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Les chasseurs de mammouths

Les chasseurs de mammouths

Titel: Les chasseurs de mammouths Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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envie, mais il était trop tard pour refuser. Elle ferma les yeux, avala le
liquide au goût très fort. Elle commençait à s’y habituer sans toutefois
comprendre encore pourquoi tout le monde paraissait l’apprécier à ce point.
    Pendant qu’elle attendait, elle fut saisie d’une sorte de
vertige, ses perceptions se firent confuses. Elle n’eut pas conscience du
moment où Tornec se mit à frapper en cadence sur son os de mammouth ; le
son lui semblait provenir de l’intérieur d’elle-même. Elle secoua la tête, s’efforça
de fixer son attention. Elle se concentra sur Mamut, le vit avaler quelque
chose, eut vaguement l’impression que c’était dangereux.
    Elle aurait voulu l’empêcher de boire mais elle resta où elle
était. C’était Mamut, il devait savoir ce qu’il faisait.
    Le vieil homme grand et maigre, à la barbe et aux longs cheveux
blancs, était assis en tailleur derrière un autre crâne de mammouth. Il prit un
marteau fait dans un bois de cerf et, après avoir écouté un instant, se mit à
frapper au rythme de Tornec, avant de se lancer dans une mélopée. Celle-ci fut
reprise par d’autres. Bientôt, presque toute l’assemblée participait à une
cérémonie qui la magnétisait. Elle consistait en phrases répétitives,
psalmodiées sur un rythme insistant, avec de rares modulations de ton, qui
alternaient avec des battements arythmiques plus modulés que les voix. Un autre
tambour se mit à résonner, mais Ayla remarqua seulement que Deegie n’était plus
assise auprès d’elle. Le battement des tambours s’accordait à celui qui
résonnait dans la tête de la jeune femme. Bientôt, elle crut percevoir autre
chose que la mélopée et le rythme des instruments. Les tons modulés, les
différentes cadences, les changements de timbre et de volume commencèrent à
évoquer des voix, des voix qui lui parlaient, dont les paroles lui étaient
presque compréhensibles sans qu’elle les saisît entièrement. Elle voulut
concentrer son attention, se contraindre à écouter, mais elle n’avait pas l’esprit
clair : plus elle s’efforçait, et moins les voix des tambours lui
paraissaient compréhensibles. Finalement, elle renonça, céda au vertige
tourbillonnant qui semblait l’engloutir.
    Alors, de nouveau, elle entendit les tambours et, soudain, elle
se sentit emportée.
    Elle survolait, très vite, les plaines mornes et glacées.
Dans le paysage désert qui s’étendait au-dessous d’elle, tout s’enveloppait d’un
voile de neige balayée par le vent. Lentement, elle s’aperçut qu’elle n’était
pas seule. Un autre voyageur contemplait ce même paysage et, de quelque manière
inexplicable, exerçait un certain contrôle sur leur vitesse et leur direction.
    Alors, faiblement, comme un lointain signal sonore, elle
entendit des voix psalmodier, des tambours lui parler. Dans un moment de
lucidité, elle perçut un mot, prononcé dans un étrange staccato vibrant qui
approchait, sans les reproduire exactement, le timbre, la résonance d’une voix
humaine.
    — Raaaleeentiiis. Et, de nouveau :
    — Raaaleeentiiis iiiciii...
    Elle sentit leur vitesse diminuer, regarda au-dessous d’elle,
vit quelques bisons serrés les uns contre les autres à l’abri d’un escarpement
de rivière. Les énormes animaux supportaient avec une stoïque résignation la
violente tempête. La neige s’accrochait à leur poil bourru. Leurs têtes
plongeaient vers le sol, comme écrasées par le poids des massives cornes noires.
Seule, la vapeur qui montait des naseaux de leurs mufles courts laissait
supposer qu’il s’agissait de créatures vivantes et non pas d’accidents de
terrain.
    Ayla se sentit attirée vers le bas, assez près pour compter,
pour distinguer chaque animal. Un jeune fit quelques pas pour venir se serrer
contre sa mère. Une vieille femelle, qui avait perdu la pointe d’une corne,
secoua la tête et renâcla. Un mâle gratta la terre pour écarter la neige et
grignota la touffe d’herbe sèche qu’il avait mise à nu. Au loin, un hurlement s’éleva.
Le vent, peut-être.
    Le panorama s’élargit de nouveau. Ayla entrevit quatre formes
silencieuses, à quatre pattes, qui avançaient furtivement mais d’une allure
décidée. La rivière coulait entre deux épaulements rocheux, au-dessous des
bisons. En amont, la plaine alluviale, où les bisons avaient cherché asile, se
resserrait entre deux hautes levées de terre. La rivière suivait
tumultueusement une gorge

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