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Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sinclair McKay
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dans tous vos états. Mais, étant donné que nous faisions ça depuis plusieurs mois, voire plusieurs années […], je suppose qu’on s’était endurci.
    Certaines personnes étaient peut-être stressées, mais je n’en connais pas. Il est possible cependant que l’encadrement l’ait été, ajoute-t-il.
    En fait, Dilly Knox n’était pas le seul à « être nerveux ». Angus Wilson, qui a rejoint le baraquement 8 au début des années 1940, est maintenant l’un de ces personnages du Park les plus présents dans les récits de l’aventure, même chez les personnes n’ayant pas directement travaillé à ses côtés. C’est probablement parce que Wilson (à l’instar d’Alan Turing) n’a que très peu essayé de dissimuler son homosexualité ou de modérer ses manières pittoresques.
     
    Angus Wilson était pédé comme un phoque. Et il se mettait sans cesse en colère, vous savez, comme un gamin.
    Je me souviens qu’une fois il est sorti d’un baraquement. Vous voyez le lac devant le manoir ? Eh bien, il était dans un état, vraiment en rogne. Quelqu’un lui a dit, « Arrêtez-vous Angus ou on vous jette dans le lac ! » Il a alors répondu : « Ne vous inquiétez pas, j’y vais tout seul ! » Il s’est alors jeté à l’eau et il a fallu le sortir du lac.
     
    Wilson trouvait la vie au Park extrêmement difficile. Certains décrivent l’épisode du lac comme une sérieuse tentative de noyade (même s’il faut souligner qu’il existe des photos de Wilson entouré de collègues et de Wrens qui ont l’air tout à fait joyeux et que son portrait, accroché dans la National Portrait Gallery, a été peint par une autre ancienne de Bletchley Park, Ann Langford-Dent).
    Il a d’ailleurs cherché l’aide d’un psychanalyste. Selon sa biographe Margaret Drabble, pendant son séjour au Park, il faisait des cauchemars, rêvant qu’il se noyait dans des mers gelées. Wilson devint une telle source d’inquiétude pour les autorités du Park qu’on lui proposa de séjourner dans une grande institution de santé mentale d’Oxford, offre qu’il a sagement déclinée. On voit clairement que, pour un homme déjà aussi torturé et coléreux que Wilson, la sensation d’oppression liée à une mission profondément vitale et en même temps monotone ainsi que le fait de vivre dans une ville sans âme ont dû être une source d’exaspération. Quelles qu’en soient les raisons, Wilson a fait une dépression nerveuse juste après la guerre, et c’est pendant sa convalescence qu’il s’est mis à écrire de petites histoires.
    Le cas de Wilson illustre peut-être à merveille le stress que l’on pouvait subir au Park et il n’était pas le seul confronté à cette pression. « Certains casseurs de codes faisaient des cauchemars, dit un ancien. Ça pouvait vraiment être très sérieux. » Le récit de Gordon Welchman comprend un détail révélateur :
     
    Josh Cooper et le colonel Tiltman étaient non seulement à la tête de sections en expansion, mais également d’éminents cryptanalystes. J’étais bien trop absorbé par mon propre travail sur Enigma pour savoir comment ces deux experts vivaient le travail qu’ils réalisaient sur d’autres codes. Josh Cooper m’a cependant dit que son travail s’accompagnait d’une tension presque intolérable.
    Le succès dépendait souvent de flashs d’inspiration qu’il recherchait jour et nuit dans une véritable course contre la montre.
     
    Malgré la tension, Josh Cooper faisait l’admiration des autres, même en dehors du Park. « C’est l’un des personnages les plus marquants qu’il m’ait été donné de rencontrer », se souvient Aileen Clayton, opératrice de transmission de la WAAF, basée à l’époque à la station Y de Kingsdown. « Un mathématicien brillant, bien plus jeune qu’on le pensait au premier abord. C’était l’archétype de l’universitaire distrait, légèrement sourd, incroyablement négligé, des cheveux noirs lui tombant sur les yeux et qu’il rejetait constamment en arrière d’un air quelque peu irrité, déplaçant ainsi ses grosses lunettes. Son intelligence supérieure transparaissait malgré tout. »
    Clayton décrit ensuite comment, lorsqu’il entra dans son baraquement, Cooper commença à éplucher des bouts de papier, pas des messages chiffrés, mais ce qui se trouvait dans les poches d’un pilote de bombardier allemand abattu au-dessus de l’East Anglia. À la manière

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