Les chasseurs de mammouths
animaux. Si Ayla possédait une
certaine connaissance du corps humain et de ses fonctions, c’était le résultat
d’une longue série de conclusions auxquelles elle était arrivée à force de
tâtonnements, ainsi que d’une science approfondie de l’anatomie animale acquise
par l’étude des bêtes tuées à la chasse. Elle avait su dégager les similitudes
avec l’homme.
Ayla était à la fois botaniste, pharmacienne, médecin. Sa magie
lui venait des traditions ésotériques transmises et améliorées, au cours de
centaines, de milliers, de millions peut-être d’années, par une génération
après l’autre de cueilleurs et de chasseurs dont l’existence même dépendait d’une
connaissance intime de leur territoire et de ce qu’il produisait.
En se fondant sur ces ressources venues de la nuit des temps,
transmises par Iza, et en s’aidant d’un don inhérent d’analyse et d’une
perception intuitive, Ayla pouvait reconnaître et traiter la plupart des
maladies et des blessures. Il lui arrivait même parfois de pratiquer de petites
interventions chirurgicales, avec une lame de silex aussi tranchante qu’un
rasoir. Mais ses traitements reposaient avant tout sur les propriétés curatives
des plantes.
En regardant dormir l’enfant qui ressemblait tant à son fils,
Ayla était envahie d’un profond sentiment de gratitude et de soulagement à la
pensée que Durc était ne vigoureux et en bonne santé. Mais cela n’empêchait pas
la douloureuse nécessité de dire à Nezzie qu’aucun remède ne pourrait rendre la
santé à Rydag.
Un peu plus tard dans l’après-midi, la jeune femme entreprit de
trier ses paquets et ses sachets d’herbes, afin de préparer le mélange promis à
Nezzie. Mamut, silencieux, l’observait. Personne ne pouvait désormais douter de
ses talents de guérisseuse, pas même Frébec, même s’il n’était pas disposé à l’admettre,
ni Tulie, qui ne s’était pas exprimée aussi crûment mais qui, le vieil homme le
savait, avait été très sceptique en son for intérieur. Ayla avait l’apparence d’une
jeune femme comme les autres, très séduisante, même à ses yeux de vieillard,
mais, il en était convaincu, personne ne pouvait savoir ce qu’elle était en
réalité. Connaissait-elle elle-même toute l’étendue de ses capacités ?
Quelle vie difficile – et fascinante – elle
avait menée, se disait-il. Elle paraît si jeune encore mais elle possède déjà
bien plus d’expérience que n’en auront jamais la plupart des gens dans toute
leur existence. Combien de temps a-t-elle vécu avec ce peuple ? Comment
est-elle devenue si experte dans leurs méthodes de guérison ? se
demandait-il. Ce genre de connaissances, il le savait, ne s’enseignait
généralement pas à quelqu’un qui venait de l’extérieur, et elle avait été une
étrangère, chez ces gens, plus que quiconque ne pourrait jamais le comprendre.
Il y avait aussi ce talent inattendu pour la Recherche. Quelles ressources
inexploitées pouvait-elle encore posséder ? Quelles connaissances
inutilisées ? Quels secrets encore cachés ?
Toute sa force se manifestait en période de crise. Il se
rappelait la façon dont Ayla avait donné des ordres à Tulie et à Talut. Même à
moi, pensa-t-il avec un sourire. Et personne n’avait protesté. Le sens du
commandement lui vient tout naturellement. Quelle infortune a bien pu tremper
son caractère, pour lui conférer, si jeune, une telle personnalité ? se
demandait-il. La Mère a des desseins sur elle, j’en suis sûr. Mais que dire du
jeune homme, Jondalar ? Il a certainement bien des qualités, mais ses
talents n’ont rien d’extraordinaire. Qu’envisage-t-Elle pour lui ?
Ayla rangeait ses remèdes quand Mamut regarda soudain de plus
près le sac en peau de loutre. L’aspect lui en était familier. En fermant les
yeux, il en voyait un autre si semblable qu’il libérait un flot de souvenirs.
— Ayla, puis-je voir ce que tu as là ? demanda-t-il,
désireux de l’examiner de plus près.
— Quoi ? Mon sac à médecines ?
— Je me suis toujours demandé comment ils étaient faits.
Elle lui tendit le sac, remarqua du même coup les nœuds de l’arthrite
sur ses vieilles mains longues et maigres.
Le vieillard examina attentivement le sac. Il montrait des
signes d’usure : elle devait l’avoir depuis un certain temps. Il avait été
fait, non pas en assemblant des pièces les unes aux autres, mais en
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