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Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sinclair McKay
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d’entretien, un « shampooing et une mise en plis » ou une « coupe, shampooing et mise en plis », au tarif de 4 shillings et 6 pence pour les civiles et 3 shillings et 9 pence pour les militaires.
    Les clients devaient cependant apporter leur serviette. « La question des serviettes est très préoccupante, écrivit M. Wesley au commandant Bradshaw. Il y a vraiment pénurie. »
    Le coiffeur, M. Wesley, fit sans doute l’objet d’une enquête de sécurité aussi approfondie que celle subie par toutes les autres personnes. Mais l’idée de proposer un tel service au sein du Park était ingénieuse, les salons les plus proches étant assez éloignés et éparpillés dans la campagne, dans des villes telles que Bedford, ce qui faisait un bon bout de chemin.
    On manquait bien évidemment de tout, surtout de vêtements. Mimi Gallilee se souvient très bien avec effroi la fois où elle avait emprunté la belle robe de sa sœur aînée, en espérant la remettre à sa place sans que cette dernière ne s’en rende compte. En vain, car Mimi dut remettre un message au baraquement 10, précisément là où sa sœur travaillait. Cette dernière la vit donc vêtue de sa robe. Il s’ensuivit une violente dispute. Vu le rationnement sévère touchant l’habillement, les coupons permettant à peine de se payer des bas en nylon, sans parler de robes, la possessivité était compréhensible.
    Il y avait une sorte de nivellement quand il s’agissait de « se débrouiller et [de] rafistoler les choses », tout du moins en théorie, bien que les filles venant d’un milieu plus privilégié aient plus de moyens à la base. Néanmoins, nombre de ces filles de la haute société tenaient à ne pas paraître prétentieuses. Elles souhaitaient être perçues comme des filles capables de se mettre au niveau d’autrui et d’accepter leur mission et les privations associées sans se plaindre. C’était une magnifique période de cohésion sociale, jamais vécue ou presque par la Grande-Bretagne, mais qui s’évanouit rapidement dès la guerre terminée.
    On pourrait affirmer que l’aristocratie britannique vécut là sa dernière heure de gloire. De la jeune princesse Elizabeth s’engageant dans l’ATS 23 et ouvrant le capot d’un camion aux jeunes filles aux noms à rallonge parées de bijoux accomplissant en toute simplicité leurs tâches administratives à Bletchley et dans l’Amirauté, c’était une époque où votre nom et vos relations vous ouvraient toutes les portes imaginables. Cela ne veut évidemment pas dire que ce n’est pas le cas aujourd’hui, car il se passe la même chose. Mais il est rare que ces gens se démarquent par leur sens constant du devoir et de la loyauté à la nation.
    En matière de politique, comme dans de nombreux domaines, Bletchley Park ressemblait à un microcosme représentatif de la nation. Le changement était clairement dans l’air du temps. Retour à Brideshead, d’Evelyn Waugh, est un cri de douleur face à la disparition du mode de vie aristocratique. Dans le premier chapitre de ce roman, Charles Ryder revient dans une maison qu’il avait connue dans un contexte très différent et plus heureux, et désormais réquisitionnée par l’armée. Dans la réalité, cela se produisait aux quatre coins du pays. Il demeurait encore malgré tout un milieu chic, qui vous était invisible si vous n’aviez pas la chance d’y être lié par le sang.
    De même, la plupart des jeunes gens travaillant à Bletchley ne connaissaient de l’aristocratie que ce qu’ils avaient lu dans les livres. Il ne leur aurait jamais été donné de rencontrer ce genre d’espèce rare ailleurs, tandis que les jeunes filles de bonne famille ayant proposé leurs services n’auraient eu qu’une idée très approximative de la vie que menaient les personnes auprès desquelles elles travaillaient désormais.
    Bletchley mettait ainsi en scène le dernier souffle des hautes sphères aristocratiques et leur propension à mettre la main à la pâte, mais constituait aussi une reproduction en miniature du triomphe imminent des classes moyennes : les classes pour lesquelles le vieux snobisme était abandonné, pas seulement dans l’intérêt de la nation à l’unisson, mais également parce qu’elles avaient lu Orwell et Priestley et compris toutes les terribles privations dont un si grand nombre de gens avaient souffert dans les années 1930. Elles étaient déterminées à ce qu’une

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