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Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sinclair McKay
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niveau du baraquement 9, constamment la tête baissée. C’était un jeune homme très sérieux et il avait toujours l’air inquiet.
    Voilà comment étaient les gens ici. Si vous aviez croisé Josh Cooper, il vous aurait fait peur. Il était grand et costaud. Lorsqu’il marchait, il s’exclamait par exemple : “Pinces !” »
    L’excentricité de Josh Cooper ne se limitait pas à cela, comme le prouve une histoire qui fit le tour de Bletchley. Un soir, il sortit du Park tenant fermement son chapeau à la main et un porte-documents en équilibre sur la tête. On imagine aisément ce genre de choses à Oxford. Comme le dit Mimi Gallilee : « C’était devenu normal pour nous. On ne se moquait pas vraiment de lui. On était habitué. Il y en avait tellement comme lui. Des gens brillants, dans leur monde. »
    Dans les baraquements, il régnait aussi une certaine excentricité sexuelle, là encore caractéristique des anciennes universités, et qui, selon Mimi Gallilee, était perçue d’une façon radicalement différente. Cela participa de l’éducation de la jeune femme, qui exagérait sa perception d’après-guerre du sujet : « Lorsque nous étions jeunes, nous ne savions vraiment rien, puisqu’on ignorait ce qui touchait à l’homosexualité. Si quelqu’un paraissait un peu efféminé, nous gloussions légèrement mais nous n’allions pas chercher plus loin. Était-ce de l’innocence ou de l’ignorance ? Nulle part on parlait de ce genre de chose, et sûrement pas à la maison. On ne connaissait donc vraiment pas grand-chose. »
    Se retrouver à Bletchley Park pour quelqu’un comme la jeune Mimi Gallilee contribua forcément à son éducation. Elle dit qu’il lui arrivait de regarder ces individus sophistiqués tout en sachant qu’elle ne pourrait jamais s’immiscer par hasard dans leurs conversations.
    « Les discussions que l’on surprenait étaient de haute volée. À la cafétéria, on pouvait les entendre parler de sujets généraux, bien sûr pas de leur travail, et il s’agissait d’un monde à part.
    La majeure partie d’entre eux étaient des universitaires, ajoute-t-elle. Et je peux dire qu’ils ne ricanaient et ne riaient pas des mêmes choses que les ignares comme moi. Par exemple, ils ne se seraient peut-être pas moqués de certaines personnes. Plus j’y repense, plus je m’aperçois qu’il s’agissait vraiment d’un monde très particulier. »
    En plein cœur de la guerre, quand les effectifs de Bletchley Park s’étaient multipliés et que les machines de déchiffrement Colossus avaient transformé la cryptanalyse en processus industriel, certains tenaient malgré tout à ce que perdure cette atmosphère universitaire. Le professeur Max Newman incitait les cadres de son équipe à prendre le temps de « réfléchir ». Il avait mis à disposition des « livres de recherche » dans lesquels tout membre de son équipe pouvait consigner une idée brillante. Ces livres n’étaient pas réservés aux mathématiciens et linguistes. Les Wrens y avaient également accès. Et si suffisamment de personnes montraient de l’intérêt pour une idée, elles pouvaient se réunir pour en parler à l’occasion de ce que l’on appelait « un thé ».
    Enfin, un panorama rapide d’anciens de Bletchley Park qui se sont dispersés dans différents domaines après la guerre offre un aperçu très clair des talents intellectuels et artistiques évoluant dans cette institution.
    Après la guerre, Jane Fawcett, qui avait travaillé dans le baraquement 6, parvint à suivre une carrière tout aussi intellectuellement brillante dans l’histoire architecturale, qui l’amena à diriger la Victorian Society 59 (dont John Betjeman 60 était un membre éminent) et le Royal Institute of British Architects.
    L’actrice Dorothy Hyson retourna non seulement dans le West End, mais, en 1945, elle entra au théâtre Haymarket Company de John Gielgud, qu’il venait de monter et qui acquit immédiatement une grande renommée. En 1947 eut lieu son deuxième mariage, avec Anthony Quayle, un temps son collègue à Bletchley (son premier mari, Robert Douglas, était récemment décédé). Peu de temps après, elle quitta les planches afin de se consacrer exclusivement à l’éducation de leurs deux enfants, alors que lui devint l’un des acteurs de cinéma les plus connus, puis fut fait chevalier.
    L’écrivain Angus Wilson, qui avait trouvé Bletchley tellement stressant, vit son

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