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Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sinclair McKay
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l’expertise technique qui nous faisait défaut et nous, nos connaissances en mathématiques. Et nous avons œuvré aux côtés des ingénieurs, dont le responsable était Harold Keen. Nous le surnommions « Doc » Keen parce qu’il avait toujours une sorte de trousse de médecin. Il était très brillant.
    Dans la mesure où les Allemands avaient conçu de nouveaux modes de chiffrement, nous avons dû trouver de nouvelles méthodes pour casser leurs codes. Nous avons fini par utiliser des mots probables, essayer de deviner des morceaux de message et les tester sur les bombes que Turing et Welchman avaient conçues ensemble. Ensuite, une fois la conception de la machine plus ou moins définie, ils ont pris les choses en main et la production a été lancée. Et notre contribution s’est arrêtée là. 
     
    La première bombe fut baptisée « Victory ». Vu les mois de travail méticuleux qu’avait nécessité sa conception, et la nature extrêmement sensible de son domaine d’application, son mode de transport de Letchworth à Bletchley fit l’objet d’un débat animé. L’opération demandait en effet un maximum de sécurité et un secret absolu.
    Certains estimaient qu’un appareil aussi vital exigeait une sécurité maximale et qu’il fallait donc le transporter sous très bonne escorte. Cependant, si l’ennemi avait mis en place une surveillance discrète, ce genre de convoi révélerait l’importance stratégique de la machine, ainsi que sa destination, ce que l’on ne pouvait absolument pas se permettre. Par conséquent, aussi surprenant que cela puisse paraître, Victory fut transportée dans un simple camion à plateforme, sans aucune escorte.
    La machine d’une tonne fut installée dans le baraquement 1, le 18 mars 1940. Elle ne répondit pas immédiatement aux souhaits des Alliés car elle n’apportait pas une grande satisfaction en termes de paramétrage des clés. Le principe était qu’à l’instar d’une calculatrice géante elle parcourait toutes les combinaisons réalisables avec les trois rotors Enigma. Lorsque la machine tapait le menu fourni à l’opérateur de la bombe par le cryptographe, elle générait un « arrêt ». Il y avait de bons « arrêts » et de mauvais « arrêts », qu’il fallait tous vérifier.
    Les Allemands fournissaient de petits indices involontaires, mais très précieux, qui étaient la preuve d’une certaine paresse. Certains opérateurs Enigma terminaient systématiquement leurs messages par « Heil Hitler ! », tandis que d’autres commençaient chaque communication par une liste de noms représentant les destinataires. Il n’en demeurait pas moins très difficile de percer chaque nouvelle clé.
    L’amie (et fiancée éphémère) de Turing, Joan Murray, travailla sur l’Enigma navale et fit bon usage de Victory au début de 1940. Les messages déchiffrés affichaient certes une valeur directe limitée, mais permirent aux services de renseignement de se bâtir une solide base d’informations sur la marine allemande. Le travail était éreintant. Joan et Turing devaient souvent passer en revue les 336 positions des rotors.
    Mais, très vite, une avancée spectaculaire fut réalisée dans la conception des bombes, dont le mérite revient à Gordon Welchman. Andrew Hodges l’évoque dans sa biographie d’Alan Turing : « Lorsqu’il put étudier le projet de la bombe de Turing, il s’aperçut que celui-ci n’exploitait pas entièrement les faiblesses d’Enigma… Welchman ne se contenta pas d’imaginer cette possibilité d’amélioration, il trouva rapidement comment incorporer les nouvelles implications, dans un processus mécanique. » Il fallait seulement des circuits électriques, vite baptisés « le tableau diagonal ; la succession des implications pouvait toujours se faire par un flux d’électricité pratiquement continu dans un circuit connecté ». Hodges poursuit :
     
    Welchman eut du mal à croire qu’il avait réellement résolu le problème, mais un croquis grossier du câblage électrique suffit à le convaincre. Il s’empressa alors d’aller le montrer à Alan, qui éprouva d’abord la même incrédulité, puis ne tarda pas à s’enflammer pour toutes les possibilités qu’une telle trouvaille ouvrait. Il s’agissait d’une amélioration vraiment spectaculaire… Ainsi dotée de ce tableau diagonal, la bombe acquérait un pouvoir et une élégance frisant le surnaturel.
     
    Le 9 avril

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