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Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sinclair McKay
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contre une base américaine. Autre élément à décharge de Bletchley et du Premier ministre, lors des bombardements ayant frappé les villes britanniques dans les premiers mois de 1941, la stratégie consistant à infiltrer les faisceaux de navigation de la Luftwaffe s’avéra bien plus efficace. Une nuit de mai, vingt-trois chasseurs allemands furent abattus au-dessus de Humberside. Et une attaque violente contre Derby, prévue pour être de même ampleur que celle de Coventry, fut considérablement contrecarrée.
    Selon une étude récente menée par Rebecca Ratcliff, il arrivait que les cryptographes reçoivent la preuve irréfutable de l’imminence de bombardements à certains endroits.
     
    Pendant le Blitz de 1941, les contre-mesures contre les attaques aériennes les tracassaient. En signalant à l’Air Raid Precautions (ARP) 19 la nature de la cible bien avant que les bombardiers de la Luftwaffe ne surgissent dans le ciel, ils auraient dévoilé leur connaissance de l’existence de l’opération et compromis la source du renseignement. Les analystes du baraquement 3 ordonnèrent que l’on reporte la diffusion des consignes de l’ARP tant que les Allemands n’avaient pas entamé les préparatifs de leurs raids et allumé les faisceaux de radioguidage.
    Ces faisceaux guidaient les appareils de la Luftwaffe jusque sur leurs cibles… En outre, les analystes suggérèrent que les consignes de l’ARP soient diffusées, non seulement pour la cible révélée par Ultra, mais « également dans [d’autres villes], situées de préférence sur le parcours du faisceau ». Ainsi, si les Allemands venaient à être au courant des mesures de l’ARP, ils penseraient que les Britanniques avaient été avertis par les faisceaux et non par les messages Enigma.
     
    Enfin, l’ancien de Bletchley Roy Jenkins, qui devint par la suite Lord Jenkins of Hillread et biographe de Churchill, fit observer que, si l’attaque de Coventry a « détruit les monuments et magasins de la ville », elle a, ironie de l’histoire, « fait moins de dégâts dans ses usines de fabrication d’avions ». Il a également souligné qu’un raid visant Birmingham à peine une semaine plus tard fit beaucoup plus de morts, puisque le nombre de victimes s’éleva à 1 353.
    Le même cruel dilemme moral lié au traitement des informations de Bletchley à propos du raid sur Coventry devait se poser tout au long de la guerre. Au printemps 1941, le Blitz était déjà bien fini quand Hitler porta toute son attention sur la Russie. Mais, dans les services de renseignement britanniques, certains croyaient à l’imminence d’une invasion maritime de la Grande-Bretagne par les nazis. Il était de l’intérêt du renseignement allemand de colporter ces informations afin de faire diversion et d’occulter ainsi ses véritables intentions.
    On a également dit que Churchill et le gouvernement britannique étaient au courant de l’extermination systématique des Juifs. Ce processus s’accéléra de manière effrayante en 1941, avec la déportation en grand nombre d’hommes, de femmes et d’enfants vers Auschwitz, Dachau, Treblinka et Sobibor, dans des wagons à bestiaux. En août 1941, on déchiffra dix-sept messages en l’espace de huit jours émanant de la police allemande et concernant l’assassinat de milliers de Juifs.
    Churchill déclare à la radio le 25 août : « On extermine des quartiers entiers. Des milliers, oui, des milliers d’exécutions de sang-froid de patriotes russes défendant leur terre natale sont perpétrées par la police allemande. On n’avait plus vu une boucherie méthodique et impitoyable à une telle échelle depuis les invasions mongoles du xvi e  siècle… Nous sommes en présence d’un crime sans nom. »
    Alors, pourquoi Churchill n’a-t-il pas mentionné les Juifs ? Eh bien, s’il l’avait fait, il aurait révélé aux Allemands que leurs messages avaient été interceptés. Churchill estimait que c’était tout ce qu’il pouvait faire pour signaler, enfin, que les Alliés étaient au courant des atrocités qui se multipliaient et qu’ils feraient tout ce qui était en leur pouvoir pour y mettre un terme.
    Un peu plus tard, Bletchley parvint à craquer les codes des chemins de fer allemands, concernant les lignes qui menaient justement aux camps de concentration. Ils purent, dans une certaine mesure, apprendre de ces messages que l’on déportait des personnes par milliers, ces

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