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Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sinclair McKay
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Quand j’avais une voiture de fonction, cela ne me posait pas de cas de conscience de faire coïncider mes visites à la Code and Cypher School de Bletchley avec mes parties de chasse en compagnie des Whaddon. »
    À Bletchley, des tensions sociales se manifestaient de temps en temps. Comme le rappelle Marion Hill, une débutante était particulièrement perplexe face au statut social des filles qu’on lui envoyait pour accomplir un travail de secrétaire. « On m’a attribué quatre ou cinq dactylos. Alors que je l’interrogeais, l’une d’elles m’a dit “Ouais ben, j’m’appelle Maudie, mais j’préfère qu’on m’appelle Queenie. J’travaillais chez Fletton, mais après j’ai pensé que j’pouvais gagner mieux, alors j’ai lâché l’usine de briques et j’suis entrée chez Co-op.” »
    Ceci était compensé par des vagues occasionnelles de comportements enthousiastes et empreints d’une certaine naïveté adoptés par les bourgeois. Une anecdote fait encore rire Sarah Baring.
     
    À cet âge précoce, vous êtes hélas particulièrement espiègle. Surtout quand vous faites quelque chose d’un peu monotone. Nous avions une excellente amie, Jean Campbell Harris, désormais Madame Trumpington et à la Chambre des Lords. Elle était toujours prête à faire des blagues. Une nuit, nous n’avions pas beaucoup de travail. Les messages nous parvenaient généralement dans de grands paniers à linge. Nous les avions tous traités, mais la garde n’était pas pour autant terminée. Nous avons donc dit : “Jean, maintenant que le panier est vide, mets-toi dedans et on t’emmène aux toilettes.”
     
    Elle est donc montée dedans, poursuit-elle, et bien sûr, nous avons perdu le contrôle car elle était assez lourde, la Jean. Et elle a traversé ce long couloir pour atterrir dans les toilettes des hommes. Vous imaginez la gêne ! Même si je pense que les plus embarrassés c’étaient les hommes. 
    Elle met ensuite l’accent sur le fait que les moments d’amusement ne les empêchaient pas de faire preuve d’un grand sérieux : « Nous avions conscience de l’importance de notre mission. Et on s’en sortait très bien. Je nous décris comme des petites idiotes, mais nous ne l’étions pas au fond. Nous travaillions vraiment très dur. »
    Ailleurs, pour certains au sein du Park, les apparences extérieures étaient importantes, même si ça l’était moins qu’aujourd’hui. « Nous n’étions jamais débraillées, nous prenions soin de notre apparence et c’était le cas de tout le monde pendant la guerre », dit Mavis Batey. Pas tout à fait : les hommes, tels que Turing, Cooper et Knox, se livraient à toutes sortes de transgressions vestimentaires, des tenues particulièrement négligées au port du pyjama au bureau. Un contemporain de Bletchley se souvient d’un Turing ressemblant à « un clochard », avec ses pantalons tenus non pas par une ceinture mais par une cravate à rayures. Il ne négligeait pas seulement sa tenue vestimentaire : il avait constamment une barbe naissante parce qu’il rechignait à se raser avec autre chose qu’un vieux rasoir électrique. Il se rongeait les ongles jusqu’au sang, au point qu’il avait des petites cicatrices au bout des doigts. Et, même s’il ne fumait pas, il trouvait le moyen d’avoir les dents jaunes. Angus Wilson, en revanche, portait des chemises bleues et des nœuds papillons abricot et arborait une longue chevelure coiffée avec art. Si cette allure était monnaie courante dans un Hampstead 22 canaille, où il avait vécu assez longtemps, elle provoquait une certaine consternation à la campagne.
    Mais comment Mme Batey et toutes ces femmes parvenaient-elles à rester présentables et respectables ? Bletchley était une petite ville. Les boutiques de vêtements et les coiffeurs ne couraient pas les rues.
    En matière de coiffure, un salon, E. & G. Wesley, sur High Street, à Woburn Sands (à plusieurs kilomètres de Bletchley), était parvenu astucieusement à s’accaparer le marché représenté par le personnel du Park. Après une période d’échange de courriers avec les autorités de Bletchley, il installa une annexe au sein du baraquement 23.
    Cette annexe était ouverte « en semaine de 10 heures à 17 heures 45, sauf le mercredi ». Moyennant 1 shilling, les hommes pouvaient bénéficier d’une coupe, avec ou sans shampooing. Les femmes, quant à elles, avaient le choix entre une coupe

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