Les chasseurs de mammouths
faire d’elle une Mamutoï ? Elle dit
qu’elle n’a pas de peuple. Nous pourrions l’adopter. Après ça, Tulie et toi,
vous célébreriez la cérémonie qui la ferait entrer dans le Camp du Lion. Talut
réfléchit un moment.
— Je ne sais pas trop, Nezzie. On ne fait pas un Mamutoï de
n’importe qui. Il faudrait que tout le monde soit d’accord, et avoir quelques
bonnes raisons de présenter l’affaire au Conseil, pendant la Réunion d’Été. Et
puis, tu dis qu’elle va partir.
Talut repoussa le rideau, se hâta vers la ravine.
Nezzie, qui l’avait suivi, resta sur le seuil à le regarder s’éloigner.
Son regard vint ensuite se poser sur la grande jeune femme blonde qui étrillait
le cheval à la robe couleur de foin. Nezzie l’examina longuement. Elle se
demandait d’où venait Ayla. Si elle avait perdu sa famille sur la péninsule qui
se trouvait au sud, ses parents avaient fort bien pu être des Mamutoï.
Plusieurs Camps passaient l’été près de la mer de Beran, et la péninsule ne se
trouvait pas bien loin. Pourtant, la brave femme en doutait. Les Mamutoï
savaient que c’était là un territoire des Têtes Plates ; ils l’évitaient
généralement. Par ailleurs, quelque chose, chez elle, était différent des
Mamutoï. Peut-être sa famille avait-elle fait partie des Sharamudoï, ce peuple
de la rivière qui habitait à l’ouest, et chez qui Jondalar avait séjourné. Ou
même des Sungaea, qui vivaient au nord-est, mais Nezzie ignorait s’ils
voyageaient assez loin vers le sud pour atteindre la mer. Une chose au moins
était certaine : Ayla n’était pas une Tête Plate... et pourtant, ces gens l’avaient
recueillie.
Barzec et Tornec sortirent, en compagnie de Danug et Druwez. Ils
saluèrent Nezzie par les signes que leur avait enseignés Ayla. La coutume
commençait à s’installer dans le Camp du Lion, et Nezzie l’encourageait. Rydag
sortit ensuite, lui fit les mêmes signes. Elle y répondit, lui sourit, mais,
lorsqu’elle le serra contre elle, son sourire s’évanouit. Rydag avait mauvaise
mine. Il avait la figure pâle et bouffie et semblait plus fatigué que d’ordinaire.
Peut-être allait-il tomber malade.
— Jondalar ! Te voilà, dit Barzec. J’ai fabriqué un de
ces lanceurs de sagaies. Nous allions l’essayer sur les steppes. J’ai dit à
Tornec qu’un peu d’exercice l’aiderait à se débarrasser du mal de tête qu’il
doit à ses excès de boisson d’hier soir. Tu veux nous accompagner ?
Jondalar lança un coup d’œil vers Ayla. Il était improbable qu’ils
pussent résoudre leur problème ce matin-là, et Rapide semblait très content des
soins de Latie.
— Entendu. Je vais chercher le mien, dit-il.
Pendant que les autres attendaient, Ayla remarqua que Danug et
Druwez paraissaient vouloir ignorer les efforts de Latie pour attirer leur
attention. Toutefois, le garçon roux et dégingandé adressa à Ayla un timide
sourire. Quand son frère et son cousin partirent avec les autres, Latie les
suivit d’un regard malheureux.
— Ils auraient pu me demander de les accompagner. Je bats
toujours Druwez au jeu des cerceaux et des flèches. Mais ils n’ont même pas
voulu m’accorder un coup d’œil.
— Je montre, si tu veux, Latie. Quand chevaux brossés, dit
Ayla. La petite leva les yeux vers elle. Elle se rappelait les étonnantes
démonstrations de la jeune femme avec son propulseur et sa fronde et elle avait
remarqué le sourire de Danug. Mais une pensée lui vint à l’esprit. Ayla ne
cherchait pas à attirer l’attention sur elle. Elle se contentait de faire ce
qui lui plaisait mais elle était si accomplie dans tout ce qu’elle faisait que
les gens étaient forcés de s’intéresser à elle.
— Je voudrais bien que tu me montres, Ayla, dit-elle. Après
un silence, elle ajouta :
— Comment as-tu fait pour être si habile ? Avec le
lance-sagaies et avec la fronde, je veux dire.
La jeune femme réfléchit un instant.
— Veux beaucoup et entraîne... beaucoup.
Talut remontait de la rivière, les cheveux et la barbe trempés,
les yeux mi-clos.
— Ooh, ma tête ! fit-il, dans un gémissement exagéré.
Oooh !
— Talut, pourquoi t’es-tu mouillé la tête ? Par ce
temps, tu vas tomber malade, dit Nezzie.
— Je suis malade. Je me suis trempé la tête dans l’eau
froide pour essayer de me débarrasser de ce mal de tête. Oooh !
— Personne ne t’a forcé à tant boire. Rentre et sèche-toi.
Ayla
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