Les chasseurs de mammouths
qui s’y accrochaient.
Jondalar était reconnaissant à Latie de sa présence : elle mettait fin
temporairement à leur discussion à propos de départ. Il en avait dit plus qu’il
n’aurait dû, il le sentait. Pis encore, il s’était exprimé maladroitement et ne
savait plus, à présent, comment se tirer d’affaire. Il ne voulait pas voir Ayla
partir en de telles circonstances. Si elle regagnait maintenant sa vallée, elle
pourrait bien ne plus jamais vouloir la quitter. Il avait beau l’aimer
profondément, il ne savait trop s’il pourrait supporter de passer le reste de
sa vie isolé de toute autre présence humaine. A son avis, ce ne serait pas bon
pour elle non plus. Elle s’entendait si bien avec les Mamutoï, pensait-il. Elle
n’aurait aucun mal à s’adapter n’importe où, même chez les Zelandonii. Si
seulement elle ne parlait pas de... Mais elle a raison. Qu’est-elle censée
dire, si on l’interroge sur son peuple ? Il savait que, s’il la ramenait
chez lui, tout le monde lui poserait la question.
— Tu fais toujours tomber la glace de leur poil,
Ayla ? demanda Latie.
— Non, pas toujours. Dans la vallée, chevaux venir dans
caverne, quand temps mauvais. Ici, pas place pour chevaux. Pars bientôt.
Retourne à vallée, quand temps plus clair.
A l’intérieur de l’habitation, Nezzie venait de traverser l’aire
où l’on faisait la cuisine et le foyer d’entrée pour sortir, mais, en
approchant de la voûte, elle les entendit parler, s’arrêta pour écouter. Elle
redoutait qu’Ayla ne veuille s’en aller, depuis la scène de la veille au soir.
Si elle partait, il n’y aurait plus de leçons de langage par signes, ni pour
Rydag ni pour le Camp. Elle avait déjà remarqué la manière différente dont les
autres traitaient l’enfant, depuis qu’ils pouvaient lui parler. Excepté Frébec,
naturellement. Je regrette d’avoir demandé à Talut de l’autoriser à séjourner
chez nous... mais, si je n’avais rien dit, où en serait Fralie,
maintenant ? Elle n’est pas bien. Sa grossesse est pénible.
— Pourquoi faut-il que tu partes, Ayla ? questionna
Latie. Nous pourrions leur faire un abri ici.
— Elle a raison. Il ne serait pas difficile de monter une
tente, un brise-vent, quelque chose, près de l’entrée, pour les protéger du
plus gros des bourrasques et de la neige, appuya Jondalar.
— Je crois Frébec pas aimer animal si près, fit la jeune
femme.
— Frébec n’est qu’une seule personne, Ayla, dît Jondalar.
— Mais Frébec mamutoï. Pas moi.
Personne ne réfuta cette déclaration. Latie rougit de honte pour
son Camp.
A l’intérieur, Nezzie fit demi-tour vers le Foyer du Lion.
Talut, qui se réveillait tout juste, rejeta les fourrures, lança ses énormes
jambes hors du lit et se redressa sur son séant. Il se gratta la barbe, s’étira
de toute la longueur de ses bras, ouvrit la bouche en un énorme bâillement,
avant de faire la grimace et de se prendre un moment la tête entre les mains.
Il leva les yeux, vit Nezzie, la gratifia d’un sourire confus.
— J’ai bu trop de bouza, hier au soir, déclara-t-il. Il se
mit debout, prit sa tunique, l’enfila.
— Talut, Ayla a décidé de partir dès que le temps serait
meilleur, dit Nezzie.
Le géant fronça les sourcils.
— C’est bien ce que je craignais. Dommage. J’espérais que
ces deux là passeraient l’hiver avec nous.
— Ne pouvons-nous faire quelque chose ? Pourquoi le
mauvais caractère de Frébec les chasserait-il d’ici, quand tout le monde désire
les voir rester ?
— Je ne vois pas ce que nous pourrions faire. Lui as-tu
parlé, Nezzie ?
— Non. J’ai entendu leur conversation, dehors. Elle disait
à Latie qu’il n’y avait pas de place ici pour les chevaux : ils avaient l’habitude
de venir s’abriter dans sa caverne quand le temps était mauvais. Latie a dit
que nous pourrions leur construire un abri, et Jondalar a suggéré d’élever
quelque chose près de l’entrée. Ayla a répondu alors qu’à son avis, Frébec n’aimerait
pas avoir un animal si près, et elle ne parlait pas des chevaux, je le sais.
Talut se dirigea vers l’entrée. Nezzie l’accompagna.
— Nous pouvons sans doute faire quelque chose pour les
chevaux, dit-il, mais, si elle veut s’en aller, nous ne pouvons pas la forcer à
rester. Elle n’est même pas mamutoï, et Jondalar est zel... zella... je ne sais
plus quoi.
Nezzie le retint.
— Pourquoi ne pas
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