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Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions

Titel: Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Boyer
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marginale et persécutée dans l’Empire qui
allait devenir religion universelle, précisément à l’époque d’Augustin.
Cette bizarrerie chrétienne, aux yeux de beaucoup de gens dans
l’Empire, n’a été longtemps que paroles magiques, manducation de
chair et remords, aveux déments et dévoration de l’autre absent.
    Mais si l’on a tenu à cette voie-là, c’est précisément parce que l’on a
tenu à se dire autre. Pour se dire, il faudra avouer l’autre que nous
sommes devenus. Cette altérité mouvante sera en quelque sorte la
garantie de notre identité nouvelle. Mais aussi la fêlure presque sanglante d’une usurpation de soi par soi. La fiction de notre propre nuit
intime.
    Nuit de la médiation et de l’invention de soi.

Note sur le texte latin
    Les principales éditions contemporaines du texte latin consultées pour
notre traduction sont celles de Skutella ( Bibliotheca scriptorum graecorum et
     romanorum Teubneriana , Leipzig, 1934) et de Verheijen ( Corpus christianorum,
     series latina , Tunhout, Brepols, 1981).
    Traduction des citations bibliques et notes
    Notre traduction française de référence a été La Bible Nouvelle Traduction (Bayard, 2001). Tout en préférant, quand la traduction du latin l’exigeait, traduire directement le texte cité ou repris par Augustin.
    Nous avons volontairement limité le nombre de notes et de références scripturaires. Nous avons simplement donné les références bibliques des citations
présentées comme telles par le texte d’Augustin et quelques-unes des plus évidentes, souvent assimilées dans l’écriture même de l’œuvre.

L ES TREIZE LIVRES DES AVEUX

L IVRE I

1.
    Tu es immense Seigneur
    louable infiniment
    immense est ta force
    et ta sagesse indénombrable  1
    Mais un homme, petite part de ta création, veut te louer. Un homme
qui traîne partout le fardeau de sa mortalité, fardeau qui est la preuve
de son crime, et la preuve que tu résistes aux puissants.
    Un homme, petite part de ta création, veut te louer. Et tu vas même
jusqu’à exciter son plaisir à te louer.
    Oh tu nous a faits pour toi. Et notre cœur est las jusqu’à son délassement en toi.
    Oh Seigneur.
    Aide-moi à savoir et à comprendre s’il faut d’abord t’appeler pour te
louer ou d’abord te connaître pour t’appeler. Mais qui t’appelle sans te
connaître ? Sans te connaître, on pourrait appeler quelqu’un d’autre.
Ou bien faut-il t’appeler pour te connaître ?
    Mais comment l’appeler si personne n’a cru en lui ? comment croire
si personne n’en parle ?  2
    Louer le Seigneur c’est se mettre à sa recherche.
    Le réclamer c’est le trouver. Et le trouver c’est le louer.
    Seigneur.
    Je te réclame en t’appelant. Je t’appelle parce que je crois en toi.
    Oui, on nous a parlé de toi.
    Seigneur.
    Ma confiance  3 t’appelle, que tu m’as donnée, que tu m’as inspirée
par l’humanité de ton fils, avec l’aide de ton proclamateur.
    2.
    Comment appeler mon Dieu, mon Dieu et Seigneur ?
    De toute façon c’est l’appeler en moi-même que l’appeler. Existe-t-il
un lieu en moi où mon Dieu puisse venir en moi ? où Dieu puisse venir
en moi, Dieu qui a fait le ciel et la terre ?
    Seigneur mon Dieu.
    Il existerait quelque chose en moi qui pourrait te contenir. Est-ce que
vraiment le ciel et la terre que tu as faits, et dans lesquels tu m’as fait, te
contiennent ? Et comme sans toi rien n’existerait de ce qui est, est-ce que
tout ce qui est te contient ? Et comme moi aussi je suis, pourquoi demander que tu viennes en moi qui ne serais pas si tu n’étais pas en moi ?
    Je ne suis pas encore aux enfers, tu es déjà là.
    Oui, je descends dans l’enfer, et tu es là.
    Mon Dieu.
    Je ne serais pas, je ne serais pas du tout si tu n’étais pas en moi. Ou
plutôt je ne serais pas si je n’étais pas en toi.
    Tout est de toi. Tout est par toi. Tout est en toi.
    Oui, Seigneur, c’est ça, c’est bien ça.
    Où t’appeler puisque je suis déjà en toi ? d’où viendrais-tu en moi ?
où me soustraire du ciel et de la terre pour que vienne en moi mon Dieu
qui a dit :
    moi je remplis le ciel et la terre  4
    3.
    Ciel et terre te contiennent si tu les remplis. Mais si tu les remplissais,
il y aurait un reste si eux ne te contenaient pas. Et où refoules-tu, une
fois remplis ciel et terre, le quelque chose qui reste de toi ? Tu n’as pas
besoin d’être retenu quelque part, toi qui retiens tout : ce que tu

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