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Les champs de bataille

Les champs de bataille

Titel: Les champs de bataille Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Dan Franck
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juge reprend sa lecture :
    «  Didot/Hardy, en qualité d’agent double del’EK de Lyon, permit l’arrestation, à l’occasion d’une rencontre à Lyon le 25 juin 1943, de Moulin, alias Max, alias Régis, délégué personnel de De Gaulle, en même temps que de cinq chefs des Mouvements unis.
    — Tout est faux, même les dates », commente Hardy.
    Le juge referme le Dossier F et ouvre la chemise marquée Dossier K.
    « Rapport Kaltenbrunner. Chef de la sécurité et des polices du Reich…
    — … Pendu à Nuremberg.
    — Qui, le 29 juin 1943, écrit ceci au ministre des Affaires étrangères Ribbentrop : Dans une boîte aux lettres dont l’Einsatzkommando de la Police de sécurité et du SD de Lyon a eu connaissance, boîte aux lettres du chef du département Sabotage des chemins de fer du 3 e  bureau de l’Armée secrète dont les noms de couverture sont Didot et Bardot, ont été trouvées plusieurs lettres qui lui étaient adressées par le bureau central des Mouvements unis de Résistance. S’y trouvait, entre autres, une information en date du 27 mai 1943, selon laquelle Didot était attendu le 9 juin 1943 à neuf heures près de la station de métro Muette à Paris par le “Général”. Didot a pu, grâce à la participation de Personnes-V du SIPO de Lyonet de l’antenne d’information Paris du Service Abwehr de Dijon, être arrêté. Il s’agit de l’ingénieur français des chemins de fer et lieutenant de réserve René Louis Hardy.  »
    Le juge marque une pause pour laisser au greffier le temps de dactylographier le rapport. Il jette un bref coup d’œil à René Hardy, qui ne paraît ni ébranlé ni ému par la lecture : c’est à peine s’il s’y intéresse. Carré sur sa chaise, il attend la fin de la confrontation.
    «  Au cours de son interrogatoire, reprend le juge en articulant soigneusement, le chef du sabotage des chemins de fer Hardy, alias Didot, a fait une ample déposition et a, entre autres, avoué avoir élaboré un plan d’environ cent cinquante pages sur les opérations de sabotage des chemins de fer à réaliser dans le cadre d’une invasion anglo-américaine et l’avoir remis à son chef pour examen.
    «  Hardy a pu, en raison de ses amples déclarations et de sa volonté de collaborer, “Willigkeit zur Mitarbeit”, être employé déjà plusieurs fois avec succès pour des rendez-vous et il a en plus reconstitué de mémoire le plan de sabotage des chemins de fer au bénéfice des Services allemands.
    «  Au cours d’un “jeu d’agent” réalisé avec lui, l’Einsatzkommando de la SIPO et du SDde Lyon a réussi à mettre la main, à Lyon, sur une réunion de personnes dirigeantes des Mouvements unis de Résistance et de l’Armée secrète.  »
    Le juge referme le dossier et conclut :
    « Parmi ces personnes dirigeantes, il y avait Max. »
    Hardy écarte les bras en un geste exprimant une sollicitude navrée. Puis, comme le juge l’observe, attendant un commentaire :
    « D’abord, Max n’était pas seul à cette réunion. Nous étions huit, et parmi les huit, deux ne sont pas revenus. Vous pourriez marquer un peu plus de sollicitude à l’égard des autres.
    — Là n’est pas le propos, coupe le juge.
    — Tout de même un peu, rétorque Hardy. Si Max n’avait pas disparu à Caluire, vous ne vous arrêteriez pas sur cette histoire de convoi.
    — De train ! s’exclame le juge.
    — Appelez ça comme vous voulez…
    — Il y a une nuance, monsieur… »
    C’est la première fois que le juge appelle Hardy ainsi.
    « Les convois partaient pour l’Allemagne. Votre train s’arrêtait à Paris. Dans un cas, les occupants étaient entassés dans des wagons à bestiaux. Vous voyagiez en couchette.
    — D’accord », concède Hardy.
    Il accompagne son propos d’un geste pacificateur. Il répète « D’accord ». Puis enchaîne, de nouveau vindicatif :
    « Devant la Cour de justice de la Seine, mon avocat et moi-même avons réglé cette histoire de rapports allemands. Ils prétendent que j’ai trahi. En ce cas, veuillez m’expliquer pourquoi mon réseau n’a pas été décapité.
    — Barrès était votre ami, et Charvet, son supérieur, aussi. On peut comprendre que vous les ayez protégés.
    — Pourquoi aurais-je donné Max ?
    — Nous en parlerons le moment venu, dit le juge.
    — C’est une menace ?
    — Un projet d’avenir. »
    Hardy esquisse un rire inquiet, comme une grimace vocale.
    « De

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