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Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions

Titel: Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Boyer
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retiré un avertissement, comme si ce qui était lu alors lui
avait été adressé.
    Va, vends tout ce que tu as et donne-le aux pauvres. Tu auras un trésor dans le ciel. Viens, suis-moi  7 .
    Cet oracle l’avait sur-le-champ tourné vers toi.
    Je suis revenu précipitamment à l’endroit où était assis Alypius. En
me levant, j’y avais laissé le codex de l’envoyé. Je l’attrape, je l’ouvre et
je lis en silence le premier chapitre sur lequel tombent mes yeux.
    Pas de ripailles ni de saouleries, pas de coucheries ni de débauches,
pas de querelles ni de jalousies. Mais revêtez le Seigneur Jésus Christ.
Ne faites pas vôtres la préoccupation de la chair qui vous jette dans des
désirs fous  8 .
    Je n’ai pas voulu en lire davantage. Ce n’était pas nécessaire. À l’instant même où je finissais cette phrase, ce fut comme si une lumière
réconfortante se déversait dans mon cœur. Et toutes les ombres du
doute se sont évanouies.
    30.
    J’ai refermé le codex en marquant l’endroit avec mon doigt, je crois.
Le visage enfin apaisé, je me suis confié à Alypius. Mais lui-même m’a
confié ce qui se passait en lui, et que j’ignorais. Il a demandé à voir ce
que j’avais lu. Je lui montre alors le passage et son attention se porte sur
la suite de ce que j’avais lu et que je ne connaissais pas. La suite disait :
    accueillez celui qui est faible dans la foi  9 .
    Alypius s’y reconnut, comme il me l’expliqua. Cet avertissement le
conforta. Ce plan et cette bonne résolution s’appliquaient tout à fait à
son genre de vie (et sur la voie du mieux, il m’avait déjà distancé depuis
longtemps). Il m’a rejoint sans trouble, sans hésitation. De là, nous nous
précipitons chez ma mère, nous entrons, et nous la mettons au courant.
C’est la joie. Nous lui racontons ce qui s’est passé. Elle exulte. Elle
triomphe. Et elle te bénit, toi qui peux tout faire à l’infini, au-delà de
nos souhaits et de nos pensées. Elle voit que tu lui as accordé en moibien plus que ce qu’elle avait l’habitude de demander pour moi par des
pleurs et des gémissements pitoyables. Tu m’as si bien tourné vers toi
que je ne cherchais plus de femme ni rien des espoirs de ce monde. Je
me tenais sur le tranchant de la règle de foi. Comme tu le lui avais révélé
des années plus tôt. Et tu as changé son deuil en une joie débordante,
comme jamais elle n’avait osé l’imaginer, une joie plus attachante, plus
pure encore que celle qu’elle pouvait attendre de petits-fils nés de ma
chair.

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    1.
    
     Livre de la Sagesse 13, 1.

    2.
    
Simplicianus, mort en 401, fut prêtre de Milan, bon connaisseur de la philosophie
grecque, il succéda à Ambroise comme évêque de Milan en 397.

    3.
    
Marius Victorinus a vécu au IVe siècle. Rhéteur romain, il se convertit au christianisme. Il a traduit en latin quelques livres platoniciens.

    4.
    
     Voir Virgile, L’Énéide , VIII, 8.

    5.
    
Allusion au récit des Actes (13, 7-12) dans lequel le proconsul Sergius Paulus se
convertit après la victoire de Saül, qui prendra le nom de Paul (saint Paul), sur le magicien Élymas.

    6.
    
Antoine, vénéré comme un saint, fut un anachorète chrétien. Mort en 356.

    7.
    
     Matthieu 19, 11.

    8.
    
     Lettre aux Romains 13, 13.

    9.
    
     Lettre aux Romains 14, 1.


L IVRE IX

1.
    Oh Seigneur.
    Je suis ton esclave. Je suis ton esclave. Le fils de ta servante.
    Tu as brisé mes chaînes. Je te donnerai la louange en sacrifice.
Louange de mon cœur et de ma langue. Tous mes os demandent : qui
est comme toi, Seigneur ? Ils demandent. Réponds-moi, et dis à mon
âme : ton salut, c’est moi.
    Moi, c’est qui ? c’est quoi ? quel mal n’ai-je pas fait ? Et si je ne l’ai
pas fait, je l’ai dit. Si je ne l’ai pas dit, je l’ai voulu.
    Et toi, Seigneur, bon et compatissant, ta main droite s’est acharnée
sur mes profondeurs mortelles, a vidé les abîmes de mon cœur pourri.
Il suffisait de ne pas vouloir ce que je voulais et de vouloir ce que tu
voulais. Où était passé mon libre arbitre toutes ces années ? de quelle
profonde cachette est-il brusquement sorti pour soumettre mon cou à
la délicatesse de ton joug, mes épaules à la douceur de ton fardeau ?
    Christ Jésus, mon aide et mon rédempteur.
    Soudain, manquer de la douceur des riens me devint douceur. Ce
que j’avais eu peur d’abandonner, maintenant j’étais heureux d’y renoncer.

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