Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions
quoi
faire mon offrande. Je suis impuissant et pauvre, et tu es riche avec tous
ceux qui t’appellent. Jamais inquiet, tu prends soin de nous. Circoncis
mes lèvres de toute audace, de tout mensonge, à l’intérieur comme à
l’extérieur. Fais de tes Écritures mes purs délices. Pour ne pas me tromper sur elles et ne pas tromper les autres.
Seigneur, sois attentif et prends pitié.
Seigneur mon Dieu, à la fois lumière des aveugles, force des infirmes,
et lumière des voyants et force des forts.
Sois attentif à moi. Entends-moi crier des profondeurs. Si tu n’es pas
là, si tu n’écoutes pas dans les profondeurs, où aller ? vers quoi crier ?
à toi le jour
à toi la nuit 1
Sur un signe de toi, les instants s’envolent.
Donne-nous généreusement du temps pour qu’on médite sur ta loi
cachée.
Quand nous frapperons, ne ferme pas la porte.
Tu n’as pas fait écrire pour rien tant de pages opaques et secrètes.
Et ces forêts ne vont pas sans leurs cerfs qui s’y reposent, se restaurent, se promènent et broutent, se couchent et ruminent.
Seigneur, parachève-moi. Révèle-moi ces pages.
Ta voix, c’est ma joie. Ta voix plus que l’afflux des plaisirs.
Donne ce que j’aime. Que je puisse aimer est déjà un don de toi.
N’abandonne pas ce que tu as donné.
Ne laisse pas ta plante mourir de soif.
Je veux t’avouer tout ce que j’aurai découvert dans tes livres.
Entendre la voix de gratitude. Te boire et mesurer l’étonnement de ta
loi, depuis le commencement où tu as fait le ciel et la terre, jusqu’au
royaume sans fin avec toi dans ta ville sainte.
4.
Seigneur, prends pitié de moi et exauce mon désir.
Je pense que mon désir ne s’intéresse ni à la terre ni à l’or, argent,
pierres précieuses ou vêtements élégants, ni aux honneurs, aux postes
ou aux plaisirs charnels, ni même aux nécessités du corps et de notre
vie de voyageurs – tout ce qui nous vient dans notre quête de ton
royaume et de ta justice.
Vois, mon Dieu, l’objet de mon désir. Les gens injustes m’ont fait le
récit des plaisirs mais ce n’est rien comparé à ta loi, Seigneur.
Vois l’objet de mon désir.
Vois, père, regarde, vois et approuve.
Je veux trouver grâce devant toi aux yeux de ton amour.
Et quand je frappe, je veux que s’ouvre à moi le sens profond de tes
paroles.
Je t’en prie, par notre Seigneur Jésus Christ, ton fils, l’homme à ta
droite, le fils de l’homme dont tu as fait ton médiateur entre toi et nous,
et avec qui tu nous as cherchés sans que nous te cherchions (mais tu
nous as cherchés pour que nous te cherchions). Ta parole qui a tout fait
dont moi. Ton fils unique par qui tu as appelé à être adopté le peuple des
croyants, dont moi.
Par lui, je t’en prie, assis à ta droite, qui t’interpelle pour nous, en quisont cachés tous les trésors de la sagesse et de la science – ceux que je
cherche dans tes livres.
Moïse a écrit sur lui. Ce qu’il a dit. Ce que dit la vérité.
5.
Fais-moi entendre et comprendre comment tu as fait au commencement le ciel et la terre.
Moïse l’a écrit. Il l’a écrit et a disparu 2 . Et de là, il est allé de toi vers
toi. Aujourd’hui, il n’est pas devant moi. Sinon je le retiendrais, je le
prierais, je le supplierais en ton nom de m’ouvrir le sens de ces choses.
Je tendrais mes oreilles aux moindres sons qui sortiraient de sa bouche.
Mais s’il me parlait en hébreu, sa voix ne frapperait qu’un entendement
frustré. Rien ne toucherait mon intelligence. Mais s’il me parlait latin, je
saurais ce qu’il dirait. Mais ce savoir viendrait-il pour autant de lui ? À
l’intérieur de moi, oui, à l’intérieur où habite la pensée, la vérité, qui
n’est ni hébraïque ni grecque ni latine ni barbare, et sans les organes de
la bouche et des lèvres, sans le son des syllabes, oui la vérité me dirait :
Moïse dit vrai. Certitude et confiance immédiates. Je dirais à ton
homme : tu dis vrai. Mais impossible de l’interroger. Et c’est toi que je
prie, toi vérité dont il était plein quand il a dit la vérité, toi que je prie,
mon Dieu. Pardonne mes fautes. À ton esclave de dire ces choses. À
moi, je t’en prie, de les comprendre.
6.
C’est fait. Le ciel et la terre sont là.
Ils crient qu’ils ont été faits. Ils peuvent changer et varier. Ce qui
existe mais qui n’a pas été fait ne peut avoir en soi quelque chose qui
n’y était pas avant – condition pour
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