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Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sinclair McKay
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la Yougoslavie d’après-guerre emprunterait la voie du communisme. On avait le sentiment que la destinée du pays serait laissée entre les mains de ces personnes. En attendant, le gouvernement soutiendrait le camp apparemment le mieux placé pour combattre les armées d’Hitler.
    Les documents révélés dans les années 1990 semblent montrer que les informations décrivant la complexité de la situation yougoslave et envoyées de Bletchley Park à Downing Street et aux services de Whitehall concernés n’atteignaient pas leurs destinataires. Un agent de Bletchley ayant souhaité conservé l’anonymat a suggéré ceci :
     
    J’avais à Bletchley Park pour mission de préparer une synthèse hebdomadaire de la situation yougoslave à l’intention de Churchill. À l’époque, je ne soupçonnais pas vraiment que nos informations n’étaient pas suivies d’effet mais, ensuite, je l’ai remarqué. Je me demande maintenant si, parmi nos rapports, un grand nombre a été envoyé à la section où travaillaient des gens comme Philby. Klugman semble assurément avoir joué un rôle plus important qu’on le pensait. Deux anciens agents communistes m’ont assuré que c’était le cas, sans pour autant développer.
     
    Bien entendu, la Grande-Bretagne avait ses propres agents de terrain et ses brillantes opérations de contre-espionnage. L’une d’elles s’est déroulée en 1940, à l’époque où Alan Turing et Peter Twinn n’avaient pas encore craqué l’Enigma navale d’une complexité sans nom. Un jeune capitaine de corvette du renseignement naval vint à Bletchley Park pour évoquer différentes façons de soutirer les clés de chiffrement allemandes.
    Ce jeune capitaine de corvette était Ian Fleming et l’homme avec qui il s’entretenait, Dilly Knox. Le plan de Fleming avait pour nom de code « opération Ruthless » 37 . Il supposait l’utilisation d’un « bombardier allemand en état de marche » que devait fournir le ministère de l’Air, « un équipage aguerri de cinq aviateurs, dont un pilote, un opérateur radio et une personne parlant parfaitement l’allemand. Il fallait leur faire endosser des uniformes allemands tachés d’un peu de sang et leur mettre des pansements pour faire vrai ». Le plan était de « faire s’écraser l’avion dans la Manche après avoir lancé un SOS pour obtenir du secours ». Ensuite, d’où le nom de l’opération, « une fois à bord du bateau de sauvetage, il fallait tuer l’équipage allemand, le jeter par-dessus bord et ramener le bateau dans un port anglais ».
    L’idée était bien entendu de chiper les clés de chiffrement Enigma du bateau. Fleming se proposa pour effectuer la mission, même s’il n’avait aucune chance d’être retenu. Quiconque au courant de l’opération Enigma et du travail mené à Bletchley Park ne pouvait être autorisé à aller sur le terrain. Il courrait le risque de se faire capturer par l’ennemi, d’être torturé et donc de révéler des informations top secrètes.
    Malheureusement, les conditions météorologiques (et autres) ne permirent jamais de lancer l’opération Ruthless et celle-ci fut finalement enterrée. À l’annonce de cette nouvelle, Alan Turing et Peter Twinn semblèrent abattus.
    En dehors de ce plan, Fleming venait régulièrement au Park, assurant la liaison entre les cryptanalystes et le renseignement naval. « Je me rendais à Bletchley Park tous les quinze jours environ », dit-il. Dans sa monographie, Mavis Batey fait remarquer que son personnage James Bond n’aurait pas eu le privilège de franchir le poste de contrôle car l’accès aux secrets d’Ultra et Enigma était autorisé à très peu de personnes en dehors du personnel de Bletchley Park.
    On peut également faire remarquer que deux des romans de Fleming mettant en scène James Bond, Bons baisers de Russie et On ne vit que deux fois , sont plus explicites que n’importe quelle autre aventure de l’agent 007 en matière de codes et de cryptanalyse. Dans Bons baisers de Russie , l’intrigue complexe tourne autour d’une machine de chiffrement soviétique baptisée « Lektor ». Dans On ne vit que deux fois , il s’agit d’un système de déchiffrement japonais appelé « Magic 44 ». Il n’y est fait aucune mention de Bletchley. Après tout, Fleming avait lui aussi signé l’Official Secrets Act. Mais, comme il dit un jour à propos de son propre travail : « Tout ce que j’ai écrit a une

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