Les chasseurs de mammouths
tout juste de céder au sommeil quand éclata entre Crozie et Frébec une
querelle qui le réveilla. Fralie, trop lasse pour gaspiller de l’énergie en
colère, le prit dans ses bras, mais Crisavec, qui avait sept ans, se renfrogna.
Il partit en compagnie de Brinan et de Tusie, quand ceux-ci
passèrent par le foyer. Ils rejoignirent Rugie et Rydag, et les cinq enfants,
qui avaient tous à peu près le même âge, se mirent à parler par mots et par
signes, au milieu de fous rires. Ils se blottirent tous sur une couchette
inoccupée, voisine de celle que partageaient Ayla et Jondalar.
Druwez et Danug étaient assis côte à côte, près du Foyer du
Renard. Latie était restée debout tout à côté, mais ou bien ils ne l’avaient
pas vue ou bien ils ne voulaient pas lui parler. Ayla la vit leur tourner
finalement le dos et, tête basse, se diriger d’un pas traînant vers les enfants
plus jeunes. La petite n’était pas encore une jeune fille, devina Ayla, mais
elle n’était pas loin de le devenir. C’était une période où les filles avaient
besoin d’amies à qui parler, mais il n’y en avait pas de son âge, au Camp du
Lion, et les garçons ignoraient sa présence.
— Latie, asseoir avec moi ? demanda-t-elle. La petite
se rasséréna, obéit.
Le reste des occupants du Foyer de l’Aurochs arrivaient par le
passage central. Tulie et Barzec rejoignirent Talut, qui conférait avec Mamut.
Deegie prit place de l’autre côté de Latie, lui sourit.
— Où est Druwez ? questionna-t-elle. J’ai toujours su
que, si j’avais besoin de lui, il me suffisait de te trouver...
— Oh ! Il parle avec Danug, répondit Latie. Ils ne se
quittent plus, maintenant. J’étais si heureuse, quand mon frère est revenu. Je
me disais que nous aurions tant de choses à nous raconter, tous les trois. Mais
ils veulent toujours parler en tête-à-tête.
Deegie et Ayla se regardèrent, échangèrent un coup d’œil
entendu. Le moment était venu où les amitiés enfantines devaient être
considérées sous un aspect nouveau, transformées en relations adultes où chacun
reconnaîtrait chez les autres des hommes et des femmes. Mais cette période
pouvait être un temps de solitude et de confusion. Ayla, d’une façon ou d’une
autre, avait été tenue à l’écart, éloignée durant la majeure partie de sa vie.
Elle comprenait ce que pouvait être cette impression de solitude, même lorsqu’on
était entouré de gens qui vous aimaient. Plus tard, dans sa vallée, elle avait
trouvé le moyen de compenser ce désespoir et elle revoyait le désir et la
passion qui brillaient dans les yeux de la jeune fille toutes les fois qu’elle
voyait les chevaux.
Ayla regarda Deegie, puis Latie, pour l’inclure dans la
conversation.
— Beaucoup à faire, ce jour. Beaucoup jours, trop à faire.
Besoin aide. Veux m’aider, Latie ? demanda-t-elle.
— T’aider ? Oui, bien sûr. Que veux-tu que je
fasse ?
— Avant, chaque jour, brosse chevaux, fais promenade.
Maintenant, plus beaucoup temps, mais chevaux ont besoin. Peux m’aider ?
Je montre.
Latie ouvrait de grands yeux ronds.
— Tu veux que je t’aide à prendre soin des chevaux ?
murmura-telle, stupéfaite. Oh, Ayla, c’est bien vrai ?
— Oui. Aussi longtemps je suis là, serait très utile,
répondit la jeune femme.
Tout le monde était à présent rassemblé dans le Foyer du
Mammouth. Talut, Tulie et quelques autres s’entretenaient avec Mamut de la
chasse au bison. Le vieil homme avait procédé à la Recherche, et les autres se
demandaient s’il devait répéter le processus. Après le remarquable succès de la
première expédition, une autre chasse serait peut-être possible bientôt. Mamut
fut d’accord pour essayer.
Le grand chef fit circuler la bouza, le breuvage fermenté qu’il
avait préparé à partir de la fécule des racines de massettes. Pendant ce temps,
Mamut se préparait pour la Recherche. Talut remplit la coupe d’Ayla. Elle avait
bu une bonne partie de ce qu’il lui avait versé à l’extérieur mais elle se
sentait un peu coupable d’avoir jeté le reste. Cette fois, elle en respira l’odeur,
elle le fit tourner dans sa coupe, prit longuement son souffle et avala le tout
d’un seul trait. Talut lui sourit, la servit de nouveau. Elle lui rendit un
sourire inexpressif, but encore. Lorsqu’il revint, après avoir fait le tour de
l’assemblée, il vit la coupe vide, lui versa une autre rasade. Elle n’en avait
pas
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