte dans l’éternelle vérité où le maître unique et bienveillant éclaire
tous ses disciples.
Oh j’entends ta voix, Seigneur. Tu me dis : qui nous éclaire nous
parle mais qui ne nous éclaire pas, même s’il nous parle, ne nous parle
pas vraiment. Eh oui, qui nous éclaire sinon la vérité immuable ? Même
une créature soumise au changement, si elle nous rappelle à l’ordre,
nous conduit à l’inébranlable vérité. Nous l’écoutons sans bouger. Elle
nous éclaire vraiment. Joie. Bonheur à la voix du marié. Nous revenons
à l’être dont nous sommes issus. Oui, la parole est commencement car
si elle n’était pas toujours là dans nos errements, nous n’aurions nulle
part où revenir. Seule la connaissance nous fait revenir sur nos erreurs.
Et pour nous donner la connaissance, la parole nous éclaire parce
qu’elle est le commencement, et parce qu’elle nous parle.
11.
C’est au commencement, Dieu, que tu as fait le ciel et la terre. Avec
ta parole. Ton fils. Ta force. Ta sagesse et ta vérité. Extraordinaire façonde dire. Extraordinaire façon de faire. Qui peut comprendre ? Qui peut
raconter en détail ? Qu’est-ce qui brille devant moi par intermittence et
transperce mon cœur sans une blessure ? J’en frissonne. Je prends feu.
J’en frissonne : je suis si différent. Je prends feu : je lui ressemble tellement. Sagesse, c’est la sagesse même qui brille devant moi par intermittence en déchirant mes nuages. Et si je m’éloigne d’elle, la sombre
masse de mon châtiment me recouvre. Toute mon énergie est affaiblie
par ma faiblesse. Impossible de supporter mon bien jusqu’à ce que toi,
Seigneur, qui pardonnes toutes mes fautes, tu guérisses aussi toutes mes
maladies. Tu rachèteras ma vie de la tombe. Tu me feras une couronne
de pitié et d’amour. Tu assouviras mon désir de bonheur.
Ma jeunesse sera un aigle nouveau.
Car notre salut est dans l’espoir. Et nous attendons ta promesse avec
la tension de la patience.
Oh pouvoir entendre ton discours de l’intérieur.
Moi confiant dans ton oracle je crierai :
Oh elles sont si nombreuses tes actions Seigneur
tu as tout fait avec tant de sagesse
Oui. C’est elle le commencement. Commencement où tu as fait le ciel
et la terre.
12.
La vieille humanité nous dit : que faisait Dieu avant de faire le ciel et
la terre ?
Désœuvré, sans travail aucun, pourquoi, demandent-ils, ne s’est-il
pas toujours abstenu de travailler encore et toujours ? Et si quelque
chose de nouveau a animé Dieu, une volonté nouvelle de produire une
créature qu’il n’avait jamais produite avant, comment serait alors possible une réelle éternité dans laquelle naît une volonté qui n’était pas ?
La volonté de Dieu n’est pas une créature. Elle précède la créature.
Rien n’est créé sans être précédé de la volonté du créateur. La volonté
de Dieu appartient à sa substance même. Si quelque chose
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