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Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions

Titel: Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Boyer
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bandes d’agités qui font irruption dans la classe d’un autre professeur. Personne n’est admis en classe sans l’autorisation du professeur.
Au contraire, à Carthage, une horrible permissivité dissolue régnait
chez les étudiants. Ils forçaient l’entrée des classes avec insolence.
Comme des fous furieux, ils perturbaient l’ordre établi au profit desélèves. Se livraient à de nombreux méfaits complètement débiles que
les lois interdisaient mais que les traditions toléraient. Preuve qu’ils
étaient d’autant plus à plaindre : ils se croyaient permis de faire ce que
ta loi éternelle ne laissera jamais faire. Ils pensaient bénéficier d’une
immunité alors que leur propre aveuglement était leur punition et qu’ils
subissaient incomparablement plus de mal qu’ils n’en faisaient. Et
si comme étudiant je n’avais pas voulu être mêlé à ces coutumes, j’ai
dû, comme enseignant, les supporter chez les autres. Il valait mieux
partir là où rien de tout ça n’existait, selon les témoignages de gens bien
informés.
    Mais c’est grâce à toi, mon espoir et ma part sur la terre des vivants,
que j’ai quitté ma terre pour sauver mon âme. À Carthage, tu m’as
poussé à m’en arracher, et à Rome, tu m’as enchanté pour m’y attirer.
Tes instruments étaient tous des hommes amoureux d’une vie morte,
auteurs les uns d’extravagances, les autres de promesses vides. Tu t’es
servi dans l’ombre de ma perversité, et de la leur, pour guider mes pas.
Les uns, aveuglés et enragés, troublaient ma tranquillité ; les autres,
bons vivants et terre à terre, m’invitaient à changer. Moi, d’un côté je
détestais un réel triste sort, et de l’autre je désirais un faux bonheur.
    15.
    Pourquoi partir ? Pourquoi m’en aller ? Tu le savais, Dieu, mais tu ne
l’as indiqué ni à moi ni à ma mère qui a versé des pleurs atroces sur mon
départ. Elle m’a accompagné jusqu’à la mer. J’ai dû ruser avec elle
quand elle s’est violemment accrochée à moi pour me supplier de rester ou de l’emmener. J’ai inventé un ami que je ne pouvais quitter sous
prétexte que nous attendions le vent ensemble pour naviguer. J’ai menti
à une mère, à cette mère-là, et j’ai fui. Et là encore tu m’as épargné. Tu
m’as évité par amour de sombrer dans les eaux de la mer, moi qui était
si lourd d’exécrables déchets, pour me laver dans ton eau protectrice et
assécher les torrents de larmes des yeux de ma mère. À cause de moi,
chaque jour, elle baignait devant toi de ses larmes la terre sous ses yeux.
    Elle refusait de repartir sans moi. Je l’ai persuadée alors de passer la
nuit dans un lieu proche de notre navire, consacré à la mémoire du bienheureux Cyprien. Et la nuit même, je suis parti en cachette. Sans elle.
    Elle m’a attendu, pleuré et prié. Et pour te demander quoi, mon
Dieu, avec tant de larmes ? De ne pas me laisser prendre la mer. Mais
dans ta grande sagesse, et tout en accédant à quelque chose d’essentiel
de son désir, sans toutefois répondre vraiment à son attente, tu as fait
de moi ce qu’elle avait toujours attendu.
    Le vent s’est levé. Il a gonflé nos voiles. Le rivage a disparu du champ
de notre vision. Abandonnée au petit matin, ma mère, folle de douleur,
a déversé dans tes oreilles plaintes et gémissements. Tu les as négligés.
Tu m’avais enlevé en te servant de mon ambition pour mettre fin précisément à cette ambition. Et le souhait humain de ma mère, tu l’as étrillé
d’une douleur cinglante et juste. Elle aimait que je sois près d’elle,
comme toutes les mères, et plus encore que beaucoup d’entre elles. Mais
elle était inconsciente des joies que tu retirerais pour elle de mon
absence. Inconsciente, elle pleurait et se lamentait. Cette torture en a fait
l’héritière d’Ève. Elle a cherché dans les gémissements ce qu’elle avait
enfanté dans les gémissements. Mais après avoir accusé ma duplicité et
ma cruauté, elle recommença à intercéder pour moi auprès de toi.
    Elle a disparu dans son ordinaire et moi à Rome.
    16.
    M’y voici. Accueilli par une maladie cruelle. Je partais pour les
enfers, j’emportais tout le mal que j’avais commis contre toi, contre moi
et contre les autres. Mal multiple et sévère ajouté aux chaînes du
péché  3 originel qui nous fait tous mourir avec Adam. Tu ne m’avais
encore acquitté de rien avec Christ. Il ne m’avait pas délivré avec

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