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Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sinclair McKay
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l’écrivait, et sans le moindre progrès à signaler ».
     
    Puis, un soir, une chose très étrange se produisit. J’avais dû m’assoupir devant le feu, pratique plutôt dangereuse car je fumais souvent la pipe et j’aurais pu faire un trou avec mes cendres dans la moquette de ma logeuse, voire pire. Je me suis réveillé en sursaut, avec à l’esprit les restes d’un rêve. Quoi qu’il en soit, j’avais en tête l’image bien nette, imaginaire, bien sûr, d’un opérateur Enigma allemand.
    Ce fut cet élément qui déclencha mes découvertes… Il semble que j’aie suivi le précepte d’Aristote selon lequel on ne peut tout à fait comprendre une chose si on ne l’a pas vue grandir depuis le début.
    Dans ce cas précis, le début se produirait tôt dans la matinée lorsque l’opérateur devrait se réveiller ou être réveillé pour configurer sa machine à l’aide de la clé du jour.
     
    Ce qu’il décrivait devint connu sous le nom de « truc d’Herivel » ou « Herivelismus ». Grosso modo, la vision d’Herivel portait sur le réglage des rotors et comment l’opérateur pouvait, pour diverses raisons allant de la paresse à la panique, en passant par la fatigue, choisir comme paramètre du jour les lettres ayant déjà servi la veille.
    Puis Herivel chercha comment détecter une telle erreur et déchiffrer ensuite les messages à venir. « Je crois que je n’ai pas beaucoup dormi cette nuit-là », se souvient-il maintenant avec un certain détachement. Ce fut à n’en pas douter l’une des avancées les plus surprenantes réalisées à Bletchley Park. Gordon Welchman ne tarda pas à garantir au jeune Herivel qu’on « ne l’oublierait pas ».
    L’analyse de cette idée tenait de l’intelligence mathématique, mais la vision originale, celle de l’opérateur en action, était un flash psychologique génial, tenant plus de la compréhension de la nature humaine que du pur calcul. Cette approche intuitive semble être récurrente dans l’histoire de Bletchley Park, comme le montre l’utilisation de Knox des « cillis ».
    Un autre élément non scientifique aida les casseurs de codes : le langage grossier employé parfois par les opérateurs allemands lorsqu’ils envoyaient des messages d’essai de plusieurs lettres. « Les opérateurs allemands, avec leurs mots, étaient juste des péquenauds se comportant en péquenauds. Demandez à un gars de penser à un mot de cinq lettres… », dit Keith Batey.
    Sa femme Mavis souligne froidement ce qu’il serait advenu si ces opérateurs s’étaient comportés autrement. « Enigma n’aurait jamais été craquée sans ces manquements aux procédures. Si les opérateurs allemands avaient respecté scrupuleusement les consignes… »
    Les travaux théoriques menés à Bletchley Park s’apprêtaient maintenant à connaître le baptême du feu. Début 1940, les Alliés et l’Allemagne avaient leurs propres vues sur la Scandinavie. Les Alliés se rendirent compte qu’Hitler allait vouloir s’offrir des points d’ancrage en Norvège afin de protéger les transports maritimes de minerais de fer en provenance de Suède. Le Premier ministre Chamberlain était déterminé à faire débarquer les forces britanniques sur la côte norvégienne afin de prendre carrément le contrôle des mines de fer.
    Cependant, pendant que les gens de Bletchley continuaient de chercher des moyens d’accélérer le déchiffrement d’Enigma, il s’avéra que les Allemands étaient parvenus à pénétrer le système de chiffrement britannique. Informé des plans secrets britanniques concernant la Norvège, Hitler ordonna de toute urgence l’invasion de celle-ci, mais aussi du Danemark. Ces deux pays s’étaient certes précédemment déclarés neutres, mais cela ne signifiait pas grand-chose pour Hitler, ni pour les Alliés, qui avaient prévu de voler à leur secours. Nombre de membres du haut commandement britannique étaient convaincus qu’une attaque allemande de la Grande-Bretagne se profilait à brève échéance.
    Ironie de la chose, l’invasion de la Norvège par Hitler stimula les cryptanalystes. C’est à cette époque, marquée par une augmentation du nombre de messages interceptés, qu’ils craquèrent le code jaune servant pour la campagne allemande en Norvège. Cette avancée cruciale permit aux Britanniques d’être renseignés des mouvements allemands, même si ce code jaune ne fut utilisé que pendant la campagne

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