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Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions

Titel: Les Aveux: Nouvelle Traduction Des Confessions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric Boyer
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ou à notre
église, il est probable qu’ils soient à leur tour tiraillés dans leur réponse.
Ou bien ils reconnaissent, ce qu’ils ne veulent pas, qu’une volontébonne conduit à notre église, comme c’est le cas pour ceux qui sont
imprégnés des mystères et qui les suivent, ou bien ils pensent qu’il y a
deux natures mauvaises et deux esprits mauvais dans un seul homme.
Mais dire comme ils le font que l’une est bonne et l’autre mauvaise ne
sera plus vrai. Ou bien, convertis à la vérité, ils ne nieront plus que c’est
une seule et même âme qui s’interroge dans l’agitation de diverses
volontés opposées.
    24.
    Ils ne peuvent donc plus dire, quand ils voient dans un même homme
s’affronter deux volontés, que c’est une lutte entre deux esprits
contraires, issus de deux substances contraires et de deux principes
contraires, un bon et l’autre mauvais. Car c’est toi, Dieu vrai, qui les
condamnes, qui les réfutes et qui les dénonces. Comme dans le cas
de deux volontés mauvaises, l’une et l’autre, où quelqu’un se demande
s’il tuera un homme par le poison ou par le fer, ou de quelle propriété
d’autrui il s’emparera faute de pouvoir prendre les deux, ou s’il préférera s’acheter sans compter tous les plaisirs ou économiser son argent
en avare, s’il ira au cirque ou au théâtre quand les deux représentations
ont lieu le même jour. Et j’ajoute une autre éventualité : voler la maison
d’autrui si l’occasion se présente. J’en ajoute encore une autre : commettre l’adultère si l’occasion se présente aussi, et à supposer que toutes
ces occasions se présentent simultanément, provoquant toutes un
même désir sans pouvoir se réaliser à la fois. Oui, l’âme est alors déchirée entre ces quatre volontés opposées et simultanées, ou davantage
encore tant il y a d’objets de convoitise. Et pourtant ils ne reconnaissent
pas d’habitude un si grand nombre de substances opposées !
    Et dans le cas de volontés bonnes, je leur demande si c’est une bonne
chose d’aimer lire les lettres d’un envoyé, et une bonne chose d’aimer
la sobriété d’un psaume, et une bonne chose de disserter sur l’évangile.
Oui, c’est bien, répondront-ils à chaque question. Et alors ? Si on peut
aimer tout cela dans un même et seul instant, comment des volontés différentes pourraient-elles diviser le cœur d’un homme qui se demande
quel est le meilleur parti à prendre ? Elles sont toutes bonnes et pourtant elles luttent entre elles jusqu’au choix d’un objet unique sur lequel
se porte la volonté devenue singulière et totale alors qu’elle était divisée. Même chose pour un même esprit qui n’est pas entièrement
concentré sur ce qu’il veut quand les plaisirs éternels l’attirent mais que
les joies de l’existence temporelle le retiennent. D’où déchirures et
grandes souffrances. D’un côté, il y a ce que la vérité lui demande de
préférer, de l’autre l’addiction lui interdit de se défaire de ses habitudes.
    25.
    J’étais malade. J’étais mon propre bourreau. J’étais plus que jamais
mon infatigable accusateur.
    Je me roulais, me débattais dans mes chaînes jusqu’à ce qu’elles
finissent par se briser – mais me retenant à peine, elles me retenaient
encore.
    Tu me poursuivais dans mes cachettes, Seigneur. Amour rude. Fouet
redoublé de la peur et de la honte. Je ne devais pas traîner. Le peu qui
restait encore de mes chaînes devait se briser entièrement, sinon elles se
renforceraient et m’attacheraient plus solidement encore. Ma voix intérieure me disait, oui, maintenant. Tout de suite. Tout de suite. Oui… Et
à ces mots, j’allais céder. J’étais sur le point d’agir. Et puis, non. Je ne
faisais rien. Mais je ne revenais pas en arrière. Je m’arrêtais tout au
bord. Je reprenais mon souffle avant de recommencer mes efforts.
Presque rien et j’y étais. Presque rien et déjà, déjà… Je touchais au but.
J’y étais. Non. Je n’y étais pas. Je ne touchais rien. Je n’avais rien. Je
n’osais pas mourir à la mort et vivre à la vie. Le mal en moi avait plus
de puissance que le bien qui m’était insolite. Et plus l’instant précis où
je serais autre se faisait proche, plus il jetait d’effroi. Pas de retour possible. Pas de diversion. Mais un terrible suspens.
    26.
    J’étais captif de ces riens de riens, vanités de vanités. Mes vieilles
amies. Elles secouaient mon habit de chair

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