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Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Sinclair McKay
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monolithique était empreinte d’une telle rancœur que Churchill finit par en avoir vent. Comme le dit une note du Park, « la pénurie de personnel parvint aux oreilles du Premier ministre, qui ordonna à Ismay 25 de rédiger immédiatement un rapport sur le manque de personnel féminin ».
    Il s’agissait d’un problème épineux, comme le prouve une autre note datant de septembre 1941 : « Le recrutement pose de sérieuses difficultés, surtout concernant les employées de bureau, au point que nous sommes maintenant en sous-effectif flagrant. Cela nous oblige à mettre en suspens certaines tâches très importantes. »
    Certaines femmes, même sollicitées pour un poste, semblaient des plus réticentes à apporter leur pierre à l’édifice. Cette lettre, d’une connaissance de Denniston à Whitehall, portant sur une recrue féminine potentielle, illustre le problème de manière criante : « La dame ne voulait pas venir à BP car elle pensait que le travail spécialisé ne lui conviendrait pas, particulièrement le travail administratif, une fois la guerre terminée… Waterfield [le recruteur] enrage et va apparemment rappeler la dame pour lui dire que ce sera BP ou rien. »
    Au départ, les conditions de travail pouvaient aussi paraître plutôt angoissantes. La cryptanalyste Diana Plowman se remémore : « Le baraquement situé à proximité était flanqué de chaque côté de grands murs de télescripteurs activés par des Wrens. Mais je n’étais pas censée les voir. La sécurité était telle qu’on avait l’impression de se trouver dans un camp de prisonniers. »

14
Victuailles, bringues et abus de thé
    Si une armée ne se bat pas le ventre creux, il semble aussi que les plus distraits et excentriques des experts et linguistes ne se tuaient pas à la tâche l’estomac vide. L’un des sujets sur lesquels la polarisation des points de vue à propos de Bletchley Park semble la plus forte n’est ni la pression subie au quotidien, ni la tension générée par le culte du secret, mais bien la qualité de la nourriture (et de la boisson) proposée au personnel.
    Et ce n’est peut-être pas surprenant. Dans une période de rationnement aigu, il était tout à fait naturel que les jeunes appétits soient féroces. Et le goût, l’odeur et la texture des aliments font partie de ces choses, à l’instar des senteurs, qui ont le pouvoir de faire remonter à la surface de vieux souvenirs. Les anciens de Bletchley Park repensent, amusés, à la nourriture qu’on leur servait aussi bien pendant les gardes de jour que celles de nuit. On pourrait penser que, dans une telle atmosphère cérébrale, la nourriture occupait un rang accessoire dans la liste des priorités quotidiennes. Eh bien non !
    « La nourriture était infecte  », déclare Sarah Baring. Elle fouille dans ses souvenirs de la vie au Park :
     
    On pensait très souvent à manger. Les gardes de nuit étaient particulièrement propices aux gargouillis stomacaux et nous obligeaient généralement à descendre à 3 heures du matin à la cantine, où la nourriture était épouvantablement mauvaise. Tout le monde sait qu’il est difficile de préparer des repas pour tant de personnes, surtout en temps de guerre… mais notre cantine surpassait n’importe quel restaurant sordide pour ce qui était de servir des choses immondes. L’odeur du chou plein d’eau et de l’huile rance agressait régulièrement les narines au point de donner la nausée.
    Une nuit, j’ai trouvé un cafard cuit niché dans ma viande, si on pouvait appeler cela de la viande. J’étais sur le point de l’envoyer à la gérante de la cantine quand mon amie Osla, qui avait un appétit d’ogre, s’empara de l’assiette et me dit : « Quel gâchis. Je vais la manger, moi ! » Je me suis toujours demandé comment elle faisait pour manger autant, sans les insectes, et rester mince. Toujours est-il qu’elle engloutissait en un clin d’œil les restes de toutes les assiettes passant à portée de sa main.
     
    Oliver Lawn a d’autres souvenirs, même s’il ne va pas jusqu’à tresser des louanges : « Dans sa biographie de Turing, Andrew Hodges parle de la “mauvaise nourriture” de Bletchley Park. Je ne suis pas d’accord. Elle n’était pas aussi mauvaise qu’il la décrivait. » Un autre ancien déclare : « Beaucoup de gens se plaignaient des repas, mais moi je les trouvais merveilleux. »
    Lorsque la guerre a éclaté en 1939,

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